(Ottawa) La Russie a convoqué un haut diplomate canadien à Moscou au sujet des réflexions de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly sur le « changement de régime ».

Selon les médias officiels, Moscou a convoqué lundi le chargé d’affaires canadien Brian Ebel pour lui dire que les commentaires de la ministre Joly étaient inacceptables.

Le ministère russe des Affaires étrangères a averti mardi dans un communiqué en anglais que ses commentaires « auront les conséquences les plus graves sur les relations bilatérales ».

Mme Joly avait déclaré plus tôt ce mois-ci que les sanctions occidentales en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont porté leurs fruits, car le monde voit des effets « sur la société et à quel point nous voyons un changement de régime potentiel en Russie ».

S’exprimant lors d’un évènement le 10 mars, Mme Joly a ajouté que le Canada devait isoler la Russie « économiquement, politiquement et diplomatiquement ».

Lorsque La Presse Canadienne a demandé à Mme Joly si Ottawa souhaitait maintenant un changement de régime à Moscou, elle a répondu que le Canada se concentrait sur la punition du régime du président russe Vladimir Poutine, plutôt que sur les Russes qui vivent sous son règne.

La Russie soutient que cela équivaut à une ingérence dans les affaires intérieures contraire à la Convention de Vienne de 1961 qui régit les relations diplomatiques.

« L’attention du diplomate canadien a été attirée sur le fait que des propos de ce genre étaient inadmissibles et contraires aux obligations du Canada », a écrit le ministère russe des Affaires étrangères.

« Il a été souligné que la Russie se réservait le droit de prendre des contre-mesures pertinentes en fonction des prochaines étapes du régime Trudeau au pouvoir, dans le contexte de sa poursuite déclarée de confrontation avec la Russie. »

Le bureau de Mme Joly a souligné qu’elle ne retirera pas ses commentaires.

« Le président Poutine a envahi son voisin et est responsable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité », a écrit le porte-parole Adrien Blanchard dans une déclaration par courriel.

« Comme l’a dit la ministre Joly, nous nous concentrons sur l’isolement du régime russe, en vidant son trésor de guerre et en le tenant responsable de ses crimes. »

Le commerce bilatéral s’est effondré entre les deux pays, qui ont convoqué leurs émissaires respectifs sur des questions telles que la sécurité assurée par Ottawa pour les diplomates russes et l’ambassade de Russie publiant des messages sur les réseaux sociaux qui visent la communauté LGBTQ+.

Moscou a convoqué M. Ebel en sa qualité de chargé d’affaires du Canada, c’est-à-dire quelqu’un qui remplace un ambassadeur. Affaires mondiales Canada n’a pas confirmé si l’ambassadrice Alison LeClaire a terminé son mandat ou était en congé cette semaine.

La Russie avait précédemment convoqué Mme LeClaire en décembre dernier, pour protester contre le fait qu’Ottawa avait fait la même chose cinq fois l’an dernier à l’ambassadeur russe Oleg Stepanov.

La convocation d’un ambassadeur est normalement un évènement rare qui survient lorsque les pays s’engagent à s’opposer formellement soit à la politique du pays étranger, soit à la conduite de leur mission diplomatique.