(Québec) Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, en est rendu à revendiquer pour sa formation politique « le droit d’exister » à l’Assemblée nationale, s’estimant réduit à réclamer « le strict minimum vital » pour effectuer son travail au Parlement, à compter du début de la prochaine session le 29 novembre.

Alors que les négociations entre les partis sont dans l’impasse, M. St-Pierre Plamondon se dit désormais prêt à faire un pas de recul et à revoir ses demandes à la baisse, en vue de conclure rapidement une entente sur la reconnaissance de son parti à l’Assemblée nationale, en tant que groupe parlementaire.

Insatisfaite des offres sur la table, l’opposition péquiste se sent lésée et injustement traitée par les trois autres partis représentés à l’Assemblée nationale, et plus particulièrement par le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette.

Le PQ se dit donc maintenant prêt à renoncer à ce que soit reconnu le poste de leader parlementaire de l’opposition péquiste, dans l’espoir que cela puisse contribuer à dénouer l’impasse. M. St-Pierre Plamondon souhaitait que le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, hérite du poste de leader du troisième groupe d’opposition en Chambre.

En entrevue téléphonique à La Presse Canadienne vendredi, M. St-Pierre Plamondon a rejeté du revers de la main les critiques de tous ceux qui estiment que le PQ s’est montré « trop gourmand », en croyant qu’il obtiendrait tous les avantages d’une pleine reconnaissance à l’Assemblée nationale, alors qu’il n’a réussi à faire élire que trois députés le 3 octobre.

Au contraire, le PQ « a été le moins gourmand des trois partis d’opposition », réplique M. St-Pierre Plamondon, convaincu que d’autres partis « sont traités différemment » par le gouvernement caquiste, prompt à préférer « la petite politique ». Il réclame un traitement équitable entre tous les partis d’opposition.

Normalement, pour obtenir une pleine reconnaissance, le règlement prévoit qu’un groupe parlementaire doit avoir fait élire au moins 12 députés ou avoir obtenu 20 % du vote.

« On demande le strict minimum vital pour exister en Chambre », estime M. St-Pierre Plamondon, contrarié en faisant le constat que la position gouvernementale actuelle « amplifie les distorsions » déjà importantes entre le pourcentage de votes recueillis par chaque parti et le nombre de sièges obtenus le 3 octobre.

« Il y a un minimum de fonctionnement qui ne nous est pas octroyé à date », dénonce le chef péquiste.

Trois revendications

Désormais, pour sortir de l’impasse, l’opposition péquiste réclame essentiellement trois choses : d’abord, un budget annuel de fonctionnement de 800 000 $ net (donc sans compter la rémunération du personnel de circonscription), alors qu’on lui offre jusqu’à maintenant 495 000 $. Ensuite, en ce qui a trait aux droits de parole, elle veut la garantie de pouvoir poser une des neuf questions par jour provenant des rangs de l’opposition. Enfin, le PQ tient à avoir un siège au Bureau de l’Assemblée nationale, le BAN, chargé de gérer notamment les différends entre parlementaires et de prendre les décisions relatives au fonctionnement de l’assemblée.

Voilà « une demande qui est réduite et très raisonnable », a fait valoir le chef péquiste, qui « tend la main » au gouvernement et aux leaders des autres partis d’opposition, en vue de planifier une rencontre dans les prochains jours et clore le dossier.

Pour un parti d’opposition, la reconnaissance officielle est un enjeu fondamental. Elle a un impact direct sur le financement accordé au groupe parlementaire et sur le temps de parole disponible pour qu’il puisse se faire valoir en Chambre, notamment à la période de questions.

Le PQ, qui n’a fait élire que trois députés, a tout de même recueilli 14,6 % du vote populaire, devançant le Parti libéral du Québec (PLQ), qui forme l’opposition officielle avec 14,3 % du vote recueilli et 21 députés (désormais 19).

Si rien ne bouge, le PQ devrait se contenter de 495 000 $, soit 7 % du budget total. L’opposition officielle libérale aurait 4,4 millions (64 %) et Québec solidaire, qui a fait élire 11 députés avec 15,4 % du vote, aurait 1,9 million (28 %).

Si le modèle proposé est retenu, le temps de parole réservé à chaque parti d’opposition se diviserait ainsi : pour chaque cycle de 100 questions, l’opposition libérale pourrait en poser 70, Québec solidaire 25 et le PQ seulement 5.

« Les libéraux ont 70 questions, j’en ai cinq ! et j’ai eu plus de votes qu’eux autres », rappelle le chef péquiste, pour illustrer l’impact réel de la distorsion sur sa formation politique.