(Québec) Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique Éric Caire a admis que l’exécution de la transition numérique à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) est « un fiasco », mais maintient que les « voyants étaient au vert » pour ce projet à l’automne et qu’il n’avait aucune raison de le stopper.

« C’est vrai, ça a été un fiasco. Il a raison, ça a été un fiasco. […] Est-ce qu’on aurait pu mieux préparer ? Est-ce qu’on aurait pu mieux communiquer ? Est-ce qu’on aurait pu mieux informer les citoyens ? […] Sur l’exécution, ça a été un fiasco », a affirmé M. Caire jeudi à la suite d’un échange corsé avec plusieurs députés libéraux lors de la période de questions. Il a ajouté que « le déploiement a été catastrophique, mais l’application SAAQclic fonctionne bien ».

Les élus Marwah Rizqy, Michelle Setlakwe et André Fortin ont tour à tour raillé M. Caire. Celui-ci affirme que son rôle était de conseiller la SAAQ, une société d’État, et qu’il n’est pas responsable du choix de ses gestionnaires de fermer les services pendant près d’un mois pour modifier la plateforme informatique.

Dans l’opposition, M. Caire était un féroce critique des ratés en informatique du gouvernement du Québec et demandait régulièrement plus de transparence. François Legault l’avait lui-même comparé à un « shérif ». Or le « shérif » n’est devenu qu’un simple « conseiller », ont-ils lancé.

Ils ont tour à tour qualifié le député de La Peltrie de « conseiller non ministériellement responsable de La Peltrie », une « version moderne du réparateur Maytag » qui se « tourne les pouces » et qui n’a pour seule responsabilité que de « conseiller transversalement ».

« Arrêtez de vous promener pour dire que vous n’êtes qu’un simple conseiller et de faire l’éloge de votre insignifiance dans votre rôle », a lancé Mme Rizqy, en provoquant des huées dans les banquettes caquistes.

Responsabilités

Le trio libéral reproche au gouvernement Legault de ne pas prendre ses responsabilités dans les ratés du virage de la SAAQ, qui a provoqué des files d’attente importantes pour les Québécois qui devaient renouveler leur permis de conduire ou payer leurs plaques d’immatriculation, et de plutôt montrer du doigt les administrateurs de la société d’État.

Le ministre continue de nous dire qu’il n’agissait qu’à titre de conseiller et que son rôle, c’est de s’assurer que les standards de l’industrie sont respectés. Il va falloir qu’il nous dise dans quelle industrie le standard, c’est de fermer des services à la clientèle pendant trois semaines, laisser les clients poireauter dehors pendant des heures [et de] dépenser 500 millions sans aucune véritable vérification.

André Fortin, député du Parti libéral du Québec

La ministre des Transports Geneviève Guilbault a répliqué que « s’il y a une personne qui a pris la partie de responsabilité dans cette situation-là, c’est bien moi, je pense », avant d’ajouter « comme l’ensemble de mes collègues du gouvernement ».

Comme les collègues le savent, je suis revenue prématurément de ma mission mobilité durable en Europe pour prendre en charge cette situation-là par moi-même, alors qu’elle aurait dû être prise en charge par les dirigeants précisément nommés pour s’occuper de ces situations-là.

Geneviève Guilbault, ministre des Transports

Mardi, le premier ministre François Legault a déploré les « graves lacunes de planifications » dans la transition informatique de la SAAQ et a demandé une évaluation du travail du Conseil d’administration et du grand patron de l’organisme, Denis Marsolais.