(Québec) Limité par la loi à 20 adjoints parlementaires, François Legault crée un nouveau titre pour 22 élus caquistes, des « adjoints gouvernementaux », à qui il confère des dossiers, mais qui n’auront pas de prime salariale. Il aimerait remédier à cette situation dans une réforme parlementaire.

Le premier ministre a dévoilé vendredi l’identité des députés qui formeront son « équipe gouvernementale ». Vingt élus sont nommés adjoints parlementaires, dont Youri Chassin – un ancien de l’Institut économique de Montréal (IEDM), un groupe de réflexion de droite – à la santé, alors que la CAQ a promis durant les élections la création d’hôpitaux privés.

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Youri Chassin, député caquiste de Saint-Jérôme

Rappelons que sa collègue Pascale Déry, elle aussi une ancienne de l’IEDM, est ministre de l’Enseignement supérieur et est responsable du réseau universitaire.

Les adjoints parlementaires ont, en plus de leur salaire de base, une allocation additionnelle de 20 %, équivalant à près de 20 000 $. Ils touchent une indemnité totale de 121 873 $. Ce sont tous des députés de la cuvée de 2018 ou avant qui n’ont pas eu de place au Conseil des ministres.

Mais la Loi sur l’Assemblée nationale limite à 20 le nombre d’adjoints parlementaires, qui assistent un ministre « dans l’exercice de ses fonctions », et qui peuvent « répondre aux questions adressées au ministre ou en prendre avis en son nom ».

Gros caucus

Mais le caucus caquiste composé de 90 députés est très gros. Le cabinet du premier ministre a donc trouvé une nouvelle façon de « mettre leur expertise au profit des Québécoises et Québécois », en créant une fonction inédite, les « adjoints gouvernementaux ». Ils ont des dossiers, mais pas de chèque. Le groupe est formé majoritairement d’élus de la cuvée 2022, mais d’autres perdront leur prime, comme Sébastien Schneeberger, qui était leader parlementaire adjoint du gouvernement, et se retrouve adjoint gouvernemental au Transport et à la Mobilité durable.

« Sur papier, il n’y a pas de différence. Ils ont les mêmes responsabilités, la même influence. À nos yeux, il n’y a aucune distinction », a expliqué l’attaché de presse de M. Legault, Ewan Sauves. L’objectif de M. Legault était de mettre « tous les députés à contribution ».

Le cabinet du premier ministre est bien conscient de l’iniquité de traitement entre les adjoints parlementaires et les adjoints gouvernementaux, et souhaitera y remédier dans son projet de réforme parlementaire. « Ça pourra faire partie des discussions », a indiqué M. Sauves.

D’autres postes

Il ne reste qu’une poignée de députés caquistes qui n’ont pas de fonctions officielles, dont Luc Provençal (Beauce-Nord), les anciennes ministres Sylvie D’Amours (Mirabel) et Lucie Lecours (Les Plaines), François Jacques (Mégantic), Robert Bussière (Gatineau), Vincent Caron (Portneuf), André Bachand (Richmond), Jean-François Simard (Montmorency), Sylvain Lévesque (Chauveau), Chantal Soucy (Saint-Hyacinthe), et Nathalie Roy (Montarville).

Mme Roy devrait être élue présidente de l’Assemblée nationale. En plus de la présidente, trois vice-présidents forment la présidence de l’Assemblée. Deux d’entre eux sont issus du groupe parlementaire formant le gouvernement. Ces postes seraient confiés à Chantal Soucy et Sylvain Lévesque, selon Le Journal de Québec.

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Nathalie Roy, députée de Montarville, lors de sa prestation de serment au Salon rouge de l’Assemblée nationale

Il reste ensuite des postes primés de présidents et de vice-présidents de commission parlementaire, ainsi que des places au Bureau de l’Assemblée nationale. « Tout le monde a quelque chose », a affirmé M. Sauves.