La pénurie de logements étudiants appelle des actions immédiates, ont martelé mardi les partis de l’opposition à l’Assemblée nationale, à deux semaines du déclenchement des élections générales. Québec demeure de son côté prudent, mais estime avoir fait le nécessaire.

« Il manque de logements sociaux et abordables partout au Québec et les étudiants n’y échappent pas. Contrairement à François Legault, au PLQ, nous reconnaissons la crise et voulons agir pour la résorber », a fustigé la cheffe libérale Dominique Anglade, par la voix de son cabinet.

Elle réagissait au reportage de La Presse qui rapportait mardi que le manque de logement étudiant est à un point critique un peu partout au Québec. Son parti propose de « moderniser le programme AccèsLogis pour y inclure un volet qui sera spécifique au développement de logements étudiants ».

« La CAQ n’a rien fait depuis quatre ans pour s’attaquer à la crise du logement, et aujourd’hui on voit les effets collatéraux de ce laxisme partout au Québec. C’est révoltant que des étudiants et des étudiantes voient leur projet d’études mis en péril parce qu’il n’y a pas de logements disponibles dans nos villes », a quant à lui tonné le porte-parole de Québec solidaire en matière de logement, Andrés Fontecilla.

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Andrés Fontecilla, porte-parole de Québec solidaire en matière de logement

Il affirme que le Québec « n’en serait pas là » si le gouvernement avait écouté la population. « On a besoin d’un gouvernement ambitieux pour régler la crise du logement », martèle-t-il, en rappelant que son parti propose d’instaurer un contrôle des prix des loyers, « en construisant plus de logements sociaux et en serrant la vis à Airbnb, qui nous prive de centaines de logements » sur le marché locatif privé. En mai 2021, Québec solidaire avait proposé une aide supplémentaire de 100 $ par mois pour les étudiants qui n’habitent pas chez leurs parents.

Les péquistes, eux, ont réagi par la voix de la présidente du Comité national des jeunes (CNJPQ), Marie-Laurence Desgagnés, qui est aussi candidate dans la circonscription de Chambly aux prochaines élections. Elle dit vouloir « favoriser la construction de logement étudiant hors marché ». Le PQ propose aussi d’« exempter tout logement étudiant coopératif ou sans but lucratif de taxes foncières », afin de favoriser les projets comme ceux de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE).

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Marie-Laurence Desgagnés, candidate du Parti québécois dans la circonscription de Chambly

C’est inadmissible que des jeunes ne puissent pas accéder aux études supérieures à cause de la pénurie de logements. Ça touche tous les jeunes, et encore plus ceux hors des grands centres.

Marie-Laurence Desgagnés, candidate péquiste dans Chambly, dont le parti s’engage à bonifier le programme AccèsLogis pour construire du logement social étudiant dans toutes les villes où il y a un cégep ou une université

Un « défi » à considérer, dit Québec

Appelé à réagir, le cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, a indiqué être bien au fait de la « rareté de logements dans plusieurs régions du Québec ». Le gouvernement se penchera d’ailleurs sur la disponibilité de logements en région dans le cadre de son Plan d’action sur la mobilité étudiante 2022-2027.

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Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur

Mme McCann assure avoir mis en place plusieurs « mesures spécifiques pour le financement de nouvelles constructions, le réaménagement et la rénovation des résidences étudiantes pour les cégeps de région ». Au total, 58,9 millions ont été réservés à cette fin dans les deux derniers Plans québécois des infrastructures, « en plus d’un montant de 11 millions donné annuellement pour le fonctionnement et le maintien des actifs des propriétés ayant une vocation de résidence du réseau collégial », affirme le cabinet de la ministre.

« Afin de soutenir les étudiants pour payer leur logement, nous avons bonifié l’aide financière aux études : de 96 $ par mois pour les étudiants qui résident chez leurs parents et de 205 $ par mois pour ceux qui n’y résident pas », insiste encore son attachée de presse, Valérie Chamula, en remerciant le réseau collégial et le réseau universitaire « pour l’accompagnement qu’ils font auprès des étudiants pour faire face à ce défi ».

Le ministère de l’Enseignement supérieur, lui, se dit « au fait de la situation de pénurie de logements » qui affecte particulièrement « les étudiants internationaux ». « Nos équipes sont en train de se pencher sur cette réalité afin de l’analyser davantage », a indiqué la porte-parole Esther Chouinard.