En cette journée de bilans de fin de session parlementaire, vendredi, François Legault prévient ses troupes : « Ça risque d’être un automne chaud. » En plein renouvellement des conventions collectives, le premier ministre s’attend à des grèves dans le secteur public. Et à ceux qui se demandent s’il pense à sa succession, en ce deuxième mandat au gouvernement, M. Legault éteint les rumeurs. Il souhaite rester longtemps. Du côté de l’opposition, on l’accuse de manquer de vision.

CAQ — « On est là pour longtemps »

François Legault ne s’inquiète pas de l’usure du pouvoir. « On est là pour longtemps », assure-t-il, voyant son caucus de 90 députés comme le meilleur « focus group » pour mesurer l’opinion publique. En cette fin de session parlementaire, vendredi, le premier ministre a défendu son bilan de ce début de deuxième mandat. Il affirme que l’annulation du troisième lien entre Québec et Lévis, qui a causé de la grogne dans son caucus, est derrière lui. Le projet sera révisé tous les cinq ans. La hausse du salaire des élus, qui a fait les manchettes, était justifiée, a-t-il réitéré. Face aux crises climatiques qui menacent l’intégrité du territoire – incendies de forêt, débordement de rivières, verglas, derecho, tornades, etc. –, M. Legault assure que son plan vert est exemplaire. S’il reconnaît qu’il faudra le bonifier, il n’est pas question pour lui d’accorder aux villes les sommes qu’elles demandent pour s’adapter. Ces dernières, a-t-il dit, doivent revoir leurs dépenses, alors qu’elles paient leurs employés plus généreusement que ceux qui travaillent pour le gouvernement du Québec. Lorsqu’il est question de la personne qui lui succédera à la tête de la Coalition avenir Québec (CAQ), il répond : « Attendez-vous à ce que je reste longtemps. » François Legault a quitté la capitale vendredi en prévenant ses troupes : « Ça risque d’être un automne chaud. » Il perçoit que des syndicats du secteur public, qui renouvellent leurs conventions collectives, pourraient se prévaloir de leur droit de grève.

PLQ – Raviver la flamme fédéraliste

Après la tentative de virage nationaliste de Dominique Anglade, les troupes libérales veulent raviver la flamme fédéraliste à la prochaine rentrée. « Le Parti libéral du Québec doit retrouver sa capacité à faire évoluer le Canada. Le Parti libéral du Québec doit retrouver sa capacité à verbaliser, répéter [les demandes du Québec] », indique le chef intérimaire Marc Tanguay. La formation cherche à reprendre sa place sur l’échiquier politique après la défaite historique de l’automne et des sondages au plus bas, notamment chez les francophones. Les libéraux sont toujours sans chef et un comité de relance a été mis en place pour définir leur raison d’être. Une tournée des régions est prévue pour l’été. « Il faut laisser le temps au temps, la relance du parti, elle est nécessaire, la relance du parti, elle débute », a plaidé M. Tanguay, lui-même en réflexion pour décider s’il va briguer la chefferie. Les députés André Fortin, Monsef Derraji et Fred Beauchemin y réfléchissent également. Le chef intérimaire ne craint pas de guerre intestine dans les mois à venir. « Ça n’a pas d’effet sur ce qu’on fait », a-t-il assuré. Les règles de la course à la direction pourraient être dévoilées à l’automne.

QS — Nadeau-Dubois lance des fleurs et un pot à Legault

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois

Gabriel Nadeau-Dubois a lancé des fleurs à François Legault pour sa gestion des incendies de forêt, mais critique le premier ministre pour son manque de vision à long terme. « Quand les populations sont en détresse, François Legault a cette bonne habitude de se déplacer et d’aller voir le monde. Parfois, il invite les partis d’opposition à le faire. C’est ça, son rôle en temps de crise. Il le remplit bien », a lancé le chef parlementaire de Québec solidaire. Il déplore toutefois la timidité des mesures du gouvernement caquiste sur l’adaptation aux changements climatiques. Les échanges sur ce thème entre QS et la CAQ ont été nombreux durant cette session avec les évènements météo extrêmes. M. Nadeau-Dubois dit que François Legault a « évolué » sur cette question, et il privilégie désormais la collaboration plutôt qu’un blocage parlementaire, comme il l’avait déjà proposé en 2018. « C’est surtout les citoyens qui se sont mobilisés, mais je pense qu’on a aussi contribué à faire évoluer François Legault. On est capables de travailler ensemble », a dit M. Nadeau-Dubois. Il propose des travaux parlementaires sur cette question à l’automne.

PQ — Report du budget de l’an un ?

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Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon

Après avoir pris l’engagement de présenter le budget de l’an un d’un Québec souverain en juin, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon n’est toujours pas en mesure d’encercler une date au calendrier. Le leader du Parti québécois explique attendre « le feu vert » des économistes indépendants « qui vérifient chacun des chiffres ». Il doit aussi composer avec des considérations familiales ; sa conjointe est sur le point de donner naissance à leur troisième enfant. Il a aussi évoqué la période des vacances des journalistes. « On jongle avec un certain nombre de variables que je ne contrôle pas. Mais […] le budget de l’an un, il s’en vient », a-t-il plaidé. Au départ, le PQ devait présenter le document à la fête nationale de 2022. Le projet de l’indépendance du Québec sera d’ailleurs au centre de l’action politique de la formation à l’automne. Le chef péquiste voit dans la remontée des appuis à la souveraineté dans les sondages un effet du travail de son caucus de trois députés. « Dans l’histoire du Parti québécois, ce n’est pas anodin qu’on réussisse ça en ce moment. C’est en assumant pleinement ce que nous sommes », a déclaré M. St-Pierre Plamondon.