(Drummondville) Une majorité écrasante de 97,25 % des délégués bloquistes a accordé samedi sa confiance au chef du parti, Yves-François Blanchet, lors du congrès de la formation qui se déroule à Drummondville pendant la fin de semaine.

Ce qu’il faut savoir

• Le congrès du Bloc québécois se tient à Drummondville toute la fin de semaine.
• Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, a remporté un vote de confiance samedi avec 97,25 % des voix.
• Les militants du parti ont débattu toute la journée de propositions portant sur les valeurs et la ligne directrice du parti.
• La question de la souveraineté a été au cœur des discussions et suscite toujours l’enthousiasme des bloquistes.

Le leader bloquiste a pu se réjouir d’avoir remporté un tel appui des militants du parti. Il s’agit de son premier test de cette nature depuis son ascension à la tête de la formation politique en 2019.

Rappelons qu’en 2018, l’ex-cheffe du Bloc québécois Martine Ouellet avait perdu le vote de confiance avec seulement 32 % des voix. L’ancien chef Gilles Duceppe avait pour sa part obtenu 95,3 % des votes des délégués bloquistes en 2011.

Plus récemment, le premier ministre du Québec, François Legault, a remporté 98,6 % des appuis lors d’un vote de confiance au congrès de la CAQ. Idem pour le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, qui a su gagner 98,5 % des voix lors du vote de confiance de son parti en mars dernier.

« Un renouveau indépendantiste »

Le congrès du Bloc québécois, qui se tient à Drummondville toute la fin de semaine, est l’occasion de remettre au premier plan la question de la souveraineté. Vendredi soir, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, et l’ex-chef du Bloc québécois Gilles Duceppe ont pourfendu, dans leur discours, toute affirmation voulant que l’élan souverainiste et sa cause appartiennent au passé.

En marge du congrès, M. Blanchet a affirmé à La Presse partager le même enthousiasme. Un sentiment aussi présent chez les cohortes de jeunes militants bloquistes.

« Les jeunes sont les mieux placés pour porter les idées de la souveraineté, parce que ça les touche profondément, que ce soit au niveau de l’environnement ou de l’inflation », a analysé Zachary Tremblay, âgé de 19 ans. « Parce que c’est nous qui allons subir ça », a ajouté celui qui est président régional du Forum jeunesse du Bloc dans Montréal-Est.

Rassembler tous les souverainistes

Si l’indépendance fait consensus, les délégués bloquistes ont rejeté samedi une résolution qui faisait du Parti québécois « la seule formation politique de l’Assemblée nationale à porter la cause souverainiste ».

Un peu plus tôt pendant son discours, M. Blanchet avait aussi tendu la main aux souverainistes de toute allégeance politique, tout en affirmant que le Parti québécois était « notre principal véhicule à Québec ».

Les délégués ont quant à eux estimé que se rallier directement au Parti québécois « jusqu’à l’accession complète de l’indépendance du Québec » risquait d’exclure des indépendantistes actifs dans d’autres partis de l’Assemblée nationale.

Ils ont plutôt voté pour une proposition qui reconnaît les liens « historiques et privilégiés » entre le Bloc québécois et le Parti québécois, tout en affirmant devoir « réunir les indépendantistes de toutes allégeances ».

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La déléguée bloquiste et ex-candidate du Parti québécois dans Sainte-Marie–Saint-Jacques Phoeby Laplante (à gauche)

« Au Bloc québécois, on veut attirer tous les indépendantistes, et c’est pour ça que les débats sont sains au sein d’une même instance », s’est réjouie la déléguée bloquiste et ex-candidate du Parti québécois dans Sainte-Marie–Saint-Jacques Phoeby Laplante.

Plus d’une centaine de propositions sur la table

En novembre dernier, le Bloc québécois avait déposé un document d’une trentaine de pages intitulé Nous, Québécois, visant à redéfinir la mission du parti. C’est celui-ci, incluant plus d’une centaine de propositions, qui est débattu, amendé et qui sera adopté d’ici la fin du congrès.

On y parle d’immigration, de valeurs, de laïcité et d’économie, notamment. « On va le prendre, ce programme-là, on va le faire vivre », a assuré M. Blanchet.

On a des débats et on va partir de ce que les gens vont nous avoir donné pour la suite. Ça va nous orienter.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

Parmi les nombreux débats, les délégués bloquistes ont rejeté deux propositions visant à déclarer qu’un manque de pouvoirs en immigration du Québec « représente un obstacle pour la cohésion sociale ». Nombre de militants ont affirmé que cela pouvait laisser entendre, intentionnellement ou non, que l’arrivée d’immigrants était un problème.

D’autres délégués ont aussi rejeté une motion qui affirmait qu’« est québécoise toute personne qui habite au Québec et qui choisit librement de l’être, en adhérant au contrat social qui la lie à ses concitoyens et concitoyennes, à ses valeurs fondamentales […] ». Ils ont choisi de garder la première phrase affirmant qu’une personne québécoise habite au Québec.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Congrès du Bloc québécois

À un autre moment, la question du féminisme a mobilisé l’attention. Une proposition voulant que le Bloc québécois soit « féministe universaliste » a finalement été rejetée, pour que ne soit gardé que « féministe ». Une victoire pour les militants du Forum jeunesse, souligne Zachary Tremblay.

« On trouvait que ça excluait des femmes qui peuvent s’identifier à d’autres formes de féminisme », a-t-il expliqué après coup.

« Un pays ! Un pays ! »

Yves-François Blanchet a été chaudement applaudi par les partisans bloquistes lors de son discours samedi matin. Le thème de l’indépendance a été au cœur de ses propos, comme l’ont souligné ses partisans en scandant « un pays, un pays » pendant qu’il quittait la scène.

Le chef bloquiste s’en est pris aux professions de foi fédéralistes de la Coalition avenir Québec (CAQ) et du premier ministre québécois François Legault, invitant ce dernier à tenir son prochain congrès à Ottawa.

M. Blanchet a passé de longues minutes de son discours à critiquer Ottawa pour ses subventions aux énergies pétrolières à même les deniers publics, pour son affiliation maintenue à la monarchie britannique ainsi que pour ses ratés en immigration.

Avec La Presse Canadienne