Ottawa et les provinces se sont entendus sur le renouvellement d’un plan stratégique quinquennal en agriculture, bonifié et repensé à plusieurs égards pour tenir compte de l’impact des changements climatiques.

À l’issue d’une rencontre fédérale-provinciale à Saskatoon, en Saskatchewan, vendredi, la ministre fédérale, Marie-Claude Bibeau, et ses homologues provinciaux et territoriaux ont dévoilé les grandes lignes du nouveau Partenariat canadien pour une agriculture durable.

Une somme d’un demi-milliard a été ajoutée au Partenariat, ce qui le porte à 3,5 milliards pour les cinq années de 2023 à 2028. Fait à noter, le premier milliard est entièrement assumé par le fédéral alors que le reste est à coût partagé selon des proportions de 60 % pour le fédéral et 40 % pour les provinces et territoires.

Parmi les sommes ajoutées, on retrouve une enveloppe de 250 millions destinée au nouveau Programme des paysages agricoles résilients, « un programme qui reconnaît les biens et services écologiques fournis par le secteur agricole », a expliqué Mme Bibeau. Ce programme, comme d’autres inclus dans le Partenariat, « va jouer un rôle dans la reconnaissance des pratiques environnementales des producteurs et productrices et permettra d’atteindre une réduction de trois à cinq mégatonnes des émissions de gaz à effet de serre (GES) » du secteur agricole, a-t-elle ajouté.

Bonification attendue d’Agri-stabilité

Les producteurs agricoles, qui sont affectés de plus en plus souvent par les épisodes de météo extrême causés par les changements climatiques, vont certainement se réjouir par ailleurs de la réponse favorable à une demande de longue date : la ministre Bibeau a en effet annoncé une augmentation du taux d’indemnisation d’Agri-stabilité, qui passe de 70 % à 80 % dès 2023.

« Ce changement important représente jusqu’à 72 millions par année et aura des impacts significatifs auprès des producteurs et des productrices qui subissent des pertes importantes », a fait valoir Mme Bibeau. Le programme Agri-stabilité est un programme fédéral à part du nouveau Partenariat conclu vendredi.

La gestion de risque étant désormais une des composantes majeures d’une stratégie agricole, les ministres se sont engagés à mener une consultation pour améliorer l’ensemble des programmes consacrés à cette question.

« Afin d’encourager les bonnes pratiques agricoles qui rendent nos fermes plus résilientes face aux changements climatiques, nous allons procéder à une revue des programmes de gestion de risque et chaque province s’engage à mettre en place un programme pilote dans l’année qui suivra la revue », a expliqué la ministre.

Les producteurs importants devront aussi faire leur part, a-t-elle dit. « Les producteurs ayant des revenus nets admissibles de plus de 1 million au programme Agri-investissement devront produire une analyse de risque ou un plan de gestion environnemental d’ici 2025. »

Litigieux engrais

Plusieurs autres sujets ont été abordés durant cette conférence, notamment la prévention de la peste porcine africaine et de la grippe aviaire, la sécurité alimentaire mondiale, les barrières interprovinciales, l’accès aux marchés, la fragilité des chaînes d’approvisionnement et les difficultés de recrutement, entre autres.

Un sujet risque de demeurer contentieux, soit les émissions de GES liées à l’utilisation des engrais. Les ministres provinciaux maintiennent qu’il est essentiel que les efforts de réduction des émissions liées aux engrais « ne nuisent pas aux capacités du Canada de contribuer à la sécurité alimentaire au Canada et dans le monde, ni maintenant ni dans l’avenir ». En d’autres termes, il est clair que l’on est pour la vertu en réduisant les émissions, mais pas au prix des rendements, du moins aussi longtemps que les autres pays n’en feront pas autant.

Par contre, ils ont aussi soulevé l’importance de protéger les populations d’abeilles domestiques et indigènes et d’œuvrer aux côtés d’experts dans le domaine pour voir à cette protection.

Le Québec « très satisfait »

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Le ministre québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne

À l’issue de la conférence, le ministre québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, s’est dit « très satisfait de la rencontre avec mes collègues du gouvernement fédéral et des autres provinces ».

Il a salué l’augmentation d’un demi-milliard de l’enveloppe du cadre stratégique. M. Lamontagne estime que les efforts fédéraux viendront s’arrimer avec ceux du Québec en matière d’agriculture durable. Comme c’est souvent le cas pour le Québec en matière de relations fédérales-provinciales, il assure que « le Québec utilisera ses propres cibles et mécanismes de reddition de comptes pour contribuer aux résultats collectifs » du plan canadien.

Il applaudit la bonification du programme Agri-stabilité, qui représente une augmentation des fonds fédéraux de près de 4 millions pour le Québec.