Les dix plus grandes villes du Québec s’engagent à mettre en place au cours de la prochaine année toutes sortes de projets de logement social et abordable, à la suite de leur participation au Sommet de l’habitation, vendredi à Laval.

Alors que la crise du logement frappe partout dans la province, les maires ont voulu présenter des solutions concrètes pour tenter d’améliorer la situation.

Par exemple, la Ville de Terrebonne s’engage à réaliser un projet de logement abordable dans un secteur en revitalisation en mettant en valeur le patrimoine industriel du Vieux-Terrebonne.

La Ville de Laval, de son côté, s’engage à travailler sur la mise en place d’une taxe sur la spéculation foncière afin de financer des initiatives en habitation, comme le maire Stéphane Boyer l’avait évoqué plus tôt dans la journée.

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Pour la Ville de Trois-Rivières, l’engagement concerne un projet de milieu de vie communautaire pour les étudiantes et les étudiants autochtones et leurs familles.

À Montréal, on évoque le projet sans but lucratif de plus de 200 logements abordables sur le site du futur écoquartier Namur-Hippodrome, un projet déjà annoncé lundi.

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« En organisant ce sommet, c’était notre objectif de réfléchir, mais aussi de passer à l’action, et c’est ce que nous avons fait », a affirmé la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, cohôte de l’évènement.

Un besoin criant

Selon un sondage commandé dans le cadre du sommet, 85 % des Québécois estiment que l’accès au logement abordable est un problème important, et 44 % ont dû changer leurs habitudes de consommation pour faire face aux coûts du loyer ou aux paiements hypothécaires.

Le sommet, qui a réuni 400 personnes, a permis à plusieurs experts en habitation, en plus d’élus et d’administrateurs municipaux, d’échanger sur différentes solutions possibles pour augmenter l’offre de logements, densifier les secteurs urbains et construire plus.

On a discuté aujourd’hui de l’importance d’avoir des programmes qui sont flexibles, rapides d’application et qui respectent la réalité des différentes régions du Québec.

Stéphane Boyer, maire de Laval, cohôte du Sommet de l’habitation

Les villes demandent aussi davantage de financement de la part du gouvernement provincial, et des changements réglementaires qui leur permettraient de mettre en place de nouvelles approches fiscales pour favoriser le logement social et le financer.

Des demandes entendues par Québec

La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, qui a prononcé une allocution à l’ouverture de l’évènement, s’est montrée ouverte aux demandes des villes.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales

« J’ai vu vos demandes en prévision des élections. Vous voulez plus de pouvoirs, vous voulez plus de responsabilités, vous êtes sur la bonne voie, » a dit Mme Laforest, qui a évoqué le fait, à la veille du déclenchement des élections, qu’elle pourrait rester « ministre des Affaires municipales pour peut-être longtemps encore ».

Les solutions discutées ici, je veux les entendre.

Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales

Malgré les solutions qui peuvent être mises de l’avant par les municipalités, notamment dans leur réglementation, « le nerf de la guerre, c’est que le gouvernement du Québec investisse plus en logement social, parce que c’est sa responsabilité ultimement », a lancé la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en participant à une table ronde dans le cadre de l’évènement.

« Le logement social, ce n’est pas une dépense, c’est un investissement », a-t-elle ajouté.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil, cohôte du Sommet de l’habitation 2022

« C’est clair que les engagements actuels ne sont pas à la hauteur des attentes », a soutenu la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier.

Valérie Plante a même fait un lien entre la vague de violence par armes à feu qui sévit dans la métropole et la crise du logement, soulignant le fait que procurer un toit décent à tous peut être considéré comme un outil de prévention.

« Il faut agir sur tous les paliers, a-t-elle insisté. La prévention, ça passe aussi par avoir un toit au-dessus de sa tête et avoir un milieu de vie intéressant. C’est un droit fondamental de pouvoir se loger à un prix décent. »