Un deuxième candidat à la direction du Parti libéral a fait connaître ses intentions, hier. Bob Rae a fait mentir des rumeurs selon lesquelles il hésitait à se lancer dans la course et déclaré qu'il se portait candidat.

Hier, le député torontois a fait savoir à son chef, Stéphane Dion, qu'il voulait être déchargé de ses responsabilités de critique en matière d'Affaires étrangères pour pouvoir faire campagne. Puis, en après-midi, M. Rae a participé à une conférence téléphonique avec plus de 50 organisateurs de partout au Canada qui travailleront à sa campagne.

 

L'ancien premier ministre de l'Ontario a ainsi contredit un article du Globe and Mail d'hier, selon lequel il avait confié à des proches qu'il n'était plus certain de vouloir succéder à Stéphane Dion.

«J'ai l'intention de me présenter comme candidat, a dit M. Rae lors d'un entretien téléphonique avec La Presse. Ma préférence personnelle était d'attendre que la date soit décidée pour faire des déclarations, mais avec les nouvelles dans le Globe and Mail, je n'avais pas le choix. Je devais déclarer clairement que je suis là.»

M. Rae devient ainsi le second candidat à dire publiquement qu'il a l'intention de briguer la direction de son parti. Il y a quelques jours, le jeune député du Nouveau-Brunswick Dominic LeBlanc a annoncé qu'il tenterait d'obtenir la faveur des libéraux d'ici au congrès qui devrait se tenir à Vancouver au mois de mai.

Comme Bob Rae, M. LeBlanc attendra après la réunion du comité de direction de son parti, le 9 novembre, pour faire l'annonce officielle de sa candidature. C'est à l'occasion de cette réunion, la fin de semaine prochaine, que le lieu, la date et certaines règles du scrutin seront décidés, y compris le plafond des dépenses.

Vers un nouveau choc Rae-Ignatieff

Par ailleurs, on attend toujours que d'autres candidats potentiels, dont Michael Ignatieff et Martin Cauchon, précisent leurs intentions. M. Ignatieff a décliné les demandes d'entrevue, hier, et M. Cauchon est en Chine.

Michael Ignatieff et Bob Rae étaient les deux favoris lors de la dernière course à la direction du Parti libéral, qui s'est soldée par la victoire inattendue de Stéphane Dion. Tout indique que l'affrontement se produira encore une fois.

C'est maintenant un secret de Polichinelle que les organisateurs de tous les candidats, et particulièrement ceux de M. Ignatieff, s'activent dans les coulisses. La semaine dernière, La Presse a écrit que l'ancien président du Parti libéral du Québec, Marc-André Blanchard, avait participé à une réunion d'organisateurs de Michael Ignatieff à Montréal, en compagnie du député Pablo Rodriguez et de Richard Mimeau, directeur général d'Union Montréal, le parti du maire Gérald Tremblay.

Le Globe and Mail a révélé hier que Don Guy, le directeur de la campagne électorale 2007 du premier ministre ontarien Dalton McGuinty, et Steven McKinnon, ancien chef de cabinet de Frank McKenna au Nouveau-Brunswick, avaient eux aussi sauté dans le bateau de M. Ignatieff.

Mais dans une ronde d'entrevues aux airs de lancement de campagne, Bob Rae a rejeté les allégations voulant que la campagne de son principal adversaire soit mieux partie que la sienne. «On ne devrait pas confondre la décence avec l'hésitation», a-t-il sifflé, faisant remarquer qu'il avait collaboré étroitement avec Stéphane Dion depuis son arrivée en poste.

Après avoir souligné qu'il pourrait compter sur d'excellents partisans, il a ajouté: «Notre campagne sera plus forte, mieux organisée que la dernière fois et nous allons gagner», a-t-il lancé lors d'une entrevue à l'émission Mike Duffy Live, à CTV Newsnet.

Il a enfin cherché à dissiper les doutes quant à sa capacité de diriger le pays en temps d'incertitude économique, un argument qui risque d'être souvent évoqué par ses adversaires à la lumière du bilan du gouvernement néo-démocrate qu'il a dirigé pendant la crise économique en Ontario, au début des années 90. Selon lui, son expérience sera plutôt un atout.

«Le véritable enjeu est de s'assurer que nous gouvernerons avec détermination et courage, et avec la capacité de prendre des décisions difficiles. Je pense que c'est ce que j'ai démontré», a-t-il dit.