(Québec) L’opposition accuse le gouvernement Legault d’avoir terni la réputation du Québec à l’étranger en « scrappant » le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) en 2020. Québec solidaire va jusqu’à demander des excuses officielles du gouvernement.

L’opposition tient le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) responsable d’avoir entaché la réputation du Québec aux yeux des immigrants francophones, qu’il souhaite maintenant attirer avec sa nouvelle réforme en immigration.

La Presse a rapporté mardi que la réforme du PEQ imposée en 2020 par le ministre de l’Immigration de l’époque, Simon Jolin-Barrette, avait terni la réputation du Québec au point où le message qui circule sur les réseaux sociaux est carrément d’éviter la province.

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Le premier ministre François Legault ne croit pas que son gouvernement a nui à l’image du Québec. Il considère que « le Québec a toujours eu la réputation d’être accueillant » et ajoute que son gouvernement « va s’assurer que le Québec garde cette image d’être accueillant ». La réforme visait à mettre fin au « bar ouvert » mis en place par les libéraux, qui ont accordé des « passe-droits » à des étudiants étrangers, selon lui.

L’opposition voit les choses autrement. « Ils ont scrappé [le PEQ] et les gens à l’international se parlent entre eux. Le Québec a mauvaise presse. La CAQ aura réussi à ternir l’image du Québec à l’international », a lancé le chef libéral par intérim, Marc Tanguay. Québec solidaire a parlé d’un programme « charcuté » par le gouvernement Legault.

« Ils ont brisé des milliers de rêves, des milliers de vies, et là, quelques années plus tard, ils voient la lumière, ils rétropédalent. Ce n’est pas un jeu, là, la vie des gens. Ça ne vous tentait pas d’y penser au début ? », a pesté le chef parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois.

« La gestion du PEQ [est] un préjudice réputationnel pour le Québec », a lancé le député péquiste Pascal Bérubé.

C’est clair que ce programme-là causait énormément de torts à l’international, dans le réseau collégial aussi.

Pascal Bérubé, député du Parti québécois

M. Bérubé a également affirmé que la réforme proposée la semaine dernière par la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, faisait « table rase » de ce qui avait été fait par M. Jolin-Barrette.

Cette fois-ci, le gouvernement Legault retire du volet destiné aux étudiants étrangers une exigence qu’il avait lui-même imposée, soit celle d’obtenir une expérience de travail au Québec au terme d’une scolarité avant de postuler. La précédente réforme avait eu pour effet de faire chuter le nombre de demandeurs.

Pascal Bérubé affirme qu’il est « souhaitable » que la réputation du Québec se rétablisse avec cette nouvelle réforme du PEQ.

Pour le Parti libéral du Québec, la tendance ne s’inversera pas tant que le gouvernement Legault ne reviendra pas à la mouture de 2018 du PEQ.

« La raison est très simple, le Programme de l’expérience québécoise était le seul programme qui gardait au Québec des jeunes francophones, soit le volet étudiant, soit le volet travailleur », a expliqué le député libéral Monsef Derraji, qui indique que la réforme Fréchette est « incomplète » tant qu’elle n’assouplira pas les conditions du PEQ pour les travailleurs temporaires.

Volte-face

Selon Québec solidaire, le « lien de confiance est rompu » entre le gouvernement Legault et les immigrants. « Il n’y a jamais eu d’excuses, jamais, pour les 18 000 dossiers jetés et les rêves détruits. Il n’y a jamais eu d’excuses pour les abandonnés et les promesses de droits acquis non respectés dans la réforme du PEQ », a déploré le député solidaire Guillaume Cliche-Rivard, ancien avocat spécialisé en immigration.

« On avait promis une clause de droits acquis complète [dans la réforme du PEQ]. Ça n’a pas été fait. Il y a seulement quelques étudiants étrangers qui, finalement, ont pu compléter leur diplôme à temps puis obtenir le PEQ tel qu’on le connaissait », a-t-il poursuivi.

Moi, je ne dirai pas au premier ministre ni à la ministre quoi faire, mais je pense que le gouvernement du Québec doit s’excuser.

Guillaume Cliche-Rivard, député de Québec solidaire

L’opposition a tiré à boulets rouges mardi sur la réforme en immigration présentée la semaine dernière par Christine Fréchette, qui prévoit le scénario de faire passer les seuils d’immigration permanente à plus de 60 000 d’ici 2026. C’est une volte-face du gouvernement de la Coalition avenir Québec alors que François Legault promettait en campagne électorale de maintenir les seuils à 50 000.

« Ce n’est pas rien [que] le gouvernement se permette de faire un autre 180 degrés, comme pour le troisième lien et comme tant d’autres sujets. Et non seulement ça va contre ce qui a été annoncé, ça va contre les engagements du gouvernement, donc ça soulève la question des fausses représentations », a souligné le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon.

Le PQ et Québec solidaire reprochent au gouvernement de n’avoir rien proposé pour favoriser la régionalisation de l’immigration ni sur la question de l’immigration temporaire, qui a augmenté au cours des dernières années.