La modératrice du débat des chefs en anglais, Shachi Kurl, a fait part d’une « opinion et non d’un fait avéré » lorsqu’elle a demandé au chef bloquiste Yves-François Blanchet pourquoi il nie le « racisme » au Québec en défendant des lois provinciales « discriminatoires », a tranché mardi le Conseil de presse.

Selon l’organisme, « le terme racisme employé dans ce contexte relève d’une opinion et non d’un fait avéré, contrairement à ce que laisse entendre la modératrice ». La plainte avait été logée contre Mme Kurl et contre le réseau anglais de Radio-Canada, la Canadian Broadcasting Corporation (CBC), par Julie Lapierre.

« Même si Mme Kurl a pu se faire le porte-voix d’une frange de la population, elle ne le précise pas et évoque le racisme comme si cela avait été démontré. Or, dans le cadre d’un débat des chefs, le public est en droit de s’attendre à ce que les modérateurs traitent de façon impartiale les chefs invités à débattre », insiste le Conseil dans sa décision.

En septembre 2021, la principale intéressée avait suscité la polémique, en plein débat des chefs en anglais, sur les ondes de CBC. « Vous niez que le Québec a des problèmes de racisme. Pourtant, vous défendez des lois comme les projets de loi 96 et la loi 21 qui marginalisent les minorités religieuses, les anglophones et les allophones. Pouvez-vous aider les Canadiens qui habitent à l’extérieur de la province à comprendre pourquoi votre parti soutient ces lois discriminatoires ? », avait-elle demandé à M. Blanchet.

Dans la foulée, le chef bloquiste avait accusé Mme Kurl d’avoir qualifié sa province de raciste. Le premier ministre François Legault a aussi exigé des excuses. D’ailleurs, la plupart des autres chefs de partis fédéraux avaient passé les jours suivants à répondre à des questions pour savoir s’ils étaient d’accord avec le sentiment de Mme Kurl au sujet des lois québécoises.

Sur fond de « Québec bashing »

Au cours des jours qui ont suivi, Mme Kurl avait défendu ses propos dans une lettre ouverte publiée dans The Globe and Mail. Elle soutenait alors que sa question avait « donné à M. Blanchet l’occasion de parler de laïcité à des gens hors Québec ». « Il aurait pu partager la perspective québécoise avec le reste du Canada. Il a choisi de ne pas le faire », a-t-elle soulevé.

Sur la colline parlementaire, à Québec, l’affaire avait même engendré l’adoption à l’unanimité par l’Assemblée nationale d’une motion exigeant des excuses de l’animatrice. Les élus québécois avaient alors tous condamné l’expression d’une forme de « Québec bashing ».

La commission fédérale des débats a aussi reconnu que les débats de la prochaine élection fédérale devraient avoir un format plus simple et une meilleure modération pour se concentrer davantage sur les propos des chefs que sur les questions qu’on leur pose. « Les débats de 2021 n’ont pas réussi, dans la mesure attendue, à informer les électeurs sur les politiques des différents partis », a-t-on reconnu dans le rapport final de la Commission des débats des chefs sur les évènements télévisés.

Avec La Presse Canadienne