(Québec) Paul St-Pierre Plamondon demande à François Legault de l’aider dans son refus de prêter serment au roi Charles III en déposant une motion, dès la reprise des travaux parlementaires, qui stipule que les élus québécois n’ont pas l’obligation de le faire afin de siéger au Salon bleu. Le chef du Parti québécois (PQ) estime que cette façon de faire permettrait aux députés qui le souhaitent d’éviter de faire ce serment sans perdre leur droit de siéger.

M. St-Pierre Plamondon avait indiqué dès son élection à titre de député de la circonscription de Camille-Laurin, dans l’est de Montréal, qu’il ne ferait pas une « génuflexion gênante et humiliante », selon les mots qu’il a utilisés lundi, afin de promettre allégeance au roi d’Angleterre, comme l’exige la Loi constitutionnelle de 1867.

Pour son premier point de presse au Parlement à titre de député élu, M. St-Pierre Plamondon a également invité le premier ministre François Legault, tout comme les autres chefs de parti, à permettre à tous leurs députés de faire le serment au roi ou non lors de leur assermentation cette semaine. Il leur a envoyé une lettre pour leur expliquer son raisonnement.

Le roi d’Angleterre est le pape de l’Église anglicane. Dans quel univers est-ce qu’on va obliger un élu québécois, qui est un État fondé sur la laïcité, […] à prêter serment envers le roi d’un État étranger qui, par surcroît, est le pape d’une église qui, dans mon cas, ne correspond absolument pas à mes idées et à mes convictions ?

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

L’Assemblée nationale répond au PQ

Dans une récente correspondance avec le secrétaire général de l’Assemblée nationale, Siegfried Peters, ce dernier a indiqué au chef du PQ que « la possibilité de modifier ou d’abolir le serment d’allégeance a déjà été évoquée », mais que jusqu’à ce jour, « l’Assemblée nationale n’a accompli aucun acte en ce sens ».

« Il ne m’appartient pas de prendre une décision à ce sujet. Par conséquent, d’ici à ce que le droit évolue, le cas échéant, je me dois de faire appliquer celui qui est en vigueur », a-t-il dit. Paul St-Pierre Plamondon n’a pas affirmé vendredi ce qu’il ferait s’il se voyait interdit de siéger au Salon bleu, advenant son refus de prêter serment au roi.

« Je suis un gars sympathique et de bonne foi et j’espère que tout le monde est sympathique et de bonne foi », a-t-il dit.

Des personnalités publiques ont également dénoncé l'obligation des députés de prêter allégeance à la Couronne britannique dans une vidéo publiée lundi sur Twitter par un groupe indépendantiste.

Québec n’est pas fermée à l’idée

Ewan Sauves, l’attaché de presse du premier ministre, n’a pas fermé la porte lundi à ce que le gouvernement dépose une motion à la reprise des travaux, comme le demande Paul St-Pierre Plamondon. Il a ensuite précisé que le gouvernement privilégie toutefois l’adoption d’un projet de loi ou d’une réforme parlementaire.

On est d’accord pour mettre fin à l’obligation de prêter serment au roi. On préférerait également prêter allégeance seulement au peuple du Québec. Mais pour faire ce changement, les députés doivent pouvoir siéger. Quand l’Assemblée nationale reprendra ses travaux, nous pourrons travailler avec les oppositions sur comment faire ce changement.

Ewan Sauves, attaché de presse du premier ministre François Legault

Tous les députés de la Coalition avenir Québec (CAQ) prêteront toutefois serment au roi cette semaine. « Nous avons mené des vérifications auprès des juristes au gouvernement et on nous confirme que les deux serments doivent être respectés afin qu’un député puisse siéger. Ainsi, les députés de la CAQ se conformeront aux règles actuelles », a rappelé M. Sauves.

Jérémy Ghio, le directeur des communications de la cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade, a pour sa part indiqué que « ce sera discuté en caucus le jour où cette motion sera déposée ».

« Pour l’instant, nous avons d’autres priorités sur lesquelles travailler comme la situation économique et le système de santé », a-t-il dit. En juin dernier, les libéraux ont bloqué l’adoption d’un projet de loi déposé par Québec solidaire (QS) afin d’abolir, pour tous les députés, le serment d’allégeance à la monarchie britannique.

Avec Fanny Lévesque