(Québec) Une étude qui conclut que la condition physique cardiovasculaire des enfants et des adolescents québécois a subi une détérioration importante depuis les années 1980 alarme le gouvernement Legault, qui mise sur le transport actif, le parascolaire, les infrastructures sportives et un coup de pouce des parents pour inverser cette tendance.

« C’est inquiétant et alarmant », affirme en entrevue Isabelle Charest, ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air.

La Presse a révélé mercredi matin qu’une étude québécoise concluait à « une baisse alarmante de la condition physique cardiovasculaire et de la capacité fonctionnelle dans une population d’enfants et d’adolescents depuis les années 1980 ».

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Un coup de barre s’impose pour éviter que l’essoufflement des jeunes Québécois se transforme en « épidémie de maladies cardiométaboliques », préviennent les chercheurs.

Médaillée olympique, nutritionniste, mère de famille, Mme Charest reconnaît l’immense défi qui se trouve devant nous. Rendre le sport plus accessible pour les enfants est « à la base de [son] implication en politique », affirme-t-elle.

Elle souligne que les résultats de l’étude ne prennent pas en compte les mesures mises en place par le gouvernement caquiste : les élèves ont été testés entre 2014 et 2017 dans 36 écoles à Montréal, Québec, Saguenay, Trois-Rivières, Laval et Sherbrooke.

Mme Charest croit que l’ajout d’une heure de parascolaire chaque jour dans toutes les écoles secondaires du Québec aura un effet certain sur la santé des jeunes : 80 % d’entre eux ont d’ailleurs choisi de pratiquer des activités sportives avec cet ajout de ressources.

Infrastructures sportives

De nombreux experts pensent cependant que les jeunes devraient avoir davantage de cours d’éducation physique à l’école, mais la ministre rétorque qu’avec la pénurie d’enseignants, il est plus simple de passer par du parascolaire. « On peut aller chercher à l’externe des ressources pour organiser le parascolaire. Un club sportif, un club de loisirs peuvent venir […] On ne met pas de pression sur notre capacité enseignante, sur les profs qu’on n’a pas. C’est une façon de déployer rapidement une mesure », a-t-elle dit.

Elle rappelle également que son parti a promis d’investir 1,5 milliard en 10 ans dans des infrastructures sportives. « Il est important de créer des infrastructures pour que les jeunes puissent être actifs », a-t-elle affirmé. En parallèle, Québec a également mis sur pied des « bibliothèques » d’équipement sportif, où on peut louer gratuitement des articles comme des patins, des raquettes de tennis, des gants de baseball pour s’initier à un sport.

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« Je ne suis pas en train de vous dire que tout est acquis, que c’est fait, et que dans deux ans on va voir que la courbe est inversée et que tout le monde est plus actif. On se bat dans un monde où les réseaux sociaux et les plateformes sont omniprésents », reconnaît la ministre du Sport.

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Isabelle Charest

J’ai une fille qui a 13 ans. Il faut que je pousse très, très fort. C’est aussi le rôle des parents. Spontanément, elle n’a pas le réflexe d’aller bouger. Et on marche pour aller à l’école, et elle chiale tout le long, puis on remarche pour aller à l’école. Ça fait partie de ce qu’on fait pour inculquer les valeurs et le goût de bouger à nos enfants.

Isabelle Charest, ministre du Sport

Elle répond également à Pierre Lavoie, instigateur des Cubes d’énergie et cofondateur du Grand Défi Pierre Lavoie, qui veut « changer la culture sportive » au Québec. Il faut selon lui inciter les jeunes qui le peuvent à marcher ou à rouler à l’école, il faut interdire aux écoles de retirer les buttes de neige dans leur cour, il faut cesser de spécialiser les jeunes sportifs et revenir au plaisir du sport.

Mme Charest estime que ce changement de culture est en cours. « Les opportunités de se ramasser en gang et d’aller jouer dehors, les parents aussi ont un rôle à jouer dedans », souligne-t-elle.

Pour aller à l’école, vaut mieux marcher

Et pour la culture sportive, elle veut soutenir les entraîneurs et les bénévoles pour les former. « Dans le changement de culture, il y a beaucoup à faire. Certains parents sont très axés sur la performance. […] Ils se retrouvent dans un contexte sportif, ils vont crier après un arbitre, crier après un jeune, engueuler un coach, car il a mis quelqu’un qu’ils jugent moins bon dans la dernière minute de jeu, et que finalement ils vont perdre un match et n’iront pas à la prochaine ronde », déplore-t-elle.

La médaillée olympique leur rappelle que « dans le cheminement d’un athlète, ce n’est pas la victoire qui est importante, c’est le processus ».

Elle mise également sur le retour du transport actif pour les écoliers. Plutôt que de prendre l’automobile de papa ou maman, vaut mieux marcher ou rouler. « Le transport actif, j’y crois à 100 milles à l’heure. Il est venu un moment où les parents n’envoyaient plus leurs enfants à vélo ou à pied à l’école parce que c’était trop dangereux. Je pense que cette tendance est inversée de plus en plus », lance-t-elle.

Elle reconnaît toutefois qu’il y a des défis, notamment la construction de davantage de pistes cyclables, par exemple.