Le Québec devrait accélérer l’électrification des transports et mettre fin à la vente de véhicules à essence dès 2030 au lieu de 2035, estime Québec solidaire (QS).

C’est ce qu’a proposé son chef parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois, lors d’un rare tête-à-tête avec le premier ministre François Legault, lundi, à Montréal.

La semaine dernière, M. Legault avait déclaré vouloir se concentrer durant les prochains mois sur l’électrification du Québec, de ses entreprises et de ses transports.

Il en avait profité pour annoncer une série de rencontres avec les chefs des partis d’opposition, prenant la peine d’inclure le chef conservateur, Éric Duhaime, qui n’a fait élire aucun député à l’Assemblée nationale.

« Il faut convaincre nos entreprises, il faut convaincre les citoyens d’électrifier, avait déclaré le premier ministre. C’est un beau défi. C’est un défi que je souhaite relever avec les oppositions. »

M. Nadeau-Dubois rapporte avoir proposé au premier ministre d’adopter une loi pour accélérer l’électrification du transport des marchandises.

Il souhaite également que le Québec accélère l’électrification des bâtiments chauffés aux énergies fossiles via un programme incitatif « ambitieux ».

Et que l’on exige des entreprises qui reçoivent l’aide du gouvernement qu’elles adoptent progressivement des technologies québécoises propres (« mesures d’écoconditionnalité »).

Enfin, M. Nadeau-Dubois a invité M. Legault à réinvestir d’urgence dans les sociétés de transport collectif pour éviter toute diminution de service.

La rencontre, qui a duré plus d’une heure et demie, s’est bien déroulée ; le ton était « cordial », a plus tard confié M. Nadeau-Dubois en entrevue.

« Le premier ministre, j’ai senti qu’il était à l’écoute, mais ce qui est encore mieux que l’écoute, c’est des résultats, a-t-il déclaré. Maintenant, je m’attends à ce que François Legault livre la marchandise.

« Il sait très bien que son plan de lutte aux changements climatiques ne permet pas d’atteindre les cibles du Québec. C’est à lui maintenant de revoir ce plan-là », a-t-il ajouté.

Outre les enjeux liés à l’énergie et à l’environnement, M. Nadeau-Dubois dit avoir discuté avec M. Legault de la crise du logement, du coût de la vie, du salaire minimum et des agences de placement en santé, notamment.

« Je vais juger de l’utilité de la rencontre quand je vais voir les résultats », a-t-il conclu.

Le PLQ propose une commission itinérante

De son côté, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, qui rencontrera M. Legault jeudi, propose de lancer une consultation nationale sur l’avenir de l’énergie au Québec.

Cette commission itinérante porterait sur les besoins actuels et futurs du Québec, ainsi que sur les investissements nécessaires pour réaliser la transition énergétique et atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Elle consulterait la population et les experts, et serait invitée à faire rapport d’ici la fin de 2023, selon la proposition libérale détaillée dans un communiqué lundi.

M. Tanguay et son porte-parole en énergie, Gregory Kelley, souhaitent que les membres de la commission visitent toutes les régions du Québec et que les nations autochtones soient parties prenantes du processus.

La commission devrait être coprésidée par deux députés, un issu du gouvernement et l’autre, du parti qui forme l’opposition officielle, selon eux.

Pour répondre aux besoins énergétiques du Québec, le gouvernement considère qu’environ 100 térawatts-heures (TWh) devront être ajoutés aux quelque 210 TWh déjà produits annuellement.

Les libéraux croient que la population doit être consultée sur les principes qui guideront les décisions du gouvernement et d’Hydro-Québec.

Ils signalent que les besoins en énergie risquent d’augmenter encore, surtout si le Québec veut aider ses voisins à réduire leur dépendance aux énergies fossiles.

Dans les circonstances, le gouvernement ne devrait pas « tout décider derrière des portes closes », a déclaré M. Tanguay par communiqué.