Un peu plus de deux semaines après la mort de la reine Élisabeth II, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) a lancé samedi une pétition réclamant « l’abolition de la monarchie » au Québec. L’organisme affirme que les Québécois sont « très majoritairement contre le système monarchique ».

« Tous les résultats des études sur la question vont dans ce sens : la monarchie est un système qui nous est imposé, malgré nous. Pourtant, on nous la présente sur toutes les tribunes comme quelque chose de positif, à l’image d’un vaste concours de personnalité que nous devrions tous apprécier », martèle la présidente de générale de la SSJB, Marie-Anne Alepin, qualifiant la monarchie « d’antidémocratique et archaïque ».

Son groupe veut faire « l’ultime démonstration de l’opposition des Québécois » en lançant une pétition, publiée samedi matin sur le site nonalamonarchie.quebec. « Nous souhaitons vivre dans une société moderne et démocratique où tous les humains sont égaux en droits », lit-on dans le texte de la pétition.

« En confiant la charge de chef d’État et des forces armées du Canada à un roi étranger muni du droit “divin », la monarchie impose au peuple québécois de rompre avec sa volonté de constituer un État laïque et de déroger au principe de l’égalité de tous devant la loi. Par conséquent, cela consacre une intrusion insoutenable de la religion dans les affaires de l’État », insistent aussi les auteurs.

« Une téléréalité, une saga »

Pour Mme Alepin, la réalité de la monarchie est qu’elle « n’est rien de mieux qu’une téléréalité, une saga qui nous coûte immensément cher, et ce, sur plusieurs plans, que ce soit démocratique, symbolique ou financier ». « Les changements politiques d’importance démarrent tous par une démonstration de force du ralliement populaire. Cette pétition, c’est l’occasion pour les Québécois de se mobiliser et d’affirmer haut et fort notre volonté de changement », a-t-elle insisté samedi.

« Nous, Québécoises et Québécois, refusons d’être “sujets” de “Sa Majesté” et de vivre dans un régime où les citoyennes et citoyens sont assujettis à un monarque de droit divin », conclut-on dans la pétition.

Celle-ci est d’ailleurs co-signée par le président du Mouvement Québec, Maxime Laporte, la présidente du Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ), Thérèse David, le professeur et président de l’Institut de recherche sur l’autodétermination des peuples et les indépendances nationales (IRAI), Daniel Turp, et le président de Droits collectifs Québec, Étienne-Alexis Boucher.

Sur la scène politique, le décès de la reine avait aussi causé son lots de débats, en pleine campagne électorale québécoise. « Bien que j’offre aussi mes condoléances à la famille, je m’oppose à ce que la nation québécoise mette son drapeau en berne. François Legault ne devrait pas traiter la reine d’Angleterre en chef de l’État québécois ni donner de crédibilité à un régime colonial britannique illégitime au Québec », avait notamment martelé le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon.

« Une connaissance minimale de notre histoire et un respect de base pour notre devise Je me souviens devraient nous amener à nous abstenir de mettre notre drapeau québécois en berne, tout en étant très respectueux pour la famille et le peuple anglais qui vit un deuil », avait poursuivi M. Plamondon.

« Je pense qu’au Québec, on devrait avoir, le plus tôt possible, un système politique différent, plus démocratique, où il n’y a pas de monarchie », avait aussi évoqué le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.