La cheffe libérale, Dominique Anglade, devrait faire preuve de plus « d’ouverture » et accepter de reconnaître Québec solidaire et le Parti québécois comme des groupes parlementaires, un statut qui leur permettrait d’obtenir plus de budget et de temps de parole au Salon bleu.

C’est du moins que ce pense la vice-première ministre sortante, Geneviève Guilbault, qui a lancé cette invitation à son adversaire lors du premier caucus de la Coalition avenir Québec (CAQ), jeudi, à Brossard.

« Nous, on a dit qu’on allait démontrer beaucoup d’ouverture, mais c’est certain qu’on va avoir besoin du Parti libéral, donc j’inviterais Mme Anglade à participer à cet élan d’ouverture mutuelle qu’on a tous les uns pour les autres depuis lundi », a-t-elle alors déclaré.

La veille, lors du caucus postélectoral du Parti libéral du Québec à Yamachiche, en Mauricie, Dominique Anglade avait refusé de dire si elle souhaitait voir QS et le PQ officiellement reconnus comme groupes parlementaires.

Ceux-ci ont respectivement fait élire 11 et 3 députés tout en récoltant 15,43 % et 14,61 % des votes exprimés (soit plus que le Parti libéral du Québec [PLQ] et ses 14,37 %).

Pour être reconnu comme groupe parlementaire, un parti doit avoir obtenu 20 % des voix ou fait élire 12 députés. Ce statut permet aux partis de l’opposition d’avoir plus de budget et de temps de parole au Salon bleu, notamment.

Ce statut peut être accordé à d’autres formations politiques qui ne remplissent pas ces critères si tous les partis reconnus l’acceptent de façon consensuelle.

Dominique Anglade lie toutefois son appui à leur reconnaissance au dépôt, par le gouvernement, d’une réforme du parlementarisme. « S’il n’y a pas d’ouverture du gouvernement par rapport à une réforme parlementaire, ça va être très difficile », a-t-elle précisé mercredi.

Mêler les cartes

Mais pour le député péquiste Joël Arseneau, la cheffe libérale « mêle les cartes ». S’il est nécessaire de revoir le mode de scrutin, selon lui, la reconnaissance de son parti et de QS comme groupes parlementaires relève d’un autre enjeu.

« On a obtenu plus de votes que le PLQ et ce sont les distorsions du mode de scrutin qui font qu’on a moins de députés. À leur face même, c’est une aberration pour une majorité de Québécois », a-t-il expliqué en entrevue.

Qui plus est, la non-reconnaissance de QS et du PQ aurait le potentiel de provoquer un casse-tête législatif qui engluerait le fonctionnement de l’Assemblée nationale. En effet, à l’exception du président de l’Assemblée nationale, qui n’est membre d’aucun groupe parlementaire, les députés n’appartenant à aucun groupe siègent à titre de députés indépendants, stipule le site internet de l’institution.

« [Les libéraux] vont se rendre compte que c’est dans leur propre intérêt de pouvoir reprendre les travaux parlementaires à la mi-novembre, avec des façons de faire qui vont être efficaces, ce qui ne sera pas le cas si on a 14 députés indépendants », croit Joël Arseneau.

QS n’a pas souhaité commenter les discussions qui auront lieu dans ce dossier.

Avec Frédérik-Xavier Duhamel, La Presse