C’est jour de rentrée parlementaire ce mardi à Québec. Depuis des semaines, les nouveaux ministres préparent leur arrivée au Salon bleu. Ils seront attendus de pied ferme par les députés de l’opposition, moins nombreux, mais déterminés à leur demander des comptes sur les enjeux de l’heure. Certains face-à-face vont créer des flammèches.

Déclin du français

Jean-François Roberge, ministre de la Langue française

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Jean-François Roberge, ministre de la Langue française

Contexte

Après quatre ans à l’Éducation, Jean-François Roberge change d’air dans ce nouveau Parlement. Ce vétéran de la Coalition avenir Québec (CAQ) cumule désormais plusieurs responsabilités ministérielles, la plus en vue étant celle de la Langue française.

Défi

François Legault l’a dit à plusieurs reprises au cours de la campagne électorale et le répétera dans son discours d’ouverture : il veut mettre fin au déclin du français au Québec. Son gouvernement a adopté en mai dernier la loi 96, qui réforme la Charte de la langue française. Ces nouvelles dispositions, notamment celles en matière de francisation et pour limiter la croissance de l’effectif des élèves dans les cégeps anglophones, seront-elles suffisantes ?

Pascal Bérubé, député du Parti québécois

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Pascal Bérubé, député du Parti québécois

Contexte

Cet ancien chef intérimaire du Parti québécois (PQ) et critique en matière de langue française a été au premier plan de l’étude de la loi 96. Il juge que les mesures mises en place par la CAQ sont insuffisantes.

Défi

Pascal Bérubé entend s’allier au nombre croissant de professeurs du réseau collégial qui se prononcent en faveur de l’application de la loi 101 au cégep. C’est aussi la position du PQ, mais le gouvernement Legault a refusé d’aller aussi loin dans le dernier mandat. Le député péquiste promet d’aborder l’enjeu de la protection du français sur plusieurs fronts, ce qui inclut la qualité du français à l’école et une baisse des seuils d’immigration.

Un enjeu polarisant

Christine Fréchette, ministre de l’Immigration

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Christine Fréchette, ministre de l’Immigration

Contexte

Nouveau visage de la CAQ sur la Rive-Sud de Montréal, Christine Fréchette arrive à l’Immigration avec le mandat de changer le ton du gouvernement face à cet enjeu sensible. François Legault s’est excusé en campagne électorale d’avoir associé l’immigration à une menace aux valeurs québécoises. Il présente maintenant les nouveaux arrivants comme une solution au déclin du français.

Défi

Christine Fréchette et son équipe dépoussièrent ces jours-ci l’accord Québec-Canada de 1991 qui accorde des pouvoirs à la province en matière d’immigration. L’objectif est d’utiliser tous les leviers à leur disposition pour augmenter la proportion d’immigrants francophones. Au gouvernement, on veut présenter l’immigration comme une clé pour arrêter le déclin du français. Le succès d’une telle opération pourrait même devenir, dit-on, un héritage politique du premier ministre François Legault.

Filomena Rotiroti, députée du Parti libéral

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Filomena Rotiroti, députée du Parti libéral

Contexte

Élue depuis 2008 pour le Parti libéral, Filomena Rotiroti donnera la réplique en matière d’immigration, un dossier épineux pour le gouvernement Legault. Elle détient aussi les fonctions de whip en chef de l’opposition officielle, un siège qu’elle occupait déjà lors de son dernier mandat.

Défi

Filomena Rotiroti promet de suivre de près la question de la « capacité d’accueil » du Québec en matière d’immigration, une notion utilisée par Québec pour définir ses seuils, mais dont le calcul n’a jamais été expliqué. La députée libérale attend avec impatience le dépôt par Québec de la prochaine planification triennale de l’immigration, où l’on verra si le gouvernement augmentera à plus de 50 000 le nombre de nouveaux arrivants accueillis chaque année.

Deux banquiers sur le ring

Eric Girard, ministre des Finances

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Eric Girard, ministre des Finances

Contexte

Cet ancien trésorier de la Banque Nationale entame son deuxième mandat à titre de ministre des Finances du Québec. Eric Girard présentera le 8 décembre une mise à jour économique et financière, dans le contexte de l’inflation et d’un ralentissement économique.

Défi

Le grand argentier du gouvernement Legault a le mandat de mettre en place le « bouclier contre l’inflation » présenté en campagne électorale. Ces mesures incluent un versement de 400 à 600 $ aux Québécois qui gagnent moins de 100 000 $, une somme de 2000 $ par année pour les aînés à bas revenu, une baisse d’impôt pour la classe moyenne et le plafonnement à 3 % de l’augmentation des tarifs gouvernementaux pour les quatre prochaines années. Un projet de loi sera déposé dans les premiers jours de la session pour réaliser ce dernier point.

