(Ottawa) Si la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, a choisi de ne pas se déplacer au Qatar afin d’encourager l’équipe de soccer du Canada, c’était par solidarité envers les travailleurs migrants qui ont péri dans les chantiers et envers la communauté LGBTQ+.

« Tout le monde sait que je suis une syndicaliste et gaie, et que je suis très sensible à la question des droits humains partout dans le monde », a affirmé la ministre dans une déclaration transmise à La Presse par son bureau, lundi soir.

« Dans le cadre de la Coupe du monde au Qatar, qui est controversée à plusieurs égards, les questions des droits des travailleurs et de la communauté LGBTQ2+ devaient être soulevées », a ajouté l’ex-présidente de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN).

Ils devaient être abordés par « la bonne personne », soit Harjit Sajjan, ministre du Développement international, qui a représenté le gouvernement du Canada lors de cet évènement sportif, a plaidé Mme St-Onge.

Le choix du gouvernement de l’y dépêcher dans le petit émirat du Golfe « a été pris dans le soutien et en solidarité », conclut la ministre, qui ne se serait exposée à aucune sanction des autorités qataries en raison de son orientation sexuelle si elle y était allée.

Sa décision n’a rien à voir avec les appels au boycottage diplomatique du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique – le gouvernement libéral a de toute manière envoyé un ministre, et un député conservateur s’est joint à lui.

Le Bloc sceptique

Le député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe, fer de lance de la requête de boycottage diplomatique pour la Coupe du monde au Qatar, se demande pour quelle raison la ministre St-Onge n’a pas communiqué sa décision avant lundi.

« Le gouvernement avait été questionné dans la semaine précédant l’inauguration de la Coupe du monde. On n’a eu aucune réponse en Chambre. Alors soit on ne respecte pas la Chambre, soit on n’a pas le courage de le dire en public », a-t-il réagi en entrevue.

Le Bloc québécois avait été pressenti pour faire partie du voyage au Qatar, mais a refusé, a-t-il par ailleurs indiqué.

Des droits bafoués

En amont de la grand-messe quadriennale du soccer masculin, des travailleurs migrants ont péri dans les chantiers de stades où sont actuellement présentés les matchs. Le nombre de victimes demeure flou, mais elles seraient au moins 6500, selon The Guardian.

Le Qatar bafoue, en plus des droits des travailleurs, les droits des membres de la communauté LGBTQ+. L’homosexualité y est illégale ; les relations entre personnes du même sexe sont passibles d’une peine de sept ans de prison.

La FIFA a menacé de sanctionner les athlètes et les équipes qui auraient voulu afficher leur appui aux droits des LGBTQ+. La Chambre des communes a unanimement dénoncé la fédération pour cette décision dans une motion adoptée le 22 novembre dernier.

L’équipe canadienne a été éliminée de la Coupe du monde après ses trois matchs du tour préliminaire, des défaites contre la Belgique, la Croatie et le Maroc.