(Ottawa) La ministre des Finances, Chrystia Freeland, insiste sur le fait que la baisse prévue de 1,3 milliard des dépenses d’aide étrangère du gouvernement ne correspond pas à une réduction de l’aide internationale.

Le budget libéral publié cette semaine prévoit qu’Ottawa dépensera près de 6,9 milliards pour le développement international au cours du prochain exercice, ce qui représente une baisse de 16 % par rapport à l’allocation de l’an dernier.

Et ce, malgré le fait que le premier ministre Justin Trudeau ait chargé le ministre du Développement international, Harjit Sajjan, d’augmenter les dépenses d’aide chaque année.

Les libéraux avaient fourni une augmentation historique de l’aide en réponse à la pandémie de COVID-19 et à la guerre en Ukraine.

Interrogée sur les critiques du secteur à propos d’une réduction de l’aide internationale, Mme Freeland a déclaré qu’elle « ne la qualifierait pas de cette façon ».

Elle a souligné que le Canada alloue 2,4 milliards en aide financière directe à l’Ukraine et a qualifié la résistance de ce pays à l’invasion russe du plus important combat à être mené présentement dans le monde.

Les libéraux ont également accordé des fonds pour des projets d’infrastructure dans les pays en développement de la région indopacifique, soutenant que ces pays veulent des investissements plus que de l’aide.

Des représentants du secteur canadien de l’aide ont déclaré qu’ils devront mettre fin à des projets à l’étranger en raison du financement inférieur aux attentes prévu dans le budget des libéraux la semaine dernière, et ils s’inquiètent particulièrement de savoir si l’argent de l’aide à l’international est détourné de l’Afrique vers l’Ukraine.

Mme Freeland a déclaré aux journalistes jeudi lors d’une conférence de presse à Surrey, en Colombie-Britannique, que le combat mené par l’Ukraine est crucial pour les intérêts du Canada.

« Le combat qui se déroule en Ukraine aujourd’hui est la bataille la plus importante au monde entre la démocratie et la dictature », a-t-elle déclaré, tout en défendant le bilan de son gouvernement.

Je crois que le Canada a la responsabilité d’être fort et actif dans le monde. Nous faisons une très grande différence. Le Canada est le huitième plus important donateur d’aide étrangère (au monde). C’est majeur.

Chrystia Freeland, ministre des Finances

En octobre dernier, Mme Freeland a été critiquée pour sa réponse à un expert africain de l’aide qui a déclaré que le détournement par l’Occident de fonds vers l’Ukraine amenait le continent à s’appuyer davantage sur le soutien de la Russie, une idée qu’elle a rejetée.

« Une démocratie ne peut être défendue par les gens eux-mêmes que s’ils sont réellement prêts à mourir pour leur démocratie », a-t-elle déclaré.

Dans des excuses ultérieures pour ses propos, elle a dit qu’elle était désolée si des gens trouvaient ses commentaires insensibles, ajoutant : « Si une personne occidentale blanche a offensé quelqu’un, la première réponse est de dire : “ Je ne voulais vraiment pas vous offenser ”. »

À l’époque, Mme Freeland avait déclaré que le monde occidental devait reconnaître que les problèmes actuels de l’Afrique découlaient de la colonisation.

« Ce sont des défis qui ont été imposés de l’extérieur. Et je pense que cela signifie que nous avons un haut niveau de responsabilité. »