(Québec) L’Assemblée nationale a nommé le tout premier commissaire à la langue française mercredi. Le candidat du premier ministre François Legault, Benoît Dubreuil, a obtenu l’appui de Québec solidaire, du Parti québécois et de la députée indépendante et ex-libérale Marie-Claude Nichols. Le Parti libéral du Québec (PLQ) a voté contre sa nomination.

Quatre-vingt-quinze députés ont appuyé la motion soumise par M. Legault au Salon bleu. Les 17 libéraux présents l’ont rejetée. La nomination du commissaire nécessitait l’appui d’au moins les deux tiers des députés.

Le PLQ avait annoncé vendredi qu’il s’opposait à la candidature de M. Dubreuil en raison « d’importantes divergences de visions ». Il invoquait des passages de l’essai Le remède imaginaire — Pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec (Boréal, 2011), que Benoît Dubreuil a coécrit avec le démographe Guillaume Marois.

De son côté, QS avait fait volte-face jeudi et avait finalement décidé de voter en faveur de la nomination de M. Dubreuil.

« C’est avec un immense enthousiasme que j’ai accepté d’occuper cette fonction nouvellement créée pour les sept prochaines années », a commenté le nouveau commissaire dans un message publié sur son compte Facebook. Il entrera en fonction le 1er mars.

« J’accepte ce nouveau défi fort de l’expérience acquise au cours des vingt dernières années dans le milieu universitaire, au gouvernement du Québec et au gouvernement du Canada, écrit Benoît Dubreuil. Ceux qui me connaissent savent que j’y amène également une passion pour la langue française, dont la défense et l’épanouissement en Amérique et ailleurs me tiennent à cœur depuis toujours. J’aurai désormais l’honneur d’y consacrer l’ensemble de mon énergie. »

Docteur en philosophie, Benoît Dubreuil a obtenu différents postes au sein de l’appareil fédéral dans les dernières années. Il était, jusqu’à sa nomination comme commissaire, directeur général des opérations régionales pour l’est du pays à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. De 2016 à 2019, il occupait un poste de direction à Services aux Autochtones Canada.

Il a travaillé auparavant à la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial, de même qu’au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal, entre autres.

Le commissaire à la langue française est un nouveau chien de garde créé en vertu de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français (projet de loi 96), adoptée l’an dernier. Le mandat est de sept ans et ne peut être renouvelé.

Le commissaire est chargé de « surveiller l’évolution de la situation linguistique au Québec », selon la loi. Il doit notamment « faire le suivi de la connaissance, de l’apprentissage et de l’utilisation du français par les personnes immigrantes ».

Il a pour fonction de « surveiller le respect des droits fondamentaux » conférés par la Charte de la langue française et « l’exécution des obligations » que celle-ci impose aux entreprises et à l’administration publique.

Il détient des pouvoirs d’enquête et peut intervenir en justice pour la défense du français. Il a le pouvoir de formuler des avis et des recommandations au ministre de la Langue française, au gouvernement et à l’Assemblée nationale.