(Ottawa) La pression monte pour que le gouvernement Trudeau cesse complètement de subventionner les énergies fossiles. Le Nouveau Parti démocratique et le Parti vert ont ajouté leurs voix à celle du Bloc québécois. Les incendies de forêt qui font rage un peu partout au pays ravivent le débat sur la lutte contre les changements climatiques.

« N’est-il pas temps devant l’évidence des dommages causés par les changements climatiques de mettre un terme à toute forme de financement aux énergies fossiles et de faire transiter cet argent singulièrement au Québec parce que c’est notre force vers l’économie durable ? », a demandé le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet dans un discours à la Chambre des communes jeudi.

« Nous sommes ouverts à ce que les sommes nécessaires qui sont présentement investies dans le pétrole, mais qui seraient investies vers la transition énergétique soient en grande part et pour l’essentiel laissés dans l’Ouest canadien qui a un grand besoin de s’engager dans la transition énergétique », a-t-il suggéré.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef du Bloc québécois, Yves-Francois Blanchet

Le parti a présenté une motion pour que « le gouvernement fédéral cesse d’investir dans les énergies fossiles » et « développe des incitatifs […] pour stimuler l’utilisation des énergies renouvelables et du transport collectif » tout en respectant les champs de compétence du Québec.

Les libéraux ont l’intention de l’appuyer lors du vote lundi tout comme le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti vert.

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Alexandre Boulerice, chef adjoint du NPD

« On a vu les images de la statue de la Liberté à New York complètement enveloppée par la fumée des incendies de forêt du Québec. C’est quand même fou », a dénoncé le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice, lors de la période des questions jeudi.

Les changements climatiques n’ont pas de frontières. Qu’est-ce qu’il va falloir pour que ce gouvernement arrête de dire des paroles vides et passe finalement à l’action ?

Alexandre Boulerice, chef adjoint du NPD

« J’aimerais rappeler pour mon honorable collègue que c’est avec la collaboration de son parti que nous sommes en train d’éliminer les subventions aux combustibles fossiles dans ce beau pays que nous appelons le Canada », lui a répondu le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault.

Il a indiqué que le gouvernement avait déjà éliminé les subventions internationales aux énergies fossiles l’an dernier, un effort salué par l’organisation Oil Change International. Ces montants octroyés aux entreprises canadiennes pour des projets pétroliers et gaziers à l’étranger totalisaient 2,5 milliards en 2018, selon son cabinet. « Et il n’y en aura plus cette année », a-t-il affirmé en entrevue. Il doit également présenter un cadre d’ici l’automne pour éliminer les subventions domestiques.

À quoi sert de les éliminer si c’est pour en ajouter d’autres par la suite ? « Dans le budget 2023, il y a une addition de plus de 3,3 milliards en subventions », a dénoncé le député du Parti vert, Mike Morrice.

Le dernier budget contient notamment un crédit d’impôt de 520 millions sur cinq ans pour le captage, l’utilisation et le stockage du carbone.

On ne soutient pas les compagnies pour qu’elles produisent des hydrocarbures. On soutient les compagnies pour qu’elles réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre.

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique

« C’est ce qu’on fait avec le secteur de l’acier, les cimenteries, l’aluminium, a-t-il ajouté. On soutient un paquet de secteurs industriels pour qu’ils réduisent leur empreinte carbone. Si on le fait pour ces secteurs-là, on va le faire aussi pour le secteur du pétrole et du gaz. »

À l’instar du NPD et le Bloc québécois, le Parti vert critique également l’achat de l’oléoduc Trans Mountain par le gouvernement, « un éléphant blanc » dont la facture dépasse aujourd’hui 30 milliards.

Le Parti conservateur du Canada, qui exige l’élimination de la taxe sur le carbone, n’a pas encore indiqué si ses députés appuieraient ou non la motion du Bloc québécois. Son chef Pierre Poilievre a affirmé en mêlée de presse jeudi qu’il voulait réduire les émissions de gaz à effet de serre en adoptant une approche inversée à celle des libéraux.

« Ils croient qu’il faut augmenter le coût de l’énergie dont nous avons encore besoin, a-t-il résumé. Je crois qu’il faut diminuer le prix des énergies sans carbone que nous voulons. » Il a donné en exemple l’hydroélectricité, l’énergie nucléaire, la capture et le stockage du carbone ainsi que l’énergie marémotrice.

« Je respecterais le processus d’évaluation environnementale du Québec au lieu de le dupliquer pour accélérer la construction de barrages hydroélectriques », a-t-il poursuivi.

« Un gouvernement Poilievre éliminerait les barrières et donnerait le feu vert à ces projets », a-t-il poursuivi.

Il n’a pas précisé la quantité d’émission de GES qu’une telle mesure permettrait d’éliminer.

Mike Norton, le directeur du Centre de foresterie du Nord, un centre de recherche du ministère des Ressources naturelles a affirmé lors d’une séance d’information lundi que « les incendies de forêt sont inévitables au Canada, mais que les changements climatiques les rendent plus graves ». La particularité cette année est le fait qu’ils surviennent au printemps en raison du temps anormalement chaud et sec au lieu de se produire durant plus tard durant l’été.