À Ottawa, le ministre Steven Guilbeault déplore les effets des incendies de forêt alors que les conservateurs critiquent la taxe sur le carbone

(Ottawa) La qualité de l’air en ce moment est pire qu’à Mexico, a comparé le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, lors de la période des questions mardi. Les conservateurs continuent de talonner le gouvernement pour qu’il abandonne la taxe sur le carbone alors que presque tout le pays est aux prises avec des incendies de forêt.

Huit députés conservateurs se sont levés durant la joute oratoire pour critiquer cette mesure dont l’objectif est d’inciter les gens à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, dont les Québécois Joël Godin et Richard Lehoux.

« Ça fait huit ans que ce gouvernement-là est au pouvoir et la seule chose qu’il a faite pour l’environnement, c’est de mettre une taxe sur le carbone. On voit que ça marche bien, on a seulement qu’à regarder les incendies de forêt », s’est moqué M. Godin.

« La taxe sur le carbone fait grimper les prix de la production agricole et les prix des aliments », a critiqué à son tour M. Lehoux.

« Les Canadiens sont sous pression en essayant de payer la taxe sur le carbone libérale qui augmente les prix de 41 cents le litre chaque fois qu’ils font le plein », a ajouté leur collègue de l’Ontario Scot Davidson. Il a ensuite dénoncé le règlement sur les combustibles propres que les conservateurs considèrent comme « une deuxième taxe sur le carbone ».

Le ministre Steven Guilbeault lui a répondu en lisant le dernier bulletin sur la qualité de l’air diffusé par Environnement Canada, qui faisait état mardi d’un risque élevé pour la santé dans la capitale fédérale.

« La qualité de l’air dans notre capitale nationale est pire qu’à Mexico, à Jakarta et à Calcutta. Nous avons tout cela à cause des incendies de forêt et quelle est la réponse du Parti conservateur ? Rendre la pollution gratuite à nouveau. Cela n’arrivera pas de ce côté-ci de la Chambre », a-t-il répondu.

D’Ottawa à New York

Une fumée grise, causée par ces incendies qui brûlent à des centaines de kilomètres d’Ottawa, a enveloppé la colline du Parlement toute la journée. Cette fumée s’est transportée jusque dans la ville de New York, ont rapporté plusieurs médias américains.

PHOTO AMR ALFIKY, REUTERS

La fumée des incendies de forêt a atteint New York, mardi.

« Nous l’avons tous remarqué à notre arrivée au travail ce matin, a constaté le ministre de la Protection civile, Bill Blair, en mêlée de presse. Nous pouvons fortement sentir la fumée, la voir dans l’air, et nous voyons même de la poussière et des cendres commencer à s’accumuler sur les surfaces. C’est un peu préoccupant. »

« Je pense que les gens doivent être conscients que l’impact de ces incendies de forêt ne se limite pas aux communautés proches des flammes, mais que la fumée peut être transportée dans d’autres communautés », a-t-il ajouté.

Les données les plus récentes du Centre interservices des incendies de forêt du Canada indiquent la présence de 419 incendies de forêt au pays, dont 243 sont considérés comme non maîtrisés. Une situation exceptionnelle à cette époque de l’année et qui risque de s’aggraver au cours de l’été, selon les prévisions du ministère fédéral des Ressources naturelles. Un nombre élevé d’incendies de forêt pourrait-il dépasser la capacité d’intervention du gouvernement ?

« Nous pensons que nous aurons les ressources adéquates pour répondre à ce qui pourrait arriver, mais nous cherchons toujours à améliorer cette réponse et à améliorer cette capacité », a assuré le ministre Blair. Nous investissons dans la formation et l’acquisition de nouveaux équipements. »

Il prépare tout de même un plan de contingence pour s’assurer d’avoir suffisamment d’avions-citernes au besoin. « Nous avons besoin de savoir où ils sont et comment nous pouvons y avoir accès très rapidement », a-t-il indiqué.

À combien s’élève la taxe sur le carbone ?

La redevance sur les combustibles est présentement de 14 cents le litre d’essence en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta, des provinces qui n’ont pas leur propre système de tarification du carbone, contrairement au Québec. Dès le 1er juillet, la redevance s’appliquera aussi à la Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve-et-Labrador. Cette taxe augmentera progressivement chaque année pour atteindre 37 cents le litre d’essence en 2030. Dans leur calcul, les conservateurs ajoutent la taxe de vente harmonisée de 13 % qui prévaut en Ontario à cette somme pour en arriver à 41 cents le litre. Ils omettent toutefois de dire que les consommateurs reçoivent des chèques trimestriels variant entre 386 $ et 244 $ selon la province pour pallier la hausse du prix de l’essence causée par la tarification sur le carbone.