Fred Beauchemin, député du Parti libéral

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Fred Beauchemin, député du Parti libéral

Contexte

Ex-directeur général et chef des marchés des capitaux de la Banque Scotia, Fred Beauchemin est la nouvelle figure économique du Parti libéral.

Défi

Nouvellement élu en 2022, Fred Beauchemin entend faire sa place au Parlement en talonnant le ministre des Finances Eric Girard sur son « bouclier contre l’inflation ». Le député libéral déplore que les mesures caquistes ne soient pas assez ciblées pour aider les Québécois ayant de faibles revenus à traverser la crise de l’inflation. Il veut que Québec augmente le crédit d’impôt pour solidarité. Plafonner la hausse des tarifs gouvernementaux à 3 %, comme le gouvernement promet de faire, « ça va dans la bonne direction », dit-il.

Climat tendu

Benoit Charette, ministre de l’Environnement

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Benoit Charette, ministre de l’Environnement

Contexte

C’est un retour pour Benoit Charette à la barre de l’Environnement. Alors que Montréal accueillera en décembre la COP15 des Nations unies sur la protection de la biodiversité, M. Charette devra démontrer le sérieux du gouvernement dans la lutte contre les changements climatiques.

Défi

Au cours de son mandat, le ministre de l’Environnement doit préciser comment le Québec atteindra sa cible de réduction de gaz à effet de serre (GES) de 37,5 % sous le niveau de 1990 d’ici 2030. À ce jour, le plan déposé par le gouvernement détaille des mesures pour atteindre 50 % de l’objectif. En matière de protection de l’eau, Québec entend aussi créer un Fonds bleu pour la protection des lacs et des rivières pour mettre aux normes les installations sanitaires et bonifier la lutte contre les plantes envahissantes.

Alejandra Zaga Mendez, députée de Québec solidaire

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Alejandra Zaga Mendez, députée de Québec solidaire

Contexte

Présidente de Québec solidaire depuis 2021, Alejandra Zaga Mendez a réussi à déloger de façon in extremis la députée libérale Isabelle Melançon dans la circonscription de Verdun lors de la dernière élection. Titulaire d’un doctorat en développement durable, elle devient le nouveau visage du parti en environnement.

Défi

Québec solidaire a souvent répété que l’environnement est sa priorité au Parlement. Au cours du mandat, Alejanda Zaga Mendez promet de multiplier les questions à Benoit Charette pour qu’il explique – plus tôt que tard – comment le gouvernement bonifiera son plan pour une économie verte afin d’atteindre les cibles en matière de réduction des GES. « Il est minuit moins une » pour atteindre ce qu’elle qualifie d’un minimum.

Prise de bec à Québec

Geneviève Guilbault, ministre des Transports

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Geneviève Guilbault, ministre des Transports

Contexte

La vice-première ministre n’est plus responsable des enjeux de la capitale au Conseil des ministres. En revanche, à la tête des Transports, elle a la responsabilité de convaincre le maire de Québec de la nécessité de creuser un troisième lien routier sous le fleuve et de présenter les études qui le justifient.

Défi

Députée dans la région de Québec, Geneviève Guilbault devra aussi passer beaucoup de temps à Montréal au cours du mandat, où les enjeux en matière de transports sont nombreux. En plus de gérer le prolongement de la ligne bleue du métro ou la mise en service de la première phase du REM, le gouvernement mettra de l’avant la notion de l’électrification des transports comme une pièce maîtresse de sa lutte contre les changements climatiques.

Étienne Grandmont, député de Québec solidaire

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Étienne Grandmont, député de Québec solidaire

Contexte

Député de Québec solidaire au centre-ville de Québec, Étienne Grandmont remplace Catherine Dorion au caucus du parti. Il aura entre autres le mandat d’être la voix des citoyens de la capitale qui s’opposent au troisième lien.

Défi

Cet ancien directeur de l’organisme Accès transports viables multipliera les sorties en faveur du développement du transport collectif. Il dit vouloir apporter « un cadrage scientifique » aux débats politiques et faire des liens entre les enjeux en matière de transports et la lutte contre les changements climatiques.

Un aspirant chef contre Dubé

Christian Dubé, ministre de la Santé

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Christian Dubé, ministre de la Santé

Contexte

François Legault vante abondamment les qualités de gestionnaire de Christian Dubé. En restant ministre de la Santé en ce début de deuxième mandat, ce dernier doit désormais livrer les promesses tant répétées pour améliorer l’accès aux soins de première ligne et désengorger les hôpitaux.

