(Québec) Le Parti conservateur du Québec (PCQ) a déposé une plainte auprès de la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale contre François Legault, dont la page Facebook, qui fait également la promotion de contenu partisan, a bénéficié d’un coup de pouce de 100 000 $ de publicités payées par les fonds publics depuis 2019.

À la suite d’une recherche dans le registre public des publicités de Facebook, le PCQ en arrive à la conclusion que la page de M. Legault a fait « l’objet d’un total de 101 854 $ en publicités qui ont été payées par le ministère du Conseil exécutif pour la période du 25 juin 2019 jusqu’à aujourd’hui ». Pour cette même période, seulement 7191 $ ont été payés par la Coalition avenir Québec.

« Le premier ministre utilise maintenant cette page et le capital d’abonnés qu’il s’est bâti à l’aide des fonds publics pour faire campagne et autorise également des publications et des publicités partisanes sur sa page. Ce montant de 101 854 $ payé par le ministère du Conseil exécutif constitue donc, selon nous, un usage inapproprié de fonds publics à des fins partisanes », déplore la formation politique d’Éric Duhaime dans une missive envoyée à la commissaire à l’éthique Ariane Mignolet.

Rembourser ou s’amender

En entrevue avec La Presse, Jacinthe-Eve Arel, candidate pour le PCQ dans la circonscription de Portneuf, soutient que la Coalition avenir Québec doit faire un choix : rembourser immédiatement la somme de 101 854 $ de fonds publics, ou cesser de promouvoir du contenu partisan sur cette page.

La page de M. Legault compte 663 000 abonnés. Dans une entrevue récente, le professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal Jean-Hugues Roy soulignait qu’une étude qu’il a menée sur du contenu publié en 2020 dans quatre pays francophones démontrait que M. Legault a l’une des pages Facebook les plus achalandées, notamment en raison de la diffusion de points de presse de la Santé publique durant une bonne partie de la pandémie.

Pour le Parti conservateur, c’est là que le bât blesse. « Ça porte énormément à confusion », déplore Mme Arel. Des gens se sont abonnés à la page Facebook de M. Legault pour s’informer sur la pandémie, et c’est maintenant « son parti politique qui bénéficie de cette popularité ».

Pas le cas à Ottawa

Dans sa plainte, le PCQ note qu’au palier fédéral, cette pratique est interdite. La page Facebook de Justin Trudeau, par exemple, est clairement identifiée au nom du Parti libéral du Canada, et les publicités y sont payées par le parti politique.

Mme Arel est une caquiste déçue. Elle a été candidate pour le parti de M. Legault en 2018, et a travaillé pour le cabinet du ministre Simon Jolin-Barrette. « C’est une démonstration flagrante d’un manque d’éthique, il faut le dénoncer », déplore-t-elle. « La CAQ était la première dans l’opposition à dénoncer tout manque d’éthique. C’est ce qui me déçoit le plus de la CAQ », a-t-elle ajouté.

Impact infime

Au cabinet du premier ministre, on réplique que « toutes les règles en vigueur ont été suivies ». « Les publicités gouvernementales ont eu un impact infime sur les communautés du premier ministre. D’ailleurs, aucune publicité gouvernementale n’a été effectuée sur Twitter, Instagram et TikTok », affirme Nadia Talbot, attachée de presse au cabinet du premier ministre. « Toutes les publications d’ordre partisan sont publicisées, le cas échéant, avec des sommes provenant de la Coalition Avenir Québec, et non pas du gouvernement », ajoute-t-elle.

Elle affirme qu’« aucune somme provenant du [ministère du Conseil exécutif] n’a servi à payer de la publicité partisane ». Elle souligne également que le groupe de 41 administrateurs de la page Facebook de M. Legault est composé « majoritairement des employés de la CAQ », bien qu’il s’y trouve également « quelques employés du cabinet ».