(Québec) François Legault ne s’excusera pas pour avoir brisé sa promesse électorale de construire un troisième lien autoroutier. Les citoyens qui patientent sur les ponts à l’heure de pointe devront « avouer que le délai est moins long » aujourd’hui et qu’il n’est plus justifié d’investir des milliards dans ce projet, a-t-il dit.

« Je comprends la déception, mais ma responsabilité c’est avec les nouvelles données de prendre la meilleure décision pour les Québécois. C’est ce que je fais. Je ne m’excuserai pas de prendre la meilleure décision pour les Québécois même si c’est une décision difficile », a-t-il lancé en point de presse mardi.

C’était sa première sortie médiatique depuis l’annonce officielle de l’abandon de la promesse caquiste. En campagne électorale, M. Legault demandait aux Montréalais d’arrêter de « regarder de haut les gens de Québec et de Lévis » et affirmait que l’érection d’un tunnel autoroutier était absolument nécessaire, avec ou sans étude.

« On avait des données. On pensait aussi que les impacts de la pandémie, de la baisse du trafic, étaient temporaires. […] On avait des données, on avait pris une décision », a-t-il expliqué.

Mais le 5 avril, lors d’une réunion avec la ministre des Transports Geneviève Guilbault, il a été convaincu que ce projet était trop coûteux pour les bénéfices que la société en tirerait.

« On voit une baisse importante des temps de parcours, à un point tel que je pense que financièrement ce n’est pas justifiable de faire un troisième lien autoroutier compte tenu de délais qu’on ne peut plus juger déraisonnables entre Québec et Lévis », a expliqué le premier ministre.

On avait des gens qui depuis plusieurs années nous disaient "c’est long passer sur les deux ponts le soir et le matin". Ces mêmes personnes-là aujourd’hui vont avouer que le délai est moins long.

François Legault, premier ministre du Québec

Le plus vite possible pour le transport collectif

Tout comme le député de Lévis et ministre de l’Éducation Bernard Drainville, François Legault est pressé de faire avancer le projet de tunnel de transport collectif entre Québec et Lévis, qui remplace la version autoroutière.

« Je sais que Bernard a dit ça. Ma volonté est d’aller le plus vite possible tout en le faisant correctement. Mais il faut d’abord établir quel sera le mode, et avancer le plus rapidement possible », a-t-il dit. Il croit qu’en trois ans et demi, « on devrait être capable d’en faire un bout ».

Il estime qu’il s’agit du « meilleur scénario » pour que « les gens qui font du Québec-Lévis soir et matin puissent le faire en transport collectif. »

« Sinon ils peuvent continuer à utiliser leur auto sur les deux ponts dans des délais qui ne sont pas déraisonnables », a-t-il affirmé.

Pas de traitement de faveur

Il a reçu plutôt froidement la demande de la députée et ministre Martine Biron, qui estime que « l’ascenseur doit remonter » pour la région de Chaudière-Appalaches, qui doit être compensée pour l’abandon de cette promesse.

M. Legault a affirmé que contrairement à d’autres gouvernements qui ont précédé la CAQ, il ne financerait pas des projets qui ne sont pas nécessaires pour des motifs politiques.

« Dans le passé, il y a eu des partis qui ont été au gouvernement et qui ont fait ce qu’ils ont fait. Moi je m’assure que toutes les régions, incluant Chaudière-Appalaches, incluant la Capitale-Nationale, que ce soit en transport, en santé ou en éducation, que les projets urgents et nécessaires, qu’on les fasse », a-t-il dit.

Les 17 régions du Québec seront traitées également, a-t-il dit.