Si l’essentiel des mesures sanitaires ont été levées dans la province, la pandémie force néanmoins Élections Québec à se « préparer à toute éventualité ».

(Québec) Avec la possibilité d’une huitième vague cet automne, Élections Québec a fait imprimer 150 000 trousses pour permettre aux Québécois atteints de la COVID-19 de voter à distance. Les élections du 3 octobre seront d’ailleurs les plus chères « à ce jour », avec un coût estimé à 115 millions, dont 7 millions liés aux mesures sanitaires.

Élections Québec se prépare à vivre de premières élections générales sous le signe de la pandémie. « On va se préparer à toute éventualité », affirme en entrevue le directeur général des élections (DGE), Pierre Reid.

À commencer par s’assurer que les électeurs infectés par le coronavirus ou en isolement puissent exercer leur droit de vote. De façon exceptionnelle cette année, une personne déclarée positive au virus pourra désigner un proche pour se procurer une trousse de vote par correspondance à sa place.

Dans les faits, la procédure sera similaire à celle d’un vote par correspondance, mais il ne sera pas nécessaire de retourner la trousse par la poste pour éviter les délais. Le proche désigné pourra ainsi rapporter la trousse en personne directement au bureau du directeur de scrutin ou au bureau de vote de l’électeur jusqu’au 3 octobre, à 20 h.

Ainsi, un électeur déclaré positif à la COVID-19 le matin même du scrutin pourra voter. Ce qui n’était pas le cas lors des élections fédérales de septembre dernier. Élections Canada avait, comme au Québec, élargi l’accès au vote par correspondance, mais il y avait une date limite d’inscription. Il n’y avait pas de possibilité de voter pour les électeurs non inscrits qui contractaient la COVID-19.

Au Québec, il sera possible de s’inscrire en ligne au vote par la poste sur le site d’Élections Québec jusqu’au 25 septembre. Après cette date, il faudra communiquer directement avec le directeur du scrutin de la circonscription pour s’inscrire et désigner un proche pour récupérer le matériel. « Il va y avoir une campagne d’information à ce sujet », a rassuré M. Reid.

Habituellement, le vote à distance n’est offert que pour les Québécois à l’étranger, les personnes en détention et exceptionnellement dans des régions éloignées. En plus de ceux atteints de la COVID-19, les électeurs immunodéprimés ou à risque de développer des complications liées au virus seront admissibles au vote par correspondance cette année.

Élections Québec a pu élargir ses règles en vertu du projet de loi 29, qui a modifié la Loi électorale pour « favoriser l’exercice du droit de vote […] dans le contexte de la transmission de la COVID-19 ».

Lors des élections en Ontario, en juin dernier, un bulletin de vote était plutôt distribué aux personnes atteintes de la COVID-19 ou à celles qui souffraient de symptômes à l’extérieur du bureau de vote par un membre du personnel électoral.

« Éviter » le cas Terre-Neuve

Pierre Reid assure avoir clarifié avec les autorités les limites de ses pouvoirs en cas de situation exceptionnelle liée à la COVID-19 pour « éviter une situation comme à Terre-Neuve ». Aux élections de 2021, le DGE de l’endroit avait reporté partiellement le scrutin dans 18 des 40 circonscriptions en raison d’une flambée des cas. Puis, à moins de 12 heures de l’ouverture des bureaux de vote, le DGE avait finalement annoncé que le vote se ferait exclusivement par la poste.

Les élections se sont soldées par un faible taux de participation sans précédent. « Il y a eu comme un imbroglio » dans les rôles du DGE et du médecin hygiéniste en chef, rapporte M. Reid.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Pierre Reid, directeur général des élections du Québec

J’ai voulu être bien clair [avec les autorités sanitaires et gouvernementales] de mon côté parce que la loi [électorale], elle, me donne un pouvoir d’adaptation des mesures qu’elle contient, mais même pour élargir par exemple le vote postal, ça peut être difficile pour moi parce que la loi ne le prévoit pas pour tous.

Pierre Reid, directeur général des élections du Québec

Il pourrait, par exemple, ordonner un vote à distance en cas d’éclosion dans un CHSLD ou dans un endroit très localisé seulement. Selon la Loi électorale, le DGE peut par ailleurs reporter les élections au lundi suivant « lorsqu’un sinistre majeur ou une autre situation grave et imprévisible survient », ce qui pourrait inclure la COVID-19.

« On ne peut pas l’ignorer, mais on ne l’envisage pas comme une probabilité », nuance-t-il. La Santé publique devrait également formuler des recommandations au DGE selon la situation épidémiologique au moment du déclenchement des élections.

Des coûts à la hausse

Les élections provinciales de cet automne seront les plus coûteuses « à ce jour », notamment en raison de la hausse des dépenses dues au « contexte sanitaire », qui représentent 7 millions (personnel additionnel, achat de plexiglas et impression de trousses de vote par correspondance).

Le coût estimé des élections a été fixé à 115 millions ; c’est 21,5 millions de plus qu’en 2018. Habituellement, la hausse se situe « entre 5 et 6 millions » entre chaque cycle électoral, affirme M. Reid. Cette année, une hausse estimée à 14,6 millions est aussi attribuable à l’augmentation des « dépenses régulières » comme la rémunération du personnel, l’achat du matériel électoral et les baux de location.

50 000 personnes à recruter

La pénurie de main-d’œuvre n’inquiète pas outre mesure le directeur général des élections, Pierre Reid, à l’aube de sa campagne de recrutement massive. Au cours de la période électorale, les 125 directeurs de scrutin devront recruter 50 000 employés. En raison de la demande ponctuelle dans le temps, M. Reid ne croit pas qu’il sera difficile de trouver des candidats. Par ailleurs, en vertu d’une modification à la Loi électorale, il sera possible pour la première fois d’embaucher des adolescents de 16 et 17 ans, ce qui élargira le bassin de travailleurs potentiels.