Lawrence Cannon avait du mal à cacher sa joie hier après avoir été nommé au prestigieux poste de ministre des Affaires étrangères. Mais de nombreux défis attendent l'homme de confiance de Stephen Harper.

«Je suis honoré que le premier ministre m'ait confié cette tâche. C'est tout un honneur pour moi de représenter le Canada à l'étranger. Je pense que le Canada a un rôle extraordinaire à jouer dans cette période d'instabilité politique», a déclaré hier M. Cannon, peu de temps après avoir prêté serment.

Parfaitement bilingue, âgé de 61 ans, M. Cannon devient ainsi le quatrième ministre des Affaires étrangères depuis que les conservateurs sont arrivés au pouvoir en janvier 2006. L'une de ses principales tâches sera d'insuffler plus de stabilité à un poste jugé névralgique au sein de l'appareil gouvernemental.

Avant M. Cannon, Peter MacKay, Maxime Bernier et David Emerson ont été responsables de la diplomatie canadienne au sein du gouvernement conservateur.

M. MacKay, qui n'avait pas d'expérience dans le domaine des affaires étrangères, a été muté à la Défense en août 2007. Il a conservé ce poste hier.

Étoile montante du Parti conservateur au Québec, M. Bernier avait été nommé ministre des Affaires étrangères il y a 15 mois après son passage au ministère de l'Industrie pour mieux expliquer la mission canadienne en Afghanistan aux Québécois. Mais son règne de neuf mois a été marqué par la controverse. Il a été contraint de démissionner du cabinet en mai à la suite de l'affaire Julie Couillard.

Le ministre David Emerson, de Vancouver, a été nommé à ce poste afin de réparer les pots cassés. Reconnu pour sa compétence, M. Emerson a toutefois décidé de ne pas briguer les suffrages au dernier scrutin.

Pain sur la planche

M. Cannon a donc passablement de pain sur la planche pour redonner du panache à la diplomatie canadienne. Il devra aussi s'attaquer à de nombreux dossiers importants.

La mission des 2500 soldats canadiens en Afghanistan vient en tête de liste. Durant la campagne électorale, le premier ministre Stephen Harper a promis que le Canada retirera ses troupes de Kandahar comme prévu en février 2011. Le Canada pourrait faire l'objet d'intenses pressions de la part de ses alliés de l'OTAN pour y maintenir des troupes.

Les talents de diplomate de M. Cannon pourraient être mis à l'épreuve à la suite de l'élection présidentielle de mardi prochain. En tête dans les sondages, le candidat démocrate Barack Obama a promis de renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Et les démocrates, qui sont habituellement plus protectionnistes que les républicains, pourraient aussi prendre le contrôle du Congrès.

M. Cannon devra par ailleurs tenter d'établir de meilleures relations diplomatiques avec la Chine. Ces relations se sont nettement refroidies depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir. La Chine connaît pourtant une croissance économique phénoménale depuis plusieurs années et demeure un important marché à conquérir.

En tant que responsable de la diplomatie canadienne, M. Cannon sera appelé à voyager fréquemment à l'étranger. Le Canada est membre de plusieurs organisations internationales, dont celle de la francophonie, le Commonwealth, l'OTAN et l'APEC. Un sommet de l'APEC doit avoir lieu au Pérou la fin de semaine du 22 novembre.