Avant même que la Direction de santé publique de Montréal ne se prononce officiellement, Québec solidaire se positionne contre le projet de salon de jeu au Centre Bell mis de l’avant par Loto-Québec.

« Concentrer une offre de jeu dans des populations vulnérables, ce n’est pas une bonne idée. On ne comprend pas que Loto-Québec arrive avec un tel projet, dit le cochef de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois. La pandémie a déjà augmenté le jeu en ligne, ce n’est pas le temps de concentrer une offre de jeu dans un tel secteur. »

Il souligne que la dernière étude de la Santé publique, datant de 2017, avait clairement établi que le centre-ville de Montréal était une « zone rouge », où l’offre de jeu était déjà importante, et la population, vulnérable.

La Presse a révélé il y a deux semaines que Loto-Québec avait conclu un accord avec le Centre Bell pour ouvrir un tout nouveau salon de jeu dans le restaurant 1909 Taverne Moderne, fermé depuis la pandémie. Cet immense établissement de trois étages accueillerait plus de 300 machines à sous ainsi que des bornes de paris sportifs. Le salon de jeu serait ouvert sept jours sur sept, de midi à 3 h du matin.

L’établissement a une porte qui donne sur la rue, ce qui fait qu’il ne serait pas exclusivement réservé aux détenteurs de billets au Centre Bell. « On ne fermera la porte à aucun client qui souhaite entrer », avait précisé le PDG de Loto-Québec, Jean-François Bergeron, en entrevue avec l’animateur Paul Arcand.

Le candidat de QS dans Saint-Henri–Sainte-Anne, Guillaume Cliche-Rivard, dit se faire beaucoup parler du projet par les groupes communautaires de la circonscription, géographiquement à très grande proximité du centre-ville.

« Le Centre Bell est situé à quelques rues de la circonscription. Les populations sont adjacentes. Les groupes du quartier ont l’impression de revivre la saga du casino au bassin Peel. Ils ont l’impression de rejouer exactement dans le même film, dit-il. Sur le terrain, les gens sont alarmés. »

Le candidat de QS se demande comment les arguments qui ont eu raison du projet de casino au bassin Peel, qui devait être réalisé en 2005 en partenariat avec le Cirque du Soleil, seraient moins valides 20 ans plus tard. « C’est troublant qu’il y ait un round deux, avec exactement le même genre de projet », dit M. Cliche-Rivard.

Dans la foulée de l’ouverture du salon de jeu au Centre Bell, M. Bergeron, a clairement indiqué que l’ouverture de tels établissements était dans les plans de la société d’État. Il a dit vouloir retirer des appareils des bars pour les concentrer dans un nombre plus limité d’établissements de jeu.

« Le problème, ce n’est pas le nombre de machines, c’est le nombre de portes. Il y a trop de portes, a déclaré M. Bergeron. Il faut faire migrer l’offre. » Selon le PDG de Loto-Québec, la recherche démontre que le risque de devenir un joueur problématique diminue dans des établissements de type salon de jeu, où d’autres types de divertissement sont offerts.

Clairement, Québec solidaire est en désaccord avec cette approche. « Ce n’est pas pour rien qu’on avait mis le casino sur l’île Notre-Dame. Là, on va carrément dans le sens contraire », observe Gabriel Nadeau-Dubois.

Pour Loto-Québec, le projet de salon de jeu vise notamment à lutter contre le jeu en ligne, qui a explosé pendant la pandémie. Un sondage réalisé en 2021 par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a montré que 20 % des Québécois s’étaient laissé tenter par l’expérience du jeu en ligne. Pour la moitié d’entre eux, c’était une toute première expérience. Dans plusieurs centres de traitement de la dépendance, la majorité de la clientèle de joueurs problématiques joue désormais en ligne.