Une conférence de presse du ministre de l’Environnement Steven Guilbeault à Montréal a été interrompue jeudi matin par un manifestant. L’homme l’a accusé d’être un « criminel climatique » en raison de l’aval qu’il a donné ce printemps au projet pétrolier de Baie du Nord à Terre-Neuve, de la compagnie norvégienne Equinor.

Alors que l’homme criait en anglais, M. Guilbeault lui a dit à un moment donné : « Je suis d’accord avec vous. »

Lors de la période de questions en toute fin de conférence de presse, La Presse lui a demandé avec quoi il était d’accord, dans la mesure où son gouvernement et lui-même ont autorisé le projet.

M. Guilbeault a répondu que ce avec quoi il était d’accord, c’est sur la nécessité « d’en faire plus. Je suis venu en politique exactement pour ça, pour en faire plus ».

À propos de l’intervention impromptue du militant, M. Guilbeaut a dit que c’est « la beauté de vivre en démocratie », ajoutant qu’il avait déjà, « dans une autre vie, crashé quelques conférences de presse. Alors, je peux comprendre ».

Mais vous avez de fait dit oui au projet pétrolier de Baie du Nord ? À cela, M. Guilbeault a répondu qu’il a effectivement « accepté les recommandations favorables de l’Agence de l’environnementale du Canada », qui a été mise en place « pour dépolitiser le système ».

« Si on crée une organisation, si on lui donne le mandat de faire ça, on ne peut pas ensuite dire on n’aime pas vos recommandations [même si] vous êtes des experts et que vous avez travaillé là-dessus pendant quatre ans ».

« Et sur le coin de table, je vais décider que je ne suis pas d’accord ? »

Il a cependant ajouté que l’entreprise a l’obligation d’être carboneutre en 2050 et que chaque année d’ici là, un examen sera fait pour savoir si elle progresse vers l’atteinte de cet objectif.

Le projet Baie du Nord comprend 60 puits d’extraction au large de Terre-Neuve. Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeaut, a tranché après avoir reporté cette décision à deux reprises.

En désaccord avec la décision d’Ottawa, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a dit tout son mécontentement au printemps.

Terre-Neuve-et-Labrador, la province la plus endettée du pays, recevra 3,5 milliards de dollars en redevances avec ce projet.

En conférence de presse jeudi, M. Guilbeault a souligné qu’au même moment où le projet de Baie du Nord était accepté, il a refusé « l’expansion d’une mine de sables bitumineux en Alberta qui aurait émis 10 fois plus de gaz à effet de serre à quantité égale ».

« C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’un ministre de l’Environnement dit non à une mine de sables bitumineux. »

La conférence de presse était sur le thème de la variole simienne. Le ministre de l’Environnement y remplaçait son collègue à la santé, Jean-Yves Duclos.