(Québec) Le Parti québécois a signé une « entente à rabais » pour son budget et son temps de parole à l’Assemblée nationale, déplore son chef, Paul St-Pierre Plamondon, qui se tourne maintenant vers les dons du public pour embaucher du personnel politique. Le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec, Simon Jolin-Barrette, déplore cette sortie.

« Dans des conditions impossibles et n’ayant aucun autre levier, nous avons réussi, à la dernière minute, à faire quelques gains modestes avant de signer une entente à rabais », a dénoncé M. St-Pierre Plamondon dans un message diffusé sur les réseaux sociaux. Il a refusé la demande d’entrevue de La Presse.

Le chef péquiste estime qu’un budget annuel de 570 000 $, un poste de chef parlementaire et 7 questions par cycle de 100 questions ne lui permettront pas de faire son travail correctement. Il a donc lancé une campagne de financement pour récolter 120 000 $ d’ici la fin de l’année afin de pourvoir les deux postes qu’« il [lui] manque » pour « compléter [son] équipe ».

Il a vertement critiqué la dynamique de négociation entre les partis politiques, qui s’est soldée par « un refus généralisé de [ses] demandes initiales et une proposition financière rendant [son] travail quasi impossible », et s’en est pris directement à la CAQ. Il croit que le parti de François Legault travaille activement à faire disparaître le PQ.

« La CAQ veut être certaine que le PARTI QUÉBÉCOIS ne se relèvera pas », a-t-il écrit.

« Vote de non-confiance »

Le leader parlementaire caquiste Simon Jolin-Barrette déplore la sortie du Parti québécois, qu’il trouve « dommage ». « M. St-Pierre Plamondon, lorsqu’il fait une telle sortie, c’est un vote de non-confiance envers son négociateur [le député] Joël Arseneau », a-t-il lancé.

On en a déjà donné plus au PQ. En fonction du règlement, le Parti québécois n’avait rien, seulement des budgets de députés indépendants. Nous, du côté du gouvernement, on a bonifié à trois reprises notre offre.

Simon Jolin-Barrette, leader parlementaire de la CAQ

« Ils se retrouvent avec un budget de près du double. Ils ont un chef parlementaire, avec un cabinet de chef, avec tout le temps de parole en plus de la sécurité, d’un véhicule de fonction et de tous les avantages qui vont avec ça », a énuméré M. Jolin-Barrette.

Pour le leader parlementaire de la CAQ, l’entente est « juste pour l’ensemble des formations politiques ». Son parti, dit-il, s’était engagé à reconnaître Québec solidaire et le Parti québécois comme groupes parlementaires. « Ils le sont, avec les ressources nécessaires pour effectuer un travail d’opposition », a-t-il dit.

Mais aux yeux de Paul St-Pierre Plamondon, la situation est injuste. Le Parti québécois et ses trois députés ont obtenu presque autant de voix que Québec solidaire et ses 11 élus (15,4 %), et plus que le Parti libéral (14,3 %) qui en a 19 (21 au lendemain des élections).

La CAQ a obtenu 41 % du vote et 72 % des sièges. Cette situation « exceptionnelle » aurait selon lui demandé des « mesures exceptionnelles » à l’Assemblée nationale pour corriger cette distorsion. Pour M. Jolin-Barette toutefois, on ne peut pas « faire fi de tous les précédents de l’Assemblée nationale ».

« Pourquoi il l’a signée ? »

Ce point de vue est partagé par le chef par intérim du Parti libéral, Marc Tanguay. « On n’a pas obtenu tout ce qu’on voulait. On a obtenu ce qu’il était raisonnable d’avoir. C’est la même chose que les trois autres partis. Je ne suis pas d’accord avec Paul St-Pierre Plamondon », a-t-il lancé.

À voir ce qu’écrit le chef péquiste sur les réseaux sociaux au sujet de l’entente, « je me demande pourquoi il l’a signée », a affirmé M. Tanguay. « Le Parti québécois va avoir beaucoup de temps de parole. Et il est clair que Québec solidaire va en avoir plus que le PQ, et nous, plus que Québec solidaire. Ça fonctionne ainsi. C’est une règle de base, on fonctionne par le nombre de députés qui sont prêts à se lever et à prendre la parole », a-t-il ajouté.

Le leader parlementaire de Québec solidaire, Alexandre Leduc, s’est dit satisfait de l’entente. Sa formation y fait des gains importants. QS obtient 31 questions par cycle de 100, contre 19 lors de la dernière législature, et son budget grimpe à 2,7 millions. « Nous sommes très satisfaits, d’autant plus qu’on partait d’un scénario où on n’était pas certains d’être reconnus. J’étais un peu inquiet », a lancé M. Leduc.

Il a dit comprendre la frustration de Paul St-Pierre Plamondon, mais a ajouté « ne pas avoir de solution magique pour réparer la distorsion ». « À tort ou à raison, le pourcentage de vote n’est pas pris en compte dans la répartition des questions [à] l’Assemblée nationale. Le danger pour nous, c’est que si on n’avait pas d’entente et qu’on devait aller plaider devant la présidence, on risquait de se ramasser avec pas grand-chose », a affirmé M. Leduc.

« J’ai préféré utiliser une stratégie où j’allais me sécuriser une reconnaissance, et avoir du temps de parole représentatif de mon poids dans les partis d’opposition. J’ai bien joué mes cartes », a-t-il ajouté.