Le cri du cœur lancé il y a près de deux semaines par des organismes communautaires qui soutiennent les demandeurs d’asile a été entendu : Québec a annoncé lundi l’octroi d’une aide d’urgence de 3,5 millions.

C’est la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau, et sa collègue de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), Christine Fréchette, qui en ont fait l’annonce, en conférence de presse, à Montréal.

Trois millions proviennent du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale pour aider 22 organismes qui offrent aux migrants de l’aide alimentaire, des vêtements, un soutien à la famille et de l’aide au logement.

Le demi-million supplémentaire, débloqué par le MIFI, servira à aider 12 organismes qui « sont en première ligne de l’accueil des migrants » à répondre aux « innombrables besoins sur le terrain ».

« En ce moment, au Québec, les ressources consacrées aux personnes immigrantes et aux gens les plus vulnérables sont étirées au maximum », a déclaré la ministre Christine Fréchette.

« Évidemment, le grand nombre de migrants qui arrivent au Québec via le chemin Roxham contribue à cette surcharge, a-t-elle ajouté. Comparativement aux années 2018 et 2019, le nombre total de demandeurs d’asile accueillis au Québec a, en 2022, doublé. On parle de près de 60 000 demandes d’asile qui ont été soumises sur le territoire du Québec quand on combine les entrées régulières et les entrées irrégulières. Et le nombre continue d’aller croissant. »

Québec compte envoyer la facture de cette aide d’urgence à Ottawa.

« L’ensemble des montants qui sont investis, incluant les montants qui sont annoncés aujourd’hui, font partie de la demande de remboursement de l’ensemble de dépenses générées par cet afflux des demandeurs d’asile arrivés de manière irrégulière », a fait savoir la ministre Fréchette.

La gestion de l’enveloppe de 3 millions est confiée à Centraide du Grand Montréal, qui bonifie son aide aux organismes de 335 000 $.

« Avec ce financement, nous augmentons de 25 % notre financement, a souligné Claude Pinard, PDG de Centraide du Grand Montréal. Il est impératif, je crois, et vous serez d’accord avec moi, de diminuer les risques que les nouveaux arrivants se retrouvent en situation de pauvreté et d’exclusion sociale. »

Des angles morts

Cette nouvelle a été accueillie avec « soulagement et satisfaction » par les groupes communautaires.

« On peut affirmer que votre réponse et celle de la ministre de l’Immigration a été fulgurante », a affirmé Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) en s’adressant à la ministre Rouleau.

« Pour moi, du jamais vu ! Opérationnaliser un tel nouveau fonds en 10 jours pour que les ressources arrivent sur le terrain, rapidement, relève presque du miracle. »

M. Reichhold a cependant ajouté que la partie n’est pas entièrement gagnée.

« Il reste certes des angles morts, a-t-il mentionné. Nous savons que ce n’est pas parfait, encore. Mais pour rassurer mes collègues qui sont dans la salle, nous nous sommes entendus pour poursuivre les travaux. Il y aura une deuxième ronde, à tête reposée. De grands défis nous attendent, notamment en matière de logement et d’intégration au marché du travail. »

Rappelons que le 24 janvier, le milieu communautaire montréalais avait convoqué une conférence de presse pour demander aux gouvernements d’en faire plus pour l’aider à répondre aux besoins urgents des dizaines de milliers de demandeurs d’asile présents sur le territoire.