(Québec) Le premier ministre François Legault a refusé vendredi de répondre aux questions des journalistes dans le cadre de son bilan de fin de session parlementaire, faisant celui-ci exclusivement sur les réseaux sociaux. Les partis d’opposition ont unanimement dénoncé ce choix.

Dans le corridor au Parlement en marche vers la période de questions, M. Legault a défendu son choix d’éviter la presse parlementaire en rappelant que la session qui se termine n’a duré que deux semaines.

« Essentiellement, on a remis de l’argent dans le portefeuille des Québécois, on a plafonné les tarifs. C’est ça notre session de deux semaines. Maintenant, je vais voir le sénateur Serge Savard », a-t-il brièvement déclaré.

Plus tôt en journée, les chefs des trois partis d’opposition ont tour à tour répondu aux questions des journalistes lors de leur traditionnel bilan de fin de session parlementaire. « De toute évidence, François Legault est gêné de se présenter devant les Québécois pour défendre son bilan. De la part d’un premier ministre qui demande à être jugé sur ses résultats, c’est décevant », a dit le chef par intérim du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay.

Pour la démocratie, il s’agit d’un précédent important qui démontre le peu de considération de la CAQ pour le travail journalistique.

Marc Tanguay, chef par intérim du Parti libéral du Québec

Le député de Québec solidaire, Vincent Marissal, s’est dit « outré » de la stratégie de communication de la Coalition avenir Québec.

« En tant qu’ancien journaliste, je suis outré par la décision de François Legault de faire comme le Parti conservateur du Canada de contourner les médias. Ça fait deux semaines qu’on répète que c’est le mandat de l’imputabilité. Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est l’inverse de l’imputabilité. En refusant de répondre aux questions des journalistes, la CAQ fait le choix de s’éloigner de la transparence », a-t-il dit.

« Cette décision est d’autant plus déplorable qu’on apprend vendredi que le Journal de Montréal et le Journal de Québec vont cesser d’imprimer leurs éditions papier du dimanche. On parle beaucoup de la crise dans les médias et on a une responsabilité, comme parlementaires, de considérer les journalistes et leur travail à leur juste valeur. Sans travail journalistique, on n’aurait notamment jamais su que le ministre Fitzgibbon était allé chasser le faisant sur une île privée avec des millionnaires », a ajouté M. Marissal.

Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a pour sa part affirmé que le choix de la CAQ était « pas acceptable ».

« Même si c’est parfois exigeant, c’est très important que les journalistes puissent poser des questions et demander des comptes aux politiciens », a-t-il dit, alors que son collègue député Pascal Bérubé ajoutait que « ça fait 15 ans que je suis ici [et] je n’ai jamais vu un tel bilan » uniquement sur les réseaux sociaux.

Bilan de la CAQ : en ligne seulement 

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Le chef de la Coalition avenir Québec et premier ministre du Québec, François Legault, avec la vice-première ministre et ministre des Transports, Geneviève Guilbault

Sur les réseaux sociaux, François Legault a fait le bilan de la session parlementaire qui a marqué l’ouverture du deuxième mandat de la Coalition avenir Québec. Après la publication d’une photo où on voit le premier ministre et des députés applaudir au Salon bleu, le premier ministre se dit conscient qu’il a « un devoir de résultats » et promet qu’il n’aura pas « la langue de bois ».

« Je sais que je vais me faire critiquer et c’est normal. Je ne suis pas borné et j’écoute. La critique constructive peut permettre de nous améliorer, et d’apprendre de nos erreurs », a-t-il ajouté. Il a par la suite fait la liste des mesures prévues à son « bouclier » contre l’inflation.

Bilan du Parti libéral : un automne « difficile »

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Le chef par intérim du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, accompagné du député libéral de Nelligan et leader parlementaire de l’opposition officielle, Monsef Derraji

Résultats électoraux catastrophiques, démission de Dominique Anglade et départ de Marie-Claude Nichols. Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, n’a pas nié vendredi que « l’automne a été difficile » pour sa formation politique.

La courte session parlementaire leur aura permis de « se remettre sur l’objectif de défendre les Québécois », a-t-il dit. Le PLQ estime avoir fait mouche sur l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre.

« Je pense qu’on a fait une bonne job […] On va continuer de talonner le gouvernement Legault pour que, notamment, il donne les services essentiels auxquels les Québécois ont droit », a fait valoir M. Tanguay. Il réitère son souhait de réintégrer Mme Nichols au sein du caucus libéral et ne ferme toujours pas la porte à se porter candidat à la succession de Mme Anglade l’année prochaine.

Bilan de Québec solidaire : le « vrai bouclier contre l’inflation »

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Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, accompagné de la co-porte-parole du parti, Manon Massé

Après avoir fait campagne sur l’environnement, Québec solidaire (QS) a placé les effets de l’inflation au centre de ses interventions parlementaires.

« Je pense que, dans les deux dernières semaines, les Québécois ont vu c’était qui, le vrai bouclier contre l’inflation », s’est targué le chef parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

Il estime avoir démontré que sa formation est « opposition forte, cohérente et unie ». QS s’est félicité d’avoir déposé à nouveau le projet de loi du député Sol Zanetti visant à mettre fin au serment au roi comme premier geste parlementaire. Les 11 élus solidaires ont fait volte-face en choisissant de prêter serment à la Couronne britannique une dernière fois cet automne.

M. Nadeau-Dubois a confirmé qu’il sera candidat au poste masculin de porte-parole lors du congrès de novembre prochain. Manon Massé a confié être en réflexion.

Bilan du Parti québécois : devenir « l’alternative » au gouvernement 

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Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, accompagné de ses collègues députés Pascal Bérubé (gauche) et Joël Arseneau (droite)

Après une courte session parlementaire confinés dans leurs bureaux, alors que l’Assemblée nationale leur a refusé l’accès au Salon bleu puisqu’ils n’avaient pas fait le serment au roi Charles III, les trois députés péquistes se sont réjouis vendredi qu’une loi soit adoptée pour leur permettre de siéger cet hiver.

Au retour des Fêtes, Paul St-Pierre Plamondon souhaite incarner « l’alternative » au gouvernement Legault. Il a également annoncé que son parti avait réussi une collecte de fonds qui lui permettra d’ajouter deux employés à son équipe à Québec.

« Alors que le Parti libéral s’appelle l’opposition officielle, alors que Québec solidaire se réclame d’être l’opposition officielle, le Parti québécois dans tout ça on leur laisse ce titre-là, parce que nous, ce qu’on veut être, c’est l’alternative officielle du gouvernement », a déclaré M. St-Pierre Plamondon.

Avec la collaboration de Charles Lecavalier, La Presse