(Québec) Manon Massé assure que le choix de sa formation de ne pas demander la démission de la conseillère spéciale Amira Elghawaby est une « décision collective » et ne crée pas de malaise au caucus. Elle contredit en revanche la thèse soutenue par son député Haroun Bouazzi voulant que le gouvernement cherche à faire diversion avec la controverse.

La co-porte-parole de Québec solidaire a eu à défendre mercredi le choix de sa formation de ne pas appuyer une motion adoptée par l’Assemblée nationale et réclamant qu’Ottawa mette fin au mandat de la nouvelle représentante fédérale de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby. Les députés de la formation de gauche se sont abstenus de voter sur la motion, mardi.

« Le vote d’abstention, c’est un vote qui veut dire quelque chose. Nous, on a indiqué [mardi] à la CAQ, elle le savait très bien d’ailleurs, que notre priorité était de rencontrer Mme Elghawaby », a expliqué Mme Massé, qui a confirmé qu’une rencontre aura bel et bien lieu entre la conseillère spéciale du gouvernement Trudeau et sa formation politique. La date n’a pas encore été déterminée.

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Manon Massé

« La position qu’on a défendue hier et qu’on défend aujourd’hui, tout le monde est d’accord, tout le monde s’en va dans le même sens, c’est une décision collective », a défendu la leader solidaire, affirmant qu’il n’y a pas de division au sein de la formation de gauche sur le sujet.

Mais elle n’est pas d’avis que le gouvernement Legault cherche à faire diversion avec la controverse, comme l’a affirmé mardi M. Bouazzi sur Twitter.

Je ne pense pas que c’est une diversion, je pense que M. Legault a livré le fond de sa pensée.

Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire

Mme Massé a précisé que tout le monde ne vit « pas les choses de la même façon » et qu’en ce sens, elle n’a pas l’intention de rabrouer son député de Maurice-Richard. « Rabrouer des gens parce qu’ils ne disent pas exactement la même affaire… », a-t-elle lancé.

Haroun Bouazzi a déclaré mardi que le gouvernement Legault cherchait, avec la controverse entourant la nomination de Mme Elghawaby, à masquer ses échecs en santé, en éducation et en matière d’environnement.

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Haroun Bouazzi

« C’est la rentrée à l’[Assemblée nationale] et le gouvernement de la CAQ n’a pas de plan clair pour la transition énergétique juste, pour l’école publique, pour la crise dans nos hôpitaux ? Les stratèges de Legault : “Regardez ! Là ! Une femme qui porte un voile !” #diversion #voilerlincompetance », a écrit M. Bouazzi sur Twitter.

Le gouvernement Legault continue de réclamer la démission de Mme Elghawaby ou qu’elle soit démise de ses fonctions par Justin Trudeau. « Quand c’est rendu que le Parti libéral du Québec dit au Parti libéral du Canada qu’il devrait changer sa décision, qu’il devrait congédier la dame, je pense que M. Trudeau a un vrai problème », a-t-il lancé en se rendant à la période des questions, mercredi.

Mardi, il a affirmé que Justin Trudeau « vient cautionner le mépris envers les Québécois » en déclarant qu’il « appuie à 100 % Amira Elghawaby ». Mme Elghawaby a déjà écrit que la « majorité des Québécois » semblaient « influencés par un sentiment antimusulman ». Elle a depuis clarifié ses propos sans pour autant s’excuser, ce que demandent aussi les partis à Québec.

Une position critiquée

Le choix de Québec solidaire de ne pas appuyer la motion adoptée mardi par l’Assemblée nationale, qui condamnait notamment les propos tenus par le passé par la conseillère spéciale, a été critiqué par le Parti libéral du Québec et le Parti québécois.

Le leader parlementaire du PQ, Pascal Bérubé, a émis l’hypothèse que Québec solidaire n’a pas voulu appuyer la motion en raison de son conseil national, qui réunira ses militants en février.

« C’est comme si, pour certains groupes très militants, défendre le Québec, ce n’est pas une recherche de justice légitime », a rajouté le chef Paul St-Pierre Plamondon. « Cette timidité-là par rapport à la question du destin du Québec, elle a toujours existé dans des factions, des groupes internes, qu’ils soient marxistes ou antiracistes, décoloniaux. […] Ces groupes-là existent dans le parti de Québec solidaire, et ça explique peut-être le manque de solidarité flagrant qu’on a vu hier », a-t-il ajouté.

Le chef libéral par intérim a affirmé de son côté que Québec solidaire est pris en deux chaises. « Ils sont assis sur la clôture. Hier, on l’a quasiment physiquement vu, Québec solidaire assis sur la clôture, ne pas avoir d’opinion sur un dossier excessivement névralgique qui fait rage depuis plusieurs jours maintenant », a déploré Marc Tanguay.

Présente lors du point de presse du PLQ, la députée Jennifer Maccarone a par ailleurs fait son mea culpa après avoir publié en début de semaine un tweet où elle semblait donner son appui à la controversée conseillère de Justin Trudeau. « J’ai agi trop rapidement, trop tôt, sans avoir l’information complète. C’est pour ça que j’ai porté mes excuses envers la population. […] J’ai fait une erreur, et pour ceci, je suis profondément déçue en moi-même », a-t-elle déclaré.

Avec Tommy Chouinard