Le parlement reprendra vie mardi. Huit semaines après les élections générales, les députés sont convoqués pour une courte session de l’Assemblée nationale. Si le discours d’ouverture de François Legault, teinté de vert, sera un moment marquant, le serment au roi, l’inflation et un cadeau aux aînés retiendront l’attention au cours des deux semaines de travaux.

Un discours teinté de vert

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

François Legault lors d’une rencontre du caucus caquiste le 9 novembre dernier

Avec un slogan électoral comme « Continuons » et un nouveau Conseil des ministres s’inscrivant dans la continuité, il ne faut pas s’attendre à ce que le discours d’ouverture de la session parlementaire réserve de grandes surprises mercredi. Comme le veut cet exercice traditionnel traçant la voie du mandat, François Legault reprendra ses promesses électorales — comme la réorganisation du réseau de la santé, le virage en soins à domicile, l’ajout de services pour les élèves en difficulté et l’accélération de la rénovation des écoles. Mais comme on a pu le constater dans ses prises de parole depuis sa victoire du 3 octobre, on s’attend à ce qu’il mette une touche de vert dans son discours en faisant de l’économie verte un thème important. Selon les signaux envoyés dans les dernières semaines, François Legault devrait insister sur l’importance de non seulement freiner le déclin du français, mais aussi renverser la tendance.

Une femme à la présidence, une controverse sur la vice-présidence

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La députée de Montarville, Nathalie Roy, deviendra présidente de l’Assemblée nationale mardi.

Avant ce discours d’ouverture, et comme le veut la procédure, le premier jour de la session parlementaire, mardi, sera consacré à l’élection de la présidence de l’Assemblée nationale. Une femme occupera ce poste pour la deuxième fois seulement de l’histoire, après Louise Harel en 2002-2003. La caquiste Nathalie Roy, ex-ministre de la Culture, succédera à François Paradis, qui a quitté la vie politique. Deux vice-présidents issus du gouvernement seront également nommés : Chantal Soucy et Sylvain Lévesque. La nomination de la troisième vice-présidence, qui revient à un membre de l’opposition officielle, a quant à elle tourné à la controverse au Parti libéral du Québec. Frantz Benjamin obtiendra le poste, qui était convoité par Marie-Claude Nichols. Cette dernière a été expulsée du caucus libéral parce qu’elle refusait les autres responsabilités que voulait lui confier Dominique Anglade. La décision a amplifié la contestation du leadership de Mme Anglade, qui a finalement démissionné. Marc Tanguay est devenu chef intérimaire du PLQ et croisera le fer avec François Legault au Salon bleu jeudi, lors de la première période des questions.

Serment au roi

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Les trois députés du Parti québécois n’ont pas prêté serment au roi. Résultat : ils ne peuvent siéger au Salon bleu et risquent l’expulsion s’ils s’y présentent mardi. Oseront-ils se rendre jusque-là ? Ils n’ont pas annoncé leur intention encore. De son côté, le gouvernement Legault déposera rapidement un projet de loi afin de rendre facultatif le serment au roi. Québec solidaire a aussi l’intention de présenter un texte législatif — il avait déjà déposé un projet de loi en ce sens au cours de la législature précédente. Après avoir refusé de le faire le jour de leur cérémonie de prestation de serment, ses députés ont prêté serment au roi la semaine dernière, en privé, afin de pouvoir siéger en Chambre cette semaine.

Projet de loi 1 jeudi

Le ministre des Finances, Eric Girard, déposera comme promis, de toute évidence jeudi, le projet de loi 1 du deuxième mandat du gouvernement Legault. L’objectif : plafonner la hausse des tarifs gouvernementaux à 3 % par année. Cette mesure fait partie du « bouclier anti-inflation » présenté par François Legault en campagne électorale. Le gouvernement souhaite que ce court projet de loi soit adopté d’ici la fin des travaux de la session le 9 décembre, un échéancier très serré. Mais si ce devait être reporté à la reprise de la session en février, il n’y aurait pas d’impact pour le contribuable : Québec a déjà adopté en novembre un règlement qui limite à 3 % l’augmentation des tarifs qui doivent être indexés au 1er janvier (comme le permis de conduire et l’immatriculation). QS fera pression pour que le gouvernement gèle les tarifs pendant un an.

Fitzgibbon et les tarifs d’Hydro-Québec

Pierre Fitzgibbon présentera aussi jeudi — vraisemblablement — son premier projet de loi depuis sa nomination comme ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. Il plafonnera l’indexation des tarifs d’Hydro-Québec, une autre promesse électorale. Ce ne serait pas exactement un copier-coller du projet de loi déposé par son prédécesseur Jonatan Julien en juin et mort au feuilleton avec le déclenchement des élections, dit-on en coulisses. Le principe restera toutefois le même : s’assurer que les tarifs n’augmentent pas au-delà de 3 %. Rappelons que sans cette mesure, les tarifs seraient majorés de 6,2 % au printemps en raison d’une loi que le gouvernement Legault avait lui-même fait adopter sous le bâillon en décembre 2019. Il avait décidé que les tarifs d’Hydro-Québec seraient haussés en fonction de l’inflation, mais il avait négligé à l’époque le risque que le coût de la vie augmente de façon importante dans l’avenir. Le nouveau projet de loi vise donc à corriger le problème.

Un cadeau aux aînés

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Eric Girard et François Legault lors de la présentation du « bouclier anti-inflation » de la CAQ en août

Après les chèques de 400 $ à 600 $ à tous ceux qui gagnent moins de 100 000 $, le ministre des Finances, Eric Girard, concrétisera un autre engagement dans sa mise à jour économique et budgétaire du 8 décembre. Il fera passer de 411 $ à 2000 $ le montant maximum du soutien financier versé aux personnes âgées de 70 ans et plus. La mesure fait partie du « bouclier anti-inflation » présenté en campagne. Elle bénéficie en particulier aux aînés les moins nantis. Elle coûterait 1,6 milliard de dollars, alors que les chèques de 400 à 600 $ représentent une facture de 3,5 milliards. Conséquence : le déficit prévu cette année va gonfler. Il se chiffrerait à 7,6 milliards (après le versement au Fonds des générations qui sert à réduire le poids de la dette), selon le cadre financier présenté par la Coalition avenir Québec en campagne. On connaîtra le 8 décembre le nouveau solde budgétaire prévu. La mise à jour témoignera aussi d’une préoccupation du gouvernement pour 2023 : les effets du ralentissement économique attendu.