(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau affirme que le Québec a déjà tous les outils dont il a besoin en matière d’immigration pour choisir la très grande majorité des immigrants qui arrivent sur son territoire.

M. Trudeau tente ainsi de couper court à toute forme de négociations visant à transférer de nouveaux pouvoirs au Québec en immigration, comme l’a évoqué durant la campagne électorale le premier ministre du Québec François Legault comme moyen de renverser le déclin du français dans la province.

M. Trudeau a aussi affirmé que de nombreux dirigeants d’entreprises du Québec lui ont fait part de la grave pénurie de main-d’œuvre qui frappe la province et que l’immigration représente un élément important de la solution à ce problème.

« Par rapport à l’immigration, le Québec a déjà tous les outils s’il veut avoir plus d’immigrants francophones, s’il veut accepter plus d’immigrants », a déclaré M. Trudeau, en réponse à une question du chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet à la Chambre des communes.

« Ils ont tous les outils et on va volontiers travailler avec lui pour s’assurer que l’on s’attaque à la pénurie de main-d’œuvre, qu’on aide les communautés à croître et qu’on protège le français en même temps », a-t-il ajouté du même souffle.

M. Blanchet a rétorqué que M. Trudeau ne pouvait écarter d’un revers de la main la demande d’un premier ministre qui a obtenu un mandat fort des électeurs du Québec lundi.

« Est-ce qu’il a pensé à en discuter avec un premier ministre qui a à peu près les trois quarts des sièges au Québec plutôt que de prétendre à distance que c’est son meilleur ami ? », a lancé M. Blanchet.

M. Trudeau a répondu que l’immigration constitue une « richesse » pour le Québec, surtout dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.

« Le gouvernement du Québec dispose d’assez de contrôle sur l’immigration pour doubler le nombre d’immigrants qu’il accepte maintenant. On serait volontiers ouvert pour travailler avec eux s’ils veulent le faire, s’ils veulent accueillir plus d’immigrants francophones. On est là pour les aider », a-t-il affirmé.

« On sait que les entreprises à travers le Québec font face à une pénurie de main-d’œuvre. On sait qu’on en a besoin pour la croissance économique. Mais on sait aussi que les immigrants apportent une richesse profonde à la vie québécoise. Nous allons toujours être là pour travailler main dans la main pour améliorer le sort de tous les Québécois », a-t-il dit.

Avant la période de questions, le lieutenant politique de M. Trudeau au Québec, Pablo Rodriguez, a également soutenu que le Québec a tous les pouvoirs nécessaires en matière d’immigration. En vertu de l’entente Québec-Ottawa, la province peut accueillir 23 % des immigrants chaque année, soit l’équivalent de son poids démographique, plus une marge de 5 %, pour un total de 28 %. Mais à l’heure actuelle, il n’accueille que 13 % des immigrants.

« Québec peut faire ce qu’il veut. Il a déjà tous les moyens de le faire. […] L’écart entre les deux, l’écart entre ce qu’il choisit et ce qu’il peut choisir, c’est 66 000 immigrants qu’il peut choisir, 100 % des francophones. Il peut le faire demain matin s’il veut. […] C’est Québec qui fixe son seuil », a-t-il expliqué.

Durant la campagne électorale au Québec, François Legault a évoqué l’idée de tenir un référendum sectoriel sur l’immigration pour forcer la main au gouvernement Trudeau. M. Legault a aussi indiqué qu’il souhaite maintenir le seuil de nouveaux arrivants que le Québec accueille chaque année à 50 000.

Actuellement, l’immigration est une compétence partagée entre Québec et Ottawa. L’idée de la consultation populaire serait de demander aux électeurs d’appuyer la démarche visant à ce que le Québec contrôle davantage son immigration.

Durant la campagne, M. Legault a aussi tenu des propos controversés en faisant un lien maladroit entre l’immigration et la violence au Québec. Il a été contraint de présenter ses excuses.