(Ottawa) Ottawa injectera 390 millions sur cinq ans dans des programmes provinciaux et territoriaux de prévention et de lutte aux violences liées aux armes à feu.

« Une victime est une victime de trop », a dit lundi le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, en annonçant ce financement au cours d’un point de presse à Mississauga, en banlieue de Toronto.

L’enveloppe sera notamment versée par l’entremise de l’Initiative de lutte contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs (ILCVAFG).

Le Québec recevra 84,8 millions, a précisé à La Presse Canadienne une porte-parole du ministre. La province qui recevra la part du lion est l’Ontario, avec 121,4 millions.

L’ILCVAFG a été lancée en novembre 2017 par le gouvernement fédéral, avec un financement d’environ 327,6 millions sur cinq ans pour lutter contre l’augmentation de la violence armée et de l’activité des gangs criminels au Canada.

Le Québec a utilisé sa part de financement pour déployer son programme CENTAURE, c’est-à-dire sa stratégie de lutte contre la violence armée. « Le projet […] a permis de saisir près de 400 armes dans les plus grandes villes, près de 500 autres à la frontière ainsi que sept imprimantes 3D qui étaient utilisées pour fabriquer d’armes fantômes, dans les premiers neuf mois du programme », a affirmé M. Mendicino.

Une motion pour limiter le débat sur C-21

Les conservateurs ont salué l’investissement dévoilé lundi, mais ils estiment que les libéraux se servent de cette annonce pour détourner l’attention du fait qu’ils veulent forcer l’adoption rapide de leur projet de loi C-21.

« (C’est) vraiment un coup dur porté contre le débat démocratique que nous avons en comité », s’est indignée la porte-parole conservatrice en matière de sécurité publique, Raquel Dancho.

Le gouvernement de Justin Trudeau a présenté en Chambre, lundi, une motion qui, si adoptée, écourtera le temps de débat sur la pièce législative visant à resserrer le contrôle des armes à feu.

La motion a pour but de fixer une courte échéance au comité de la sécurité publique pour qu’il finisse d’examiner chaque amendement proposé au projet de loi. La motion limitera aussi le temps alloué au débat sur le C-21 en troisième lecture, à la Chambre des communes, soit la dernière étape avant que le projet de loi, si adopté, soit envoyé au Sénat.

Les néo-démocrates semblent enclins à voter en faveur de la motion d’allocation de temps, si l’on se fie à des propos tenus par leur leader parlementaire, Peter Julian. Ce dernier a affirmé la semaine dernière que le temps pris pour adopter chaque amendement en comité était bien loin de répondre à l’« urgence » de l’enjeu des violences armées.

« Ça prendrait environ trois ans et demi, à notre rythme actuel, pour compléter l’étude article par article de ce projet de loi », a déploré le député qui siège au comité de la sécurité publique.

Le ministre Mendicino a vanté, durant son point de presse, les mesures incluses dans le C-21, qui vise à renforcer le gel des armes de poing et l’interdiction des armes de type d’assaut. Sur ce dernier volet, l’approche préconisée par le gouvernement est vertement critiquée par des groupes comme PolySeSouvient puisqu’elle ne s’attaque pas aux armes jugées problématiques qui se trouvent déjà sur le marché.

Système de libération sous caution

M. Mendicino a également réitéré lundi son engagement à présenter une réforme du système de mise en liberté sous caution, promettant que les changements demandés par les provinces viendraient « dans un avenir rapproché ».

« Nous devons nous assurer de bien (ajuster les) lois et vous pouvez être certains que nous présenterons un ensemble (de mesures) qui répondront à la demande de nos partenaires provinciaux et territoriaux », a-t-il soutenu.

Il y a deux semaines, les premiers ministres provinciaux et territoriaux écrivaient à leur vis-à-vis fédéral, Justin Trudeau, pour le presser d’agir à ce chapitre.

« Un système renforcé de libération sous caution qui priorise de garder les criminels violents récidivistes en détention est de toute évidence nécessaire au maintien de communautés plus sûres pour tous les Canadiens », pouvait-on lire dans la missive.

Déjà, en janvier dernier, les premiers ministres avaient envoyé une lettre pour exprimer la même demande.

Les autorités policières et l’opposition conservatrice aux Communes réclament aussi un resserrement du système de libération sous caution.

Le ministère de la Sécurité publique du Canada affirme que les homicides liés aux armes à feu au Canada ont augmenté régulièrement, atteignant un total de 277 en 2020 – 16 de plus que l’année précédente – tandis que les homicides liés aux bandes criminelles ont également augmenté.

Depuis 2013, le nombre d’homicides liés aux gangs a presque doublé dans les grandes villes canadiennes.