(Québec) « Révoltante ». « Insensée ». « Très choquante ». L’histoire d’Océane*, une femme qui a été violée et dont l’agresseur se bat maintenant devant les tribunaux pour que son nom soit inscrit au certificat de naissance de l’enfant né après le crime, provoque de la colère et de la consternation à Québec.

« Ça m’a comme jeté un poignard dans le cœur », a affirmé la députée libérale Marwah Rizqy.

« Il faut que notre droit bouge. J’ose espérer que ça va provoquer un changement rapide », a ajouté la péquiste Véronique Hivon.

« Clairement, le prochain gouvernement devra se pencher sur cet enjeu pour mieux protéger les victimes de violences sexuelles », a estimé Québec solidaire, alors que les parlementaires ont conclu la dernière session en adoptant la première partie d’une réforme du droit de la famille portant justement sur les enjeux de filiation.

Dans une chronique coup de poing publiée lundi dans La Presse, la journaliste Isabelle Hachey racontait l’histoire d’Océane, poursuivie en justice par l’homme qui l’a violée pour qu’elle fasse subir un test d’ADN à l’enfant né après le crime. Le test ayant conclu à un lien de filiation, le délinquant sexuel demande que son nom de famille soit donné à l’enfant.

Lisez la chronique d’Isabelle Hachey

« C’est une situation qui est effectivement très choquante », a réagi le cabinet du ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette.

Nous compatissons avec la personne victime pour qui cela a dû être très difficile et nous saluons son courage. Nous avons demandé aux équipes du ministère de la Justice d’évaluer la possibilité de procéder à des changements législatifs.

Le cabinet du ministre Simon Jolin-Barrette

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice du Québec

« Garder un peu de contrôle »

Pour Marwah Rizqy, le prochain gouvernement doit rapidement corriger le tir lors de la prochaine législature, cet automne. Si le Parti libéral prend le pouvoir au terme de la campagne électorale, il déposera un court projet de loi qui garantirait le droit à un enfant né d’une agression sexuelle de connaître ses origines. Le violeur, lui, perdrait tous les droits en ce sens.

Il faut savoir que le violeur, fort probablement, il veut juste garder un peu de contrôle sur sa victime. C’est important qu’il n’en soit pas capable.

Marwah Rizqy, députée libérale de Saint-Laurent

« Au Québec, on se démène depuis des années pour reconnaître les droits des victimes de violence sexuelle et pour mieux les accompagner dans le processus [judiciaire], pour faire en sorte qu’elles ne soient pas revictimisées. On voit qu’il y a une incohérence et un angle mort dans le droit de la famille », affirme à son tour Véronique Hivon du Parti québécois.

« Ça dépasse l’entendement quand on constate que de telles situations sont permises par notre droit », poursuit-elle.

* La Presse a modifié les prénoms des personnes impliquées puisqu’il est interdit d’identifier les parties à une instance civile en matière familiale et afin de protéger l’identité de la victime et de l’enfant.