(Ottawa) Le ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser, dit prendre très au sérieux l’arrivée de mineurs non accompagnés au chemin Roxham. La Presse révélait mardi que leur nombre avait quintuplé depuis la pandémie. Entre-temps, les négociations se poursuivent entre Québec et Ottawa pour une compensation financière.

« C’est quelque chose que nous prenons vraiment au sérieux, a affirmé le ministre en mêlée de presse mardi. Nous devons travailler en étroite collaboration avec les provinces qui accueillent les personnes vulnérables arrivées dans de telles circonstances. »

Selon les chiffres compilés par La Presse, le nombre de mineurs seuls qui trouvent refuge au Canada est passé de 23 en 2020 à 115 en 2022. Ces enfants et adolescents sont originaires de l’Amérique du Sud, du continent africain ou du Moyen-Orient. Leur nombre est tel que 10 travailleurs sociaux se consacrent désormais à cette seule clientèle au Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA).

L’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis prévoit qu’un mineur non accompagné doit faire sa demande de statut de réfugié dans le pays d’arrivée et non dans le dernier pays de séjour. M. Fraser a rappelé que le Canada doit respecter ses obligations juridiques nationales et internationales pour protéger ces enfants arrivés sans famille. Certains quittent par la suite le Québec pour se diriger vers la ville de Toronto.

« Je sais que le gouvernement du Québec, en particulier, fait face à de très fortes pressions », a-t-il reconnu.

Le ministre Fraser et la ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette, se sont rencontrés la semaine dernière pour discuter de cette question. Il n’a pas voulu dire mardi si le gouvernement du Québec allait recevoir une pleine compensation pour les coûts engendrés par l’arrivée de milliers de demandeurs d’asile. En 2022, la Gendarmerie royale du Canada en a intercepté 39 171 au Québec, selon les données d’Immigration Canada. Les sommes dépensées par le Québec pour les services d’accueil se chiffreraient dans les dizaines de millions de dollars.

« Nous n’avons pas d’annonce à faire aujourd’hui, mais nous sommes très ouverts aux discussions sur le rôle que le gouvernement fédéral pourrait jouer », a souligné M. Fraser. Les deux gouvernements doivent s’entendre sur la répartition des coûts.

Il s’agirait d’une somme non récurrente, a-t-il pris soin de préciser en faisant allusion à la renégociation de l’Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis. « Les choses vont bon train », a-t-il assuré.

Deux semaines plus tôt, le ministre Fraser avait dit qu’il ne croyait pas qu’un nouvel accord serait annoncé lors de la visite du président américain Joe Biden en mars.

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Avec la collaboration de Katia Gagnon et de Patrick Lagacé, La Presse