(Edmonton) Danielle Smith est officiellement devenue première ministre de l’Alberta, mardi, et a immédiatement indiqué qu’elle tiendrait ses promesses de campagne quant à la fin de la vaccination obligatoire et des restrictions sanitaires, tout en adoptant une approche plus conflictuelle avec le gouvernement fédéral.

« La liberté est fondamentale », a déclaré Mme Smith après avoir été assermentée par la lieutenante-gouverneure Salma Lakhani lors d’une cérémonie tenue à la résidence Government House d’Edmonton. L’évènement était fermé au public.

« Les Albertains ont vécu tellement de choses au cours des deux dernières années et demie. Nos droits et libertés ont été mis à l’épreuve », a-t-elle souligné.

« En tant que cheffe de ce gouvernement, je veillerai à ce que ces droits et libertés soient protégés et ne soient plus jamais tenus pour acquis. Ensemble, nous nous lèverons pour défendre les droits des Albertains en vertu de la Charte ainsi que pour défendre les droits exclusifs de l’Alberta sur nos domaines de compétence provinciale, qui sont clairement énumérés dans la Constitution du Canada », a-t-elle ajouté.

En plus de son rôle de cheffe du gouvernement, Mme Smith sera aussi ministre des Affaires intergouvernementales. Elle prévoit d’ailleurs annoncer un remaniement ministériel le 21 octobre.

Avant la prestation de serment, Jason Kenney a officiellement remis sa démission en tant que premier ministre.

Mme Smith, l’ancienne cheffe du parti Wildrose et ancienne journaliste, a remporté la course à la direction du Parti conservateur uni la semaine dernière pour remplacer M. Kenney en tant que chef et premier ministre. M. Kenney avait annoncé qu’il démissionnait des mois plus tôt à la suite d’un vote de confiance à l’issue duquel il n’avait obtenu que 51 % des appuis.

La politicienne de 51 ans ne siège actuellement pas à l’Assemblée législative de l’Alberta, mais elle a annoncé samedi qu’elle briguerait le siège de la circonscription de Brooks-Medicine Hat, dans le sud-est de la province, au cours d’une élection partielle, même si elle ne vit pas dans la région.

Ce siège est devenu libre lorsque l’actuelle députée, Michaela Frey, a démissionné vendredi. Mme Frey avait déjà indiqué qu’elle n’avait pas l’intention de se présenter à nouveau aux élections provinciales de 2023.

Danielle Smith a remporté la course à la direction du Parti conservateur uni face à six autres aspirants. Elle a présenté son projet de loi sur la souveraineté comme étant une initiative qui brise les paradigmes contre ce qu’elle a appelé l’intrusion « anarchique » de M. Trudeau dans des juridictions provinciales, dont le développement énergétique et les règles sanitaires liées à la COVID-19.

Respect de la justice

Le principal conseiller de Danielle Smith a reconnu que l’éventuel projet de loi sur la souveraineté respecterait tout de même les décisions rendues par la Cour suprême du Canada.

Il s’agit d’un premier recul par rapport à la promesse initiale formulée par Mme Smith lors de la récente course à la direction du Parti conservateur uni.

Rob Anderson, qui a présidé la campagne de Mme Smith pour la direction et qui est maintenant le directeur exécutif de son équipe de transition, a assuré en fin de semaine à la CBC que la loi sur la souveraineté proposée par la nouvelle cheffe ne permettrait pas à l’Alberta d’ignorer les décisions de la Cour suprême.

Le porte-parole de Danielle Smith, Jonah Mozeson, a refusé de répondre à des questions spécifiques sur la déclaration de Rob Anderson. M. Mozeson a tout de même écrit que « comme l’a dit la première ministre désignée, la loi sur la souveraineté sera rédigée conformément à de solides principes constitutionnels […] conformément à la primauté du droit. »

Le mois dernier, Danielle Smith a précisé que la loi sur la souveraineté ne serait utilisée que dans des circonstances spéciales et qu’elle nécessiterait le consentement de la législature.

Elle avait également souligné que l’Alberta ne s’estimerait pas liée par les tribunaux. Dans un communiqué publié le 6 septembre, elle a écrit : « Si un tribunal suspend ou juge que les actions entreprises par la province en vertu d’une motion spéciale spécifique de la loi sur la souveraineté de l’Alberta sont inconstitutionnelles, alors le gouvernement et la législature devront examiner les actions de la motion spéciale en question et décider si oui ou non de ne pas les modifier, y mettre fin ou les poursuivre, comprenant les implications juridiques qu’une telle décision pourrait entraîner ».

Le sujet de la loi sur la souveraineté a dominé le débat tout au long de la campagne à la direction qui a duré tout l’été pour remplacer Jason Kenney en tant que chef du parti et premier ministre. M. Kenney a déclaré qu’il s’agissait d’un plan illégal et dangereux voué à déclencher le chaos économique, car les Albertains, les investisseurs et les entreprises ne sauraient pas quelles lois ils devaient suivre.

La lieutenante-gouverneure de l’Alberta, Salma Lakhani, est entrée dans le débat à un certain moment, affirmant qu’elle avait le devoir de ne pas promulguer un projet de loi qui viole la Constitution.

Danielle Smith a déclaré que la loi sur la souveraineté sera présentée lors de la toute prochaine session d’automne.