(Ottawa) Sitôt déposé, sitôt rejeté. L’amendement du Bloc québécois au projet de loi C-14 sur la représentation électorale pour protéger le poids politique du Québec a été jugé irrecevable. Une tentative pour infirmer cette décision a été rejetée en comité par les députés des autres partis.

L’amendement avait été soumis par le député Alain Therrien lors de l’étude article par article du projet de loi en comité parlementaire pour assurer que le nombre d’élus du Québec ne soit pas inférieur à 25 % du nombre total de sièges aux Communes.

Celui-ci a livré un vibrant plaidoyer pour tenter de convaincre ses collègues des autres partis, en vain. « La nation québécoise, c’est précieux et c’est fragile, a-t-il soutenu », citant au passage la chanson Mon plus beau voyage de Claude Gauthier. « Chaque jour on se lève et c’est un combat pour protéger notre langue, pour protéger notre culture, pour faire en sorte que le seul État qui est francophone en Amérique du Nord puisse vivre, survivre et faire en sorte que mes enfants, mes petits-enfants et mes petits petits-enfants ne me disent jamais “Do you remember when we were French”. »

La présidente du comité, Bardish Chagger, une députée libérale a jugé que son amendement était irrecevable. « La présidence est d’avis que dans le cadre du projet de loi C-14, l’attribution à la province du Québec de 25 % des sièges à la Chambre des communes pourrait nécessiter la réduction du nombre de sièges pour une ou plusieurs provinces, ce qui est contraire au principe du projet de loi », a-t-elle dit en français.

Le député conservateur Brad Vis, de la Colombie-Britannique, a déposé un amendement, à son tour, pour réclamer de nouveaux sièges pour les provinces qui sont sous-représentées à la Chambre des communes. Sa province compte 42 élus.

L’amendement n’aurait pas comme conséquence de soustraire des sièges à des provinces, mais plutôt d’en ajouter aux provinces sous-représentées, comme la Colombie-Britannique, l’Alberta et l’Ontario.

Il s’agit d’un deuxième revers pour le Bloc québécois. Il avait fait une première tentative avec le projet de loi C-246 qui a été défait la veille en deuxième lecture mercredi. Le projet de loi était identique à l’amendement. Les libéraux et les conservateurs ont voté contre. Seuls les néo-démocrates et le député indépendant ontarien Kevin Vuong ont appuyé les bloquistes.

La Chambre des communes avait pourtant adopté une motion du Bloc québécois en mars pour conserver le poids politique du Québec. En tout, 261 députés sur les 324 présents pour le vote s’étaient prononcés en faveur. Presque tous les libéraux et la moitié des conservateurs l’avaient appuyée, en plus des néo-démocrates.

La motion qui avait été déposée par le chef bloquiste Yves-François Blanchet voulait que « tout scénario de redécoupage de la carte électorale fédérale qui aurait pour effet de faire perdre une ou des circonscriptions au Québec ou de diminuer le poids politique du Québec à la Chambre des communes » soit rejeté.

Le projet de loi C-14 ferait en sorte que le nombre de députés d’une province ne peut être inférieur au nombre de députés attribués lors de la 43législature. La Chambre des communes compte 338 sièges, dont 78 pour le Québec. Si le nombre total de députés augmente et que le nombre d’élus québécois demeure le même, le Québec perdrait une partie de son poids politique à Ottawa. Le Bloc québécois veut que la proportionnalité des députés québécois soit respectée.