(Ottawa) Les députés de la Chambre des communes ont adopté une motion à l’unanimité pour que la vérificatrice générale se penche « dès que possible » sur les contrats accordés par le gouvernement fédéral à la firme de consultants McKinsey. Parallèlement, le Bloc québécois demande une enquête de la commissaire au lobbying.

Les conservateurs avaient exigé la veille que la vérificatrice générale enquête sur tous les contrats accordés à McKinsey afin de savoir si les contribuables en ont eu pour leur argent.

« Depuis le début de ce dossier, la réponse du gouvernement était que les ministres enquêteraient sur eux-mêmes et on a vu la limite de tout ça », a signalé le député Pierre Paul-Hus en faisant référence au témoignage la veille de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Helena Jaczek, en comité parlementaire. « Elle n’avait aucune idée de ce qui s’était passé ou de ce qui se passait avec McKinsey dans son propre ministère », a-t-il ajouté.

La motion initiale d’abord soumise en comité parlementaire suggérait que cette vérification de tous les contrats octroyés par les ministères, organismes ou sociétés d’État débute en 2015, soit la première année de mandat du gouvernement de Justin Trudeau. Les libéraux l’ont ensuite élargie à 2011 pour inclure les contrats qui avaient été accordés au cabinet-conseil lorsque les conservateurs étaient au pouvoir.

Plus d’une centaine de millions de dollars de contrats ont été accordés à McKinsey depuis l’élection du gouvernement de Justin Trudeau en 2015. Le montant pour 24 contrats accordés par le ministère des Services publics et de l’Approvisionnement s’élève à 104,6 millions et n’inclut pas ceux octroyés par d’autres ministères.

Les conservateurs ont continué de talonner les libéraux à ce sujet lors de la période des questions mardi. « Le gouvernement a donné à McKinsey plus de 100 millions de contrats, incluant 1,4 million de la Banque d’infrastructure du Canada, une organisation qui regorge d’anciens stratèges de McKinsey », a dénoncé la députée albertaine, Stepanie Kusie.

« Pourquoi le gouvernement s’acharne-t-il tant à donner 100 millions de dollars à des amis intimes des libéraux alors que les Canadiens moyens peinent à s’en sortir ? », a-t-elle demandé.

« Il n’y a eu absolument aucune ingérence politique dans l’octroi des contrats à McKinsey », a répété la ministre Jaczek, qui est à la tête de ce ministère seulement depuis la fin du mois d’août.

Elle avait affirmé la veille que ni elle ni ses employés n’avaient eu de contact avec McKinsey. Elle témoignait alors au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes qui tente de faire la lumière sur les millions versé par le gouvernement à l’entreprise.

Le sous-ministre Paul Thompson avait indiqué qu’il pouvait y avoir des contacts avec la fonction publique dans le cas de contrats déjà existants. La ministre s’est appuyée sur lui à plusieurs reprises pour répondre aux questions des élus de l’opposition.

Activités de lobbying ?

Le Bloc québécois réclame aussi une nouvelle enquête sur les agissements de McKinsey. Le député René Villemure a fait parvenir mardi une lettre à la commissaire au lobbying, Nancy Bélanger, lui demandant officiellement d’ouvrir une enquête pour déterminer si le cabinet-conseil a effectivement « procédé à des activités de lobbying » et s’il aurait dû être inscrit au registre des lobbyistes du Canada en vertu de la loi.

Radio-Canada avait révélé lundi que McKinsey est absente du registre fédéral, mais également de ceux du Québec et de l’Ontario.

Les conservateurs ont à nouveau cité en comité parlementaire lundi un courriel envoyé par Kevin d’Entremont, l’un des associés de McKinsey, à un fonctionnaire du ministère des Services publics et de l’Approvisionnement le 26 mars 2020 pour suggérer une rencontre sur les avenues pour répondre à la pandémie de COVID-19. C’est sur l’existence de cet échange par écrit que le Bloc québécois s’appuie pour effectuer sa demande.

Lors de son témoignage jeudi, l’ex-grand patron de la firme McKinsey, Dominic Barton, a soutenu qu’il n’avait rien à voir avec la centaine de millions de dollars en contrats fédéraux octroyés à son ancien employeur. Il avait été nommé ambassadeur du Canada en Chine en 2019, l’année après son départ de la multinationale.