(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau doit faire comprendre aux provinces qu’elles ne pourront pas avoir plus de financement pour la santé si elles empruntent la voie de la privatisation, selon Jagmeet Singh. Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) a prononcé un discours à saveur électorale en caucus à moins de deux semaines de la reprise des travaux parlementaires.

« Le premier ministre a l’opportunité de protéger l’assurance-maladie », a-t-il affirmé.

Il a ajouté qu’il était entendu que les négociations du financement de la santé avec les provinces doivent inclure des conditions. « Je pense qu’une de ces conditions doit être carrément pas de privatisation », a-t-il lancé sous les applaudissements de ses députés.

Cela implique qu’aucune société à but lucratif ne prenne en charge des soins de santé, que les patients n’aient pas à payer « pour quoi que ce soit » et qu’aucune clinique privée ne « cannibalise » les infirmières et les médecins qui travaillent dans les hôpitaux.

Le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a indiqué mardi qu’il reste encore « beaucoup de travail » à faire pour qu’une entente soit conclue sur la hausse des transferts en santé. Les premiers ministres provinciaux et territoriaux veulent rencontrer le premier ministre Justin Trudeau en février. À Ottawa, on se dit optimiste quant à la conclusion d’un accord.

« Quelles sont les conditions de Justin Trudeau, alors ? Apparemment, il est d’accord avec le plan de Doug Ford de vendre nos soins de santé et le plan de Danielle Smith de démanteler les fondements mêmes de l’assurance-maladie », a critiqué M. Singh.

Le premier ministre de l’Ontario a annoncé un financement de 18 millions lundi afin de financer davantage d’interventions chirurgicales dans des cliniques privées. Le gouvernement Ford veut faire baisser les listes d’attente à leur niveau d’avant la pandémie d’ici mars 2023.

La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, veut se lancer dans une réforme de la santé. Elle avait déjà indiqué qu’elle voudrait faire payer les patients pour chaque visite chez leurs médecins de famille.

Partout au pays, les systèmes de santé des provinces et des territoires rencontrent d’énormes difficultés depuis la pandémie. Au Québec, la pénurie d’infirmières et la grogne face à l’usage du temps supplémentaire obligatoire ont mené à la fermeture des urgences de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont lundi soir.

Les provinces et les territoires réclament que la part du fédéral en santé passe de 22 % à 35 %, ce qui représente une hausse de 28 milliards de dollars par année.

Le ministre Duclos veut imposer cinq conditions pour grossir les transferts : la reprise du retard pour les interventions chirurgicales, l’amélioration des soins en santé mentale, un meilleur accès aux soins primaires, un meilleur soutien pour les soins à domicile et les soins de longue durée et le partage des données en santé.

Les députés du NPD sont réunis effectuent une retraite de trois jours à Ottawa pour discuter des priorités du parti pour la reprise des travaux parlementaires le 30 janvier. Les néo-démocrates ont conclu une entente avec les libéraux l’an dernier qui permet au gouvernement minoritaire de Justin Trudeau de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2025 tant qu’ils demeurent sur la même longueur d’onde.

Ils ont réussi à arracher certaines concessions au gouvernement comme la création d’un programme de soins dentaires universel. Le financement pour augmenter le nombre de médecins et d’infirmières en fait partie.

Avec La Presse Canadienne