(Ottawa) Le lieutenant pour le Québec du gouvernement de Justin Trudeau, Pablo Rodriguez, estime qu’il « pourrait y avoir plus de français » à la commission d’enquête sur le recours à la Loi sur les mesures d’urgence.

Il a fait ce bref commentaire mercredi avant-midi alors qu’il se rendait à la réunion hebdomadaire du caucus libéral.

Depuis le début de l’enquête publique présidée par le juge franco-ontarien Paul Rouleau, la vaste majorité des témoins entendus se sont exprimés en anglais, y compris durant la portion d’interrogatoire de leurs témoignages.

La traduction simultanée est offerte tout au long des travaux de la commission Rouleau et les témoins ont la liberté de s’exprimer dans la langue officielle de leur choix.

Questionnée à savoir si des témoins ayant comme langue maternelle le français devraient choisir plus fréquemment de s’exprimer dans cette langue, la députée franco-ontarienne et présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, a répondu que « ça serait vraiment le » fun » d’en entendre plus ».

« On va continuer à suggérer d’utiliser les deux langues officielles partout [et] à la Commission Rouleau, en plus, on a un juge francophone. On peut discuter avec lui dans les deux langues officielles », a-t-elle dit.

Elle était alors invitée à se prononcer à savoir si le fait que de hauts fonctionnaires aient opté pour la langue de Shakespeare reflète la culture qui prévaut dans la fonction publique fédérale.

« J’encourage les fonctionnaires à travailler dans les deux langues officielles », a-t-elle affirmé.

La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a pour sa part soutenu que la situation « démontre qu’on a encore beaucoup de travail à faire pour toute la question de promouvoir le français dans la fonction publique ».

Elle a évité de dire si elle jugeait acceptable qu’aussi peu de témoins décident de s’exprimer dans la langue de Molière.

Randy Boissonnault, ministre du Tourisme et député franco-albertain, a dit qu’il est « toujours un partisan du fait qu’on a une parité des langues officielles dans les évènements officiels ». Il a, du même souffle, suggéré aux journalistes de rediriger la question au juge Rouleau.

De l’avis du leader parlementaire bloquiste, Alain Therrien, il est on ne peut plus clair que le fait que de nombreux témoins choisissent l’anglais même s’ils ont la liberté de parler français témoigne d’une culture bien ancrée dans la fonction publique fédérale.

« On a beau dire “On aimerait ça qu’ils ne fassent pas ça”, mais il y a un contexte à l’intérieur de l’appareil public qui fait en sorte que ces gens-là utilisent l’anglais. C’est une évidence que le bilinguisme en est un de façade », a-t-il résumé en mêlée de presse.

Le conservateur Joël Godin voit dans cette situation une preuve de plus qu’il est nécessaire d’améliorer le projet de loi C-13 réformant la Loi sur les langues officielles.

« Il s’agit d’un autre exemple qui démontre à quel point le gouvernement n’arrive pas à proposer des solutions pour pallier le déclin du français », a commenté par écrit celui qui est le porte-parole de l’opposition officielle sur ce dossier.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a évoqué « un manque d’outils et de ressources nécessaires pour s’assurer que les gens puissent parler en français ».

Pourtant, les services d’interprètes seraient accessibles si, par exemple, un avocat ne maîtrisant pas le français devait interroger un témoin qui exerçait son droit de parler dans cette langue. La traduction anglaise lui serait disponible simultanément.

Appelé à préciser s’il considérait qu’il manquait de présence du français, M. Singh a répondu que « oui », que « c’est inquiétant » et que « c’est quelque chose qu’on doit régler ».