(Ottawa) Le député bloquiste Mario Beaulieu a critiqué le premier ministre Justin Trudeau pour son usage limité du français lors de son témoignage à la Commission sur l’état d’urgence vendredi. À quelques exceptions près, la plupart des 76 témoins ont préféré répondre aux questions en anglais, même les francophones.

« On attendait avec impatience que le premier ministre donne l’exemple, qu’il rectifie la situation vendredi. Résultat : 12 petites minutes », a-t-il dénoncé durant la période des questions lundi.

« Utiliser le français le plus possible pour le gouvernement libéral est-ce que c’est ça ? 12 minutes sur cinq heures et demie ? Bravo champion ! »

La veille de son témoignage, le premier ministre avait déploré le fait « qu’il n’y ait pas eu assez de français » durant les audiences de la Commission et avait promis qu’il allait faire « des efforts » pour l’« utiliser autant que possible ».

Le français n’a finalement été qu’une anecdote dans son témoignage qui a duré une bonne partie de la journée.

Le premier ministre Trudeau n’étant pas présent à la période des questions lundi, c’est le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, qui a répondu. « J’ai témoigné moi-même devant la commission avec le ministre de la Sécurité publique mardi, a-t-il rétorqué. J’ai parlé moi-même en français. J’ai répondu aux questions qui étaient posées en anglais avec une réponse en français. »

M. LeBlanc, un Acadien du Nouveau-Brunswick, a lui aussi livré la majeure partie de son témoignage en anglais sauf lorsqu’il était question du Québec. « Je vais répondre surtout en anglais, mais il y aura peut-être des moments où je préférerais répondre en français », avait-il dit d’entrée de jeu.

La Commission sur l’état d’urgence n’avait pourtant pas lésiné sur les moyens pour assurer que les témoins qui le désirent puissent s’exprimer en français. Elle est présidée par le juge Paul Rouleau, un Franco-Ontarien, et sa co-procureure en chef, Shantona Chaudhury, est bilingue. La traduction simultanée était également offerte en tout temps pour que les avocats ou les témoins puissent s’exprimer dans la langue de leur choix.

Certains comme le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, David Vigneault, ont choisi de livrer leur version des faits entièrement en anglais. D’autres comme la sous-greffière au Bureau du Conseil privé, Nathalie Drouin, ont parfois alterné entre les deux langues. Un seul témoin a choisi de s’exprimer entièrement en français. Il s’agit de Steeve Charland, le leader du groupe québécois d’opposition aux mesures sanitaires les Farfaadas.