Défi

Christian Dubé a déposé dans le dernier mandat son « plan santé » et il doit maintenant le déployer. Les attentes sont immenses. Réaliser ce plan est « la priorité du mandat », dit-on au gouvernement, qui demande de la patience aux citoyens, car il faut « plusieurs années » pour le mettre en place. M. Dubé devra aussi créer une porte d’entrée unique numérique de prise de rendez-vous pour les citoyens avec un professionnel de la santé.

André Fortin, député du Parti libéral

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André Fortin, député du Parti libéral

Contexte

Seul député libéral à l’extérieur du Grand Montréal, André Fortin sera très visible au Parlement à titre de porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé. Il doit confirmer dans les prochains mois s’il sera de la course pour remplacer Dominique Anglade à la tête du Parti libéral.

Défi

André Fortin promet de talonner le ministre Christian Dubé sur le nombre élevé de demandes d’interventions chirurgicales en attente depuis le début de la pandémie. Avec les urgences qui débordent et l’accès difficile aux soins de première ligne, il se donne pour mission de traduire au Salon bleu « la détresse des citoyens ». Pour André Fortin, l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre mine la relance du système de santé. Il entend aussi démontrer que les solutions proposées par la CAQ sont des « outils administratifs » ayant des effets limités.

Flammèches en vue 

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation

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Bernard Drainville, ministre de l’Éducation

Contexte

L’ex-animateur de radio et ancien ministre péquiste Bernard Drainville fait un retour remarqué en politique avec la CAQ. Il succède à Jean-François Roberge à titre de ministre de l’Éducation.

Défi

La nomination de Bernard Drainville à l’Éducation a été l’une des surprises de la formation du Conseil des ministres. Au cours du mandat, M. Drainville devra mettre en place des stratégies pour augmenter de 30 000 le nombre de diplômés en formation professionnelle dans des secteurs stratégiques, comme la soudure ou l’électricité. La CAQ a aussi promis de créer une plateforme virtuelle pour offrir des services professionnels aux élèves en difficulté d’apprentissage. Le parti promet d’entreprendre une « révision en profondeur » des programmes de français.

Marwah Rizqy, députée du Parti libéral

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Marwah Rizqy, députée du Parti libéral

Contexte

Reconnue pour sa pugnacité en Chambre lors du dernier mandat, Marwah Rizqy rentre au Parlement en retrouvant son titre de critique de l’opposition officielle en éducation. Nouvellement maman, elle prévoit être présente quelques jours cet automne à Québec et prépare déjà des projets de loi.

Défi

La députée de Saint-Laurent à Montréal promet de talonner Bernard Drainville au sujet de la santé et de la sécurité des élèves dans les écoles. Elle s’inquiète que des élèves détiennent des armes blanches parce qu’ils craignent pour leur sécurité. Marwah Rizqy veut aussi mettre fin à « l’omerta » du personnel scolaire en balisant les limites de leur devoir de loyauté envers leur employeur, quand vient le temps de dénoncer des problèmes. L’enjeu de la qualité de l’air dans les classes sera aussi à son programme.

Une recrue contre le superministre

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie

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Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie

Contexte

Pierre Fitzgibbon a l’oreille de François Legault. On le surnomme désormais le superministre, puisqu’il cumule les portefeuilles de l’Économie, de l’Innovation, de l’Énergie, du Développement économique régional, en plus des enjeux touchant la métropole.

Défi

En ajoutant l’Énergie à sa liste de responsabilités, Pierre Fitzgibbon doit désormais composer avec la PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, avec qui ses relations ont parfois été tendues. Le gouvernement veut lancer des projets de construction de barrages, puisqu’il calcule qu’il faudra beaucoup d’énergie pour décarboner les secteurs industriels et attirer de nouveaux acteurs avec l’électricité du Québec. M. Fitzgibbon doit s’entendre avec Mme Brochu pour mettre en œuvre ses ambitions.

Haroun Bouazzi, député de Québec solidaire

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Haroun Bouazzi, député de Québec solidaire

Contexte

Nouvel élu de Québec solidaire à Montréal, Haroun Bouazzi – qui était jusqu’à tout récemment à la Banque de développement du Canada (BDC) – devient la nouvelle figure économique de l’équipe de Gabriel Nadeau-Dubois.

Défi

Après une campagne électorale où l’expression « taxes orange » a collé à QS, Haroun Bouazzi devra mettre de l’ordre dans la plateforme économique du parti et trouver de nouvelles stratégies pour la vulgariser. Au cours du mandat, M. Bouazzi entend souligner les incohérences du gouvernement dans ses projets économiques, qui éloignent selon lui le Québec de ses cibles pour lutter contre les changements climatiques.