(Ottawa ) Le lieutenant politique au Québec du nouveau chef conservateur Pierre Poilievre, le député Pierre Paul-Hus, se dit convaincu que l’entente conclue entre le gouvernement Trudeau et le NPD, censée assurer la survie des libéraux minoritaires aux Communes jusqu’en juin 2025, ne tiendra pas le coup.

Selon lui, le Nouveau Parti démocratique (NPD) s’est de plus en plus marginalisé depuis qu’il a conclu cette entente en mars, tandis que les libéraux de Justin Trudeau, guidés par la soif du pouvoir, n’hésiteront pas à provoquer des élections s’ils estiment que cela est à leur avantage et que les sondages leur sont le moindrement favorables.

Résultat : Pierre Paul-Hus se lancera sous peu à la recherche de candidats susceptibles de porter la bannière du Parti conservateur au prochain scrutin, a-t-il indiqué dans une entrevue accordée à La Presse.

« Il faut que l’on commence à se préparer maintenant. On ne peut pas attendre. L’entente entre le NPD et les libéraux pourrait tomber à tout moment. On n’a pas le choix », a affirmé M. Paul-Hus, qui a été membre de la force de réserve pendant 22 ans et qui a été lieutenant-colonel d’un régiment de 2003 à 2007.

En vertu de l’entente, le NPD s’engage à appuyer le gouvernement libéral minoritaire à la Chambre des communes lors des votes de confiance qui portent notamment sur les budgets. En contrepartie, le gouvernement Trudeau s’est engagé à mettre en œuvre certaines mesures chères au parti de Jagmeet Singh, notamment la création d’un programme national de soins dentaires pour les familles moins nanties.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Pierre Poilievre et Pierre Paul-Hus lors d’un rassemblement à Lévis dans le cadre de la course à la direction du Parti conservateur du Canada, en mai dernier

En prévision de la prochaine campagne, les coffres du Parti conservateur sont déjà bien garnis après une course à la direction qui a permis de recruter quelque 670 000 membres — un record pour une formation politique sur la scène fédérale.

Économie, économie et économie

En plus de recruter des candidats, M. Paul-Hus compte lancer une campagne auprès des communautés culturelles de la région de Montréal au cours des prochains mois afin de les convaincre que le Parti conservateur est la meilleure option pour remplacer le gouvernement libéral.

Il veut aussi faire éclater la perception qui subsiste selon lui à l’ouest de Trois-Rivières selon laquelle le Parti conservateur est une simple réincarnation du Parti réformiste.

« Vu que le Parti conservateur est très concentré dans la région de Québec, mon job en tant que lieutenant politique sera de tendre des perches au monde des affaires, aux communautés culturelles et aux autres régions du Québec. Avec mon expérience des dernières années, je me suis aperçu qu’à l’est de Trois-Rivières, voter conservateur, c’est naturel. Mais à l’ouest de Trois-Rivières, les gens ont l’impression que c’est un parti de l’ouest du pays à la Reform Party », a expliqué M. Paul-Hus.

« Dans la région de Québec, en Beauce ou à Lac-Mégantic, on vote conservateur, et c’est naturel, fait-il remarquer. Il faut passer le message que le Parti conservateur du Canada est un parti de droite. »

Nous sommes des conservateurs qui s’assument. Nous sommes une coalition de différents types de conservatisme. Il y a des progressistes, des libertariens, des conservateurs sociaux. Mais tous ensemble, notre priorité absolue — et c’est particulièrement vrai dans le cas de Pierre Poilievre —, c’est l’économie, l’économie et l’économie.

Pierre Paul-Hus

Selon M. Paul-Hus, qui conseillera aussi M. Poilievre sur les questions de sécurité nationale et de défense, quand son chef affirmait durant la course au leadership qu’il voulait faire du Canada « le pays le plus libre au monde », cela englobe surtout la « liberté économique ».

« S’assurer que les jeunes adultes aient la liberté de faire ce qu’ils veulent avec leur argent, pour vivre, pour acheter une maison, par exemple, c’est ce qui manque en ce moment. Cette liberté économique, elle est accessible seulement aux gens qui ont de l’argent en ce moment. Elle n’est pas accessible à ceux qui n’ont pas une cenne », a-t-il avancé.

Dans l’immédiat, la priorité de M. Paul-Hus, qui a été élu pour la première fois en 2015 quand les conservateurs ont été relégués sur les banquettes de l’opposition officielle, sera d’assurer l’unité du caucus du Québec.

En entrevue, M. Paul-Hus est revenu sur la démission d’Alain Rayes. Il a tenu à remercier son ancien collègue pour le travail qu’il a fait lorsqu’il était lieutenant politique.

« Je remercie Alain pour ce qu’il a fait pour le Parti conservateur lorsqu’il était lieutenant. Il a fait un excellent travail. Aujourd’hui, il a décidé de prendre un autre chemin. Je respecte sa décision. C’était un évènement qui était plate pour tout le monde, autant pour lui que pour nous », a-t-il dit.

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    Nombre total de députés conservateurs au Québec à la suite de la décision d’Alain Rayes de claquer la porte du parti cette semaine
    Source : CHAMBRE DES COMMUNES