On entend Pierre Marc Johnson rire au bout du fil quand on lui demande s'il y a une vie après la politique. «Ça, aucun doute!» réplique celui qui n'a jamais vraiment quitté la sphère publique depuis qu'il y est entré, en 1976.

Élu dans l'«équipe de rêve» péquiste cette année-là, il devient chef du Parti québécois et premier ministre pendant deux mois à la suite de la démission de René Lévesque en 1985. Il propose alors de mettre la souveraineté en veilleuse et parle plutôt d'«affirmation nationale», une formule qui va ulcérer les militants les plus radicaux et lui valoir deux années de turbulences.

 

Le PQ est battu par les libéraux de Robert Bourassa le 12 décembre 1985. Les souverainistes purs et durs montrent du doigt Pierre Marc Johnson, qui finit par quitter la présidence du parti le 10 novembre 1987, quelques jours après les funérailles de René Lévesque.

Et après? Une autre vie commence. Médecin et avocat, M. Johnson brille en droit international, notamment en environnement, où, dès le début des années 90, il collectionne les postes de prestige. Il est conseiller spécial du secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement à compter de 1991. Il fait le tour du monde à partir de 1992 en tant que président de comités de l'ONU pour la lutte contre la désertification. Il est négociateur dans le dossier du bois d'oeuvre pour le gouvernement du Québec depuis 2001 et siège à une vingtaine de conseils d'administration. Surtout, il préside, à partir d'octobre 2006, la commission mise sur pied pour faire la lumière sur l'effondrement du viaduc de la Concorde, qui a causé la mort de cinq personnes.

De toute évidence, il ne s'ennuie pas de son ancienne carrière de politicien. «Pour ma vie personnelle, cela a sûrement été une bonne chose, note-t-il. Pour ma vie professionnelle aussi: on vit mieux dans le privé que dans la politique.» Il a cependant dû faire une croix sur certains aspects de la vie politique qu'il a adorés. «J'ai conseillé des politiciens, mais il n'y a rien comme le fait de décider. Or, en politique, on décide des dizaines de fois par jour. On doit ensuite accepter de ne pas vivre avec 100% d'adrénaline tout le temps.»