(Ottawa) La députée conservatrice de l’Ontario Leslyn Lewis se dit convaincue que Pierre Poilievre veillera à ce que toutes les voix du caucus du parti soient entendues, alors que certains appellent à ce qu’il nomme Mme Lewis à un poste de porte-parole.

Mme Lewis s’est présentée à la récente course à la direction des conservateurs et a terminé loin derrière, au troisième rang, au premier tour de scrutin qui s’est conclu par une victoire écrasante de M. Poilievre.

Elle est issue de l’aile conservatrice sociale du parti. Elle s’affiche « pro-vie » et a attaqué M. Poilievre à plusieurs reprises pendant la course pour ne pas avoir parlé de l’avortement.

M. Poilievre fait maintenant face à des appels de certaines organisations antiavortement pour qu’il nomme Mme Lewis comme porte-parole dans son cabinet d’opposition en signe de respect envers la base conservatrice sociale du parti.

Le nouveau chef a déjà nommé les personnes qui occuperont des postes dans son entourage rapproché, mais des députés conservateurs s’attendent à ce qu’il annonce de nouvelles nominations pour son cabinet fantôme après la fin de semaine de l’Action de grâce.

Lors d’une brève mêlée de presse à Ottawa, mardi, Mme Lewis a affirmé qu’elle a parlé à M. Poilievre depuis la fin de la course, le mois dernier, et qu’« il a peu parlé et beaucoup écouté ».

« Il voulait entendre ce que j’avais sur le cœur et il a été très respectueux », a souligné la députée ontarienne.

Interrogée à propos du prochain rôle qui pourrait lui être confié, Mme Lewis a rappelé que « c’est important que Pierre place les bonnes personnes dans les bonnes chaises ».

Mme Lewis s’était aussi présentée à la course à la direction du parti en 2020, lorsqu’Erin O’Toole est devenu chef. Elle avait une fois de plus terminé troisième. En 2021, elle a été élue comme députée d’Haldimand-Norfolk, mais M. O’Toole ne lui avait pas confié de rôle de porte-parole.

Le fait qu’elle soit écartée du cabinet fantôme avait déplu à de nombreux conservateurs sociaux, qui ont critiqué ouvertement M. O’Toole jusqu’à ce que ses propres députés votent pour le démettre de ses fonctions, en février dernier.

M. Poilievre a promis qu’un gouvernement conservateur dont il serait premier ministre ne présenterait ou n’adopterait pas de loi restreignant l’avortement. Il a également répété qu’il continuerait à permettre aux députés de son parti de voter librement sur les questions de conscience.

Points communs et divergences

Comme M. Poilievre, Mme Lewis est une figure populaire au sein de la base du parti.

Tous deux ont appuyé la manifestation du « convoi de la liberté » qui s’est organisée l’hiver dernier au centre-ville d’Ottawa. Pendant la course, ils ont tous deux rencontré individuellement l’adjudant James Topp, un réserviste de l’armée qui fait face à une cour martiale pour s’être prononcé publiquement, alors qu’il portait son uniforme, contre l’obligation pour les membres de l’armée d’être vaccinés contre la COVID-19.

Toutefois, certaines positions de Mme Lewis ont fait sourciller les membres du parti, comme ses attaques dirigées envers le Forum économique mondial. L’organisation internationale non gouvernementale est devenue la cible de théories du complot tout au long de la pandémie.

Au cours de ses premières semaines comme chef, M. Poilievre a martelé son message économique sur la lutte contre l’inflation et le coût de la vie, dont il a fait la priorité des conservateurs.

Outre Mme Lewis, M. Poilievre doit aussi décider s’il confiera un poste à Scott Aitchison, un député de l’Ontario qui a terminé dernier dans la course à la direction.

Il y a actuellement 118 députés conservateurs à la Chambre des communes, y compris le chef. M. Poilievre avait l’appui de 62 d’entre eux pendant la course à la direction, ce qui lui donne une longue liste de candidats pour former son cabinet fantôme.