(Montréal) La victoire de Québec solidaire à l’élection partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne est une défaite pour la « politique de division » du premier ministre François Legault, estime le porte-parole du parti Gabriel Nadeau-Dubois.

Il croit que l’élection de Guillaume Cliche-Rivard, lundi soir, est le signe que bon nombre de Québécois s’opposent à la manière de gouverner de la Coalition avenir Québec, et qu’ils se rallient plutôt derrière l’approche rassembleuse de son parti.

« Cette victoire-là, c’est une bouffée d’air frais, a-t-il commenté en point de presse. C’est la confirmation qu’il y a une opposition face à François Legault au Québec et que l’opposition la plus efficace est Québec solidaire. Le résultat d’hier soir, c’est une bonne dose d’espoir pour tous ces gens, et ils sont nombreux, à ne pas se reconnaître dans le discours du premier ministre. »

Sa consœur et députée dans Sainte-Marie–Saint-Jacques, Manon Massé, parlait pour sa part d’une « alliance entre les générations » qui a porté ses fruits dans la circonscription.

Au terme d’une campagne où on prévoyait une lutte très serrée entre Christopher Baenninger, qui tentait de maintenir la circonscription dans le giron libéral après la démission de la cheffe Dominique Anglade, et le candidat solidaire, c’est ce dernier qui l’a emporté avec 44,5 % des voix.

Un résultat que même Québec solidaire, qui était confiant de l’emporter, n’avait prévu, a fait savoir M. Nadeau-Dubois.

« L’appel au rassemblement et à l’unité que Guillaume et Québec solidaire ont lancé durant la campagne électorale, il a été entendu au-delà de nos espérances, s’est réjoui le député de Gouin. On s’attendait à un résultat plus serré, mais on accueille ça avec modestie, comme un encouragement à continuer de rassembler tous les Québécois et Québécoises. »

Priorité au logement

En point de presse, M. Cliche-Rivard a tenu à remercier ses électeurs et s’est engagé à tous les représenter, quelle que soit leur allégeance politique. Il a attribué son résultat électoral au bilan politique de Québec solidaire et au travail quasi continu dans la circonscription depuis l’élection générale d’octobre dernier.

Le nouveau député, 12e de l’équipe parlementaire qu’il rejoindra sous peu à l’Assemblée nationale, compte faire du logement sa priorité numéro un dans Saint-Henri–Sainte-Anne.

Je veux mettre en place des propositions rapides et constructives qui vont faire une vraie différence sur le terrain. Il faut s’assurer que les gens de Saint-Henri–Sainte-Anne soient capables de payer leur loyer, de se trouver du logement.

Guillaume Cliche-Rivard

Avocat spécialisé en droit de l’immigration, M. Cliche-Rivard entend aussi être « une voix forte pour l’inclusion » à l’Assemblée nationale.

« Guillaume va être le porte-parole de tous ceux qui sont sans voix, ceux sur qui M. Legault aime casser du sucre, souligne M. Nadeau-Dubois. Ce qu’on vient dire, c’est qu’on peut aimer le Québec et sa langue sans pointer du doigt les immigrants, sans les accuser d’être la source de nos défis. On ne construira pas un pays en divisant, en laissant du monde derrière. »

Le co-porte-parole n’a pas voulu confirmer si son nouveau collègue allait devenir critique officiel en la matière. « Ça va peser dans la balance, a-t-il cependant laissé entendre. C’est sûr que les compétences et l’expérience de Guillaume vont être prises en considération pour lui attribuer des responsabilités. »

Le nouvel élu a par ailleurs confirmé son intention d’entrer en Chambre sans prêter serment au roi Charles III, ce qui en ferait le premier député de son parti à se soustraire à cette déclaration d’allégeance.

Une campagne « plus libérale que les libéraux »

Lundi soir, le premier ministre a publié un mot de félicitations à l’endroit de M. Cliche-Rivard sur Twitter. « Je tiens aussi à souligner l’implication et les campagnes des autres candidats, en particulier celui de la CAQ, Victor Pelletier. Vous pouvez être fiers de vous ! » a ajouté le premier ministre.

Bien qu’il ait félicité le vainqueur de l’élection et qu’il se réjouisse que son parti, avec 11 % du vote, ait obtenu un meilleur résultat qu’à l’élection générale d’octobre, Paul St-Pierre Plamondon s’est montré plus incisif envers Québec solidaire, lors d’un point de presse, mardi.

« On constate que Québec solidaire a mené une campagne caractérisée par des pamphlets unilingues anglais, a souligné amèrement le chef du Parti québécois. L’ensemble de leurs communications ne mentionnait ni la protection du français ni l’indépendance donc, d’une certaine manière, Québec solidaire a mené une campagne plus libérale que les libéraux. »

Considéré comme le grand perdant de la soirée, le Parti libéral du Québec s’est montré plus philosophe. Son chef intérimaire, Marc Tanguay, a annoncé qu’un bilan de la campagne serait effectué au cours des prochaines semaines.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Marc Tanguay

Il ne considère pas cette défaite électorale comme un rejet des valeurs libérales et a félicité son candidat qui « a mené une campagne de tous les instants », et ce, même si « Québec solidaire l’ont gagné à la régulière ».

La défaite n’en est pas une au niveau organisationnel ; rien n’est parfait, mais tous les collègues du caucus ont été sur le terrain, les militants étaient là, toutes les ressources ont été mises en action. On n’a pas à être gênés de notre campagne.

Marc Tanguay

« Mais c’est un résultat d’équipe qui nous amène, en toute humilité et sérénité, à regarder comment on peut mieux faire la prochaine fois », a-t-il poursuivi.

Quelque 57 500 électeurs étaient inscrits sur la liste électorale dans Saint-Henri–Sainte-Anne. En fin de soirée lundi, Élections Québec évaluait le taux de participation à 31 %.

M. Baenninger a obtenu 28,96 % des suffrages ; la candidate péquiste Andréanne Fiola a récolté 11 % du vote, contre 9 % pour le caquiste Victor Pelletier.

La tenue d’une élection complémentaire coûte environ 600 000 $.

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.