(Québec) Malgré l’ouverture d’une sixième enquête le concernant, Pierre Fitzgibbon persiste et signe : la commissaire à l’éthique va conclure qu’« il n’y a pas eu de problème » avec sa participation à une partie de chasse au faisan sur une île privée. Le ministre y va même d’une prédiction étonnante : il y aura d’autres enquêtes à son sujet.

Le ministre de l’Économie et de l’Énergie s’est réjoui vendredi que la commissaire à l’éthique et à la déontologie, Ariane Mignolet, ait confirmé jeudi qu’elle fera enquête sur les évènements. La veille, M. Fitzgibbon l’invitait d’ailleurs à le faire. « Je l’ai demandée, je suis content », a-t-il exprimé en se rendant à la période des questions, vendredi à l’Assemblée nationale.

Le Journal de Montréal a rapporté jeudi que le superministre du gouvernement Legault a participé cet automne à une partie de chasse dans l’île de la Province, située sur le lac Memphrémagog, qui appartient à des personnes liées à des entreprises qui bénéficient de subventions publiques.

« Elle va faire son travail et dire qu’il n’y a pas eu de problème », a ajouté M. Fitzgibbon, qui refuse de révéler avec qui il a chassé à ce moment. « Ce n’est pas de vos affaires, c’est privé. […] C’est ma vie privée. Je vais parler à la commissaire à l’éthique », a-t-il répété vendredi. Jeudi, il a aussi indiqué avoir « payé ce qu’il avait à payer ».

François Legault a brièvement assuré que M. Fitzgibbon allait collaborer à l’enquête de la commissaire, à son arrivée au Salon bleu. « Il va participer, mais bon, je ne suis pas inquiet », a précisé le premier ministre plus tard vendredi, en marge de la conférence de presse virtuelle du Conseil de la fédération.

C’est une sixième enquête de la commissaire à l’éthique en quatre ans visant le ministre Fitzgibbon, mais le principal intéressé est loin de s’en inquiéter : « Il va en avoir d’autres […] ça ne me dérange pas », a-t-il lancé aux journalistes. « Il n’y a pas de conflit [d’intérêt], il n’y a jamais eu de conflit et il n’y en aura pas. Le jour où il y aura un conflit, je vais m’en aller », a conclu le ministre, sans aucune hésitation.

La commissaire à l’éthique et à la déontologie enquêtera sur de possibles manquements au Code d’éthique et de déontologie des membres de l’Assemblée nationale à la suite de demandes formulées par le Parti libéral du Québec et Québec solidaire. Ils disent avoir « des motifs raisonnables » de croire que M. Fitzgibbon « aurait commis des manquements à l’article 15 du Code en matière de conflits d’intérêts et aux articles 29 à 33 du Code en matière de dons, avantages et autres marques d’hospitalité. »

L’affaire a encore fait réagir les partis d’opposition à la dernière journée des travaux parlementaires avant la pause des Fêtes, vendredi.

« L’éthique, c’est tout le temps important. Il y a des femmes qui se font mettre à la porte, qui se font suspendre parce qu’elles ont mangé une toast de trop. Puis, en haut de l’État québécois, il y a un homme qui pense que toutes les règles ne s’appliquent pas à lui. Moi, je n’accepte pas ça », a déploré le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

« Il ne faut pas que la répétition devienne un prétexte pour la banalisation », a-t-il ajouté.

Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, a affirmé que la situation « soulève des questions très importantes pour la base de notre démocratie » et que François Legault et Pierre Fitzgibbon ne semblent pas s’en préoccuper.

Avec Mélanie Marquis, La Presse