(Québec) Le premier ministre François Legault envisage de scinder le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, une idée proposée notamment par Pierre Fitzgibbon, qui se voit à la tête d’un superministère de l’Économie.

M. Legault dévoilera la composition de son nouveau Conseil des ministres le jeudi 20 octobre. La cérémonie de prestation de serment des 90 députés caquistes se tiendra deux jours plus tôt, le mardi. D’ici là, le mot d’ordre est que les discussions autour de la composition du cabinet ministériel restent étanches : on ne veut pas de mine déconfite au Salon rouge mardi prochain.

Environ le tiers du caucus aura une place à la table du Conseil des ministres. « Ça va être des choix déchirants », disait François Legault la semaine dernière.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre François Legault

En campagne électorale, il a assuré que Christian Dubé resterait à la Santé, tout en évoquant le maintien de deux ministres délégués – en plus de Lionel Carmant, l’ex-PDG du CISSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal Sonia Bélanger deviendrait responsable des Aînés avec pour mission de développer les soins à domicile.

Eric Girard (Finances) et Pierre Fitzgibbon (Économie) conserveraient leurs fonctions, mais ce dernier souhaite élargir ses responsabilités et devenir en quelque sorte un superministre de l’Économie, comme a pu l’être Bernard Landry.

Selon sa vision, d’autres ministres relèveraient de lui, comme celui des Relations internationales dans le contexte où les délégations du Québec à l’étranger ont une vocation économique plus importante qu’auparavant.

Pierre Fitzgibbon milite pour scinder l’Énergie et les Ressources naturelles, qui font en ce moment partie d’un seul ministère. Une réflexion est en cours à ce sujet, confirme-t-on au cabinet de François Legault.

En matière d’énergie, les enjeux sont importants. François Legault a promis de relancer la construction de barrages hydroélectriques. Pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050 et répondre à une demande accrue, « il va falloir construire un demi-Hydro-Québec dans les prochaines années », disait-il. C’est « le plus grand chantier économique et écologique de l’histoire du Québec ». François Legault veut aussi augmenter la production d’énergie éolienne. Le développement de la filière des batteries électriques fait également partie des priorités de la Coalition avenir Québec (CAQ) depuis son arrivée au pouvoir en 2018.

Dans les dernières années, Hydro-Québec a déjà étudié l’idée d’un nouveau barrage sur la rivière du Petit Mécatina, sur la Côte-Nord, dans la circonscription de la nouvelle élue caquiste Kateri Champagne Jourdain (Duplessis), qui était jusqu’à tout récemment directrice des relations avec le milieu du projet de parc éolien Apuiat. C’est la première femme autochtone à faire son entrée à l’Assemblée nationale, et plusieurs à la CAQ la voient au Conseil des ministres avec un portefeuille économique.

Plusieurs élus caquistes convoitent cependant des fonctions de nature économique.

C’est le cas entre autres de Simon Jolin-Barrette – que beaucoup voient toujours ministre de la Justice – et de Geneviève Guilbault. Leur objectif est d’élargir leur palette d’expériences. Sonia LeBel partage ce souhait et veut quitter le Trésor. On la voit à l’Éducation ; elle n’a pas dirigé de « ministère à réseau » jusqu’ici.

La réflexion est en cours depuis quelques mois déjà, mais le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs pourrait être démantelé. La Forêt irait aux Ressources naturelles ; la Faune et les Parcs, à l’Environnement – un ministère qui, par ailleurs, serait étroitement associé à la transition énergétique afin de lui donner un rôle un peu plus économique.

Réélu dans Abitibi-Est, Pierre Dufour perdrait ses fonctions de ministre de la Forêt. Son maintien au cabinet est incertain. À la CAQ, on souligne la victoire de son voisin de circonscription, Daniel Bernard, qui a battu la députée sortante de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, de Québec solidaire. Il était conseiller municipal de Rouyn-Noranda et a déjà siégé comme député libéral à l’Assemblée nationale.

Geneviève Guilbault savait depuis juin qu’elle ne serait plus ministre responsable de la Capitale-Nationale. Il pourrait y avoir un ministre responsable de la grande région de la capitale, regroupant Québec et la Rive-Sud.

François Legault veut en faire une « deuxième métropole ». Bernard Drainville pourrait hériter de ce poste, tout comme du portefeuille des Transports, aux commandes du troisième lien. Sa voisine de circonscription et autre recrue, Martine Biron, pourrait obtenir l’Enseignement supérieur, selon ce qui circule à la CAQ.

Parmi les autres recrues qui reviennent dans les discussions au sujet du Conseil des ministres, on compte Céline Haytayan, qui était responsable des affaires internationales de la multinationale Ubisoft, et l’ancienne présidente de l’Union des municipalités du Québec Suzanne Roy.

On voit mal comment Andrée Laforest perdrait son siège au Conseil des ministres et ses responsabilités de représenter le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Réélue dans Chicoutimi, elle a obtenu le plus haut pourcentage de voix parmi les 90 députés caquistes (62,3 